Pour une pêche durable

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)
2.4. Une solution : la co-gestion des pêcheries
La prise en compte, dans le même temps, de la nature bio-économique et de la dimension
sociale de la gestion des pêches amène à concevoir, de façon théorique, la solution de
pêcheries fermées (dont l’accès est limité), placées sous une contrainte de durabilité, et
fonctionnant en co-gestion : c’est à dire gérées en concertation entre les différents acteurs
locaux et les administrations. L’objectif de la co-gestion est de ré-organiser la filière afin de
valoriser au mieux les ressources halieutiques disponibles.
La co-gestion permet d’impliquer directement, et formellement, les utilisateurs de la
ressource (pêche professionnelle ou récréative) dans la gestion et le processus de décision
(JENTOFT, 2000).
Les initiatives de co-gestion sont, soit issues de la tradition (cas du Japon et des prud’homies),
soit découlent d’une situation de crise (déclin de la ressource exploitée). Assez logiquement,
cette situation va forcer les acteurs intéressés à trouver une solution.
Une analyse de différentes pêcheries co-gérées (voir quelques exemples en annexe 4) permet
de relever différents points essentiels à la démarche de co-gestion (PINKERTON, 1989 ;
ORSTOM, 1992 ; REY et CATANZANO (sous presse)).
2.4.1. Les conditions de la réussite de la co-gestion
Existence d’une organisation aux limites géographiques clairement définies :
le bon choix de l’échelle de gestion
Il existe souvent un « terreau » favorable à la co-gestion : une histoire, des traditions, des
habitudes. C’est évidemment le cas pour les pêcheries communautaires (exemples du Japon et
des prud’homies) organisées et encadrées par des valeurs et des principes historiques,
sociologiques ou même religieux.
On considère d’un côté des écosystèmes, de l’autre, des systèmes humains. La pertinence de
l’unité de co-gestion dépend donc du niveau de recouvrement de ces 2 échelles. Elle doit
avoir une pertinence d’un point de vue écologique. Les efforts consentis par les usagers de la
zone doivent offrir des gains dans cet espace (sans être compromis par les pratiques des
usagers des espaces alentours). D’autre part, l’unité doit présenter une certaine commodité
opérationnelle. Ainsi, elle doit correspondre, autant que possible, à des unités socioéconomiques
(pêcheries) et administratives. C’est souvent un problème crucial puisque les
limites administratives terrestres n’ont pas de pertinence en milieu marin. Le choix de
l’échelle de gestion est la principale difficulté de la démarche. Les exemples connus à ce jour
ne concernent que des pêcheries côtières, très localisées et concernant des stocks sédentaires.
Initiative locale et adhésion claire
La co-gestion part nécessairement d’une initiative locale. Elle repose sur la volonté et la
maturité des usagers de la ressource, et des acteurs de la filière depuis l’amont jusqu’à l’aval.
Elle ne se décrète pas.
WWF France, Programme « Pêche Durable 25