Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
3.1. L’encadrement de la pêche en Europe par la mise en place de la
Politique Commune de la Pêche (PCP)
3.1.1. La construction de la PCP
Dès 1957, le traité de Rome avait prévu que les règles du marché commun s’appliquent aux
produits de la pêche au même titre qu’aux produits agricoles. Mais c’est à partir des années 70
et la création de la Direction Générale de la Pêche que se mit en place une vraie politique des
pêches. La PCP repose sur 4 axes structurels :
- en aval, l’organisation commune du marché (sur le modèle préexistant pour
l’agriculture) ;
- les fonds structurels devant permettre une modernisation et un développement des
moyens de production ;
- en amont, la mise en œuvre du principe communautaire du libre accès pour les
flottes des Etats membres ;
- la politique extérieure : participation aux organisations régionales de pêche, et
accords avec les pays tiers.
Historiquement, la PCP a été mise en place dans un souci d’organisation du marché commun.
Par la suite, la diminution des ressources halieutiques (et la prise de conscience de la limite
biologique des ressources exploitées) est à l’origine du régime communautaire de
conservation et de gestion de la ressource qui apparaît en 1983, sous le nom de l’Europe
bleue.
Suite à une période de subvention pour l’aide à la modernisation des moyens de production, la
Commission, via ses Programmes d’Orientation Pluriannuels (POP), a donc fixé pour chaque
Etat membre et pour chaque type de métier, des objectifs de réduction des flottes devant être
atteints en contrepartie d’aides à la cessation d’activité ou à la reconversion. Les bateaux
subventionnés lors de leur construction, sont alors subventionnés pour être envoyé à la casse.
L’histoire est donc absurde puisque l’Europe a payé pour des évolutions contraires. Elle a
d’abord financé l’augmentation des capacités de production avant de payer pour leur
diminution (par la casse des navires).
L’histoire de l’élaboration de la PCP est ainsi marquée par la double influence du marché et
de l’environnement. Alors que cette politique est née du souci d’une organisation commune
du marché, elle s’est par la suite construite autour de la problématique environnementale de la
gestion de la ressource. La PCP a été construite sur une logique contradictoire :
l’approvisionnement d’un marché croissant entraînant l’augmentation des capacités des
pêches tendant à épuiser des ressources par nature limitées.
La PCP a, dès ses débuts, considéré la pêche comme une activité purement productive,
une capacité de pêche mettant des produits à disposition sur un marché. « Ce modèle
productiviste a promu comme modèle unique une pêche de type industriel déterritorialisée,
pouvant opérer loin du port d’attache. Il est principalement tourné vers la maximisation des
quantités pêchées – la qualité se limitant à la fraîcheur – et donc vers la recherche de la plus
grande productivité. Il mobilise toutes les innovations techniques à cet effet (sonar, GPS,
informatique, etc.) » (CENTI et TEMPIER, 2001).
WWF France, Programme « Pêche Durable 28