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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Écoute-moi ! Tu connais l’histoire de Rollon, le chef <strong>des</strong><br />

Normands, qui était si grand que lorsqu’il était à cheval, ses<br />

pieds traînaient par terre ?<br />

— Jamais entendu parler.<br />

— C’était un marcheur infatigable et un grand navigateur. Il<br />

venait de Norvège et semait la terreur. Il proclamait qu’il n’y<br />

avait de paradis que pour le guerrier mort en combattant. Ça ne<br />

te rappelle rien ? Tu peux broder à partir d’un personnage<br />

comme lui. C’est lui qui a fait la Normandie !<br />

Iris haussa les épaules et soupira.<br />

— J’irais pas loin. Je connais rien à cette époque.<br />

— Ou alors tu pourrais lui dire que le titre du roman Gone<br />

with the wind, tu sais, le livre de Margaret Mitchell, vient d’un<br />

poème de François Villon…<br />

— Ah bon ?<br />

— Autant en emporte le vent… c’est un vers tiré d’un sonnet<br />

de François Villon.<br />

Joséphine aurait fait n’importe quoi pour ramener un<br />

sourire sur le visage hostile et fermé de sa sœur. Elle aurait fait<br />

<strong>des</strong> galipettes, se serait renversé l’assiette de tarte aux pommes<br />

sur la tête afin qu’Iris retrouve son sourire, et que ses <strong>yeux</strong> se<br />

remplissent de bleu sans le noir encre qui les salissait. Elle se<br />

mit à réciter, en étendant la manche de son peignoir blanc à la<br />

façon d’un tribun romain haranguant la foule :<br />

Princes à mort sont <strong>des</strong>tinés<br />

Et tous autres qui sont vivants<br />

S’ils en sont chagrins ou courroucés<br />

Autant en emporte le vent.<br />

Iris sourit faiblement et la regarda avec curiosité.<br />

Joséphine était transfigurée. Il émanait d’elle une lumière<br />

douce qui l’auréolait d’un charme indéfinissable. Soudain elle<br />

était devenue une autre, savante et assurée, douce et confiante,<br />

si différente de la Joséphine qu’elle connaissait ! Iris la regarda<br />

avec envie. Une lueur rapide qui s’évanouit aussi vite qu’elle<br />

était venue mais que Jo eut le temps d’apercevoir.<br />

— Reviens sur terre, Jo. Ils s’en fichent pas mal de François<br />

Villon !<br />

Joséphine se tut et soupira :<br />

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