27.06.2013 Views

Pour une pêche durable

Pour une pêche durable

Pour une pêche durable

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

Faisabilité des Unités d’Exploitation et de Gestion Concertées (UEGC)<br />

Progressivement, <strong>une</strong> collaboration entre professionnels, scientifiques et politiques allait<br />

permettre <strong>une</strong> adhésion volontaire et un renforcement de la législation. En 1995, la loi sur la<br />

co-gestion du homard du Maine était votée.<br />

Cette loi établit un cadre de travail grâce auquel le commissaire des ressources marines du<br />

Maine put créer sept zones de gestion. Ces zones sont gérées par un conseil d’élus<br />

professionnels. Cette loi donne également la compétence aux conseil de proposer des<br />

règlements sur trois points :<br />

- le nombre de casiers autorisés par <strong>pêche</strong>ur ;<br />

- le nombre de casiers autorisés par ligne ;<br />

- le moment de la journée où la <strong>pêche</strong> au homard est autorisée.<br />

Si <strong>une</strong> proposition reçoit plus des 2/3 des voix du conseil, ce dernier doit faire suivre cette<br />

proposition au commissaire. Si le commissaire juge cette proposition raisonnable, les<br />

réglementations proposées sont appliquées par l’état. Dans les premières années de la loi,<br />

beaucoup prédirent un échec rapide. Ainsi un ex-élu dit que cette loi était « conçue pour<br />

échouer. Vous ne pouvez pas demander aux <strong>pêche</strong>urs de homards de limiter leur propre effort<br />

de <strong>pêche</strong>. » Les conseils commencèrent leur travail en 1997 et l’expérience fut un succès<br />

puisque à l’été 1998, le nombre de casiers par <strong>pêche</strong>ur fut limité entre 600 et 800 selon les<br />

zones, alors qu’il dépassait 1200 casiers par <strong>pêche</strong>urs dans toutes les zones. Le problème fut<br />

que cette limite gênait plus les « gros bateaux », <strong>pêche</strong>urs à plein temps, que les « petits<br />

bateaux », souvent des <strong>pêche</strong>urs qui ne <strong>pêche</strong>nt le homard qu’<strong>une</strong> partie de l’année. De plus,<br />

le succès de la gestion, attira dans la <strong>pêche</strong>rie de nouveaux arrivants, issus d’autres <strong>pêche</strong>ries.<br />

Ainsi, sous la pression des « gros bateaux », <strong>une</strong> nouvelle loi passa qui limita l’accès aux<br />

zones de <strong>pêche</strong>. Un numerus clausus fut donc fixé pour chac<strong>une</strong> des zones de <strong>pêche</strong>. En<br />

conséquence, de nombreux conflits d’usage apparurent aux frontières des zones et certains<br />

<strong>pêche</strong>urs, arguant d’habitudes et de droits historiques, transgressèrent la nouvelle loi, en<br />

continuant à <strong>pêche</strong>r dans d’autres zones. Cette question n’est toujours pas réglée.<br />

En fait, chaque nouvelle loi fait apparaître de nouveaux problèmes mais cela fait normalement<br />

partie du processus d’évolution. Et le fait que les conseils aient réussi à résoudre toute <strong>une</strong><br />

série de problèmes ne doit pas occulter les difficultés rencontrées. Il est toujours dur de<br />

demander aux <strong>pêche</strong>urs de se contraindre d’eux-mêmes et chaque mesure demanda de longs<br />

mois de négociations, parfois vives. Acheson (2000) fait encore remarqué que tout le<br />

processus législatif qui conduit à l’adoption de la loi de co-gestion fut possible grâce au<br />

soutien particulier du commissaire de l’époque, chargé des ressources marines. A l’inverse,<br />

l’auteur pense probable qu’un « nouveau commissaire, avec de bonnes compétences<br />

bureaucratiques, pourrait tuer un tel programme ».<br />

« Le succès de l’effort de co-gestion dépendra aussi des activités des autres agences fédérales<br />

qui renforcent les lois de conservation votées depuis les années 70. Ces lois donnent au<br />

gouvernement fédéral un niveau élevé d’autorité pour la gestion des <strong>pêche</strong>ries. Leur vote<br />

signifie que les Etats-Unis prennent la direction exactement opposée de celle des structures<br />

institutionnelles de co-gestion. Pire que ça, le gouvernement fédéral a le pouvoir de se passer<br />

des conseils de la <strong>pêche</strong>rie de homard. Si tout ça arrive, il n’y a plus beaucoup de sens pour<br />

que les conseils passent des mois à négocier des lois, si le gouvernement doit de toute façon<br />

dicter ses lois » (ACHESON, 2000).<br />

WWF France, Programme « Pêche Durable », 160

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!