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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Il faut que tu ailles le déclarer à la mairie et il faut que je<br />

me repose, je suis un peu fatiguée…<br />

— Oh ! Pardon, Choupette… J’ai du mal à partir, tu sais, j’ai<br />

peur de pas le retrouver.<br />

— T’as téléphoné à la boîte pour leur dire ?<br />

— J’ai appelé Ginette et René, ils t’embrassent très fort. Ils<br />

ont sorti le champagne. Ils m’attendent pour boire ! Je<br />

reviendrai après. S’il y a quoi que ce soit, promets de m’appeler<br />

tout de suite, hein, Choupette ?<br />

Il fit <strong>des</strong> photos de son fils, tout beau, tout baigné, tout<br />

propre, qui reposait dans sa grenouillère blanche, et repartit en<br />

se cognant dans la porte.<br />

Josiane se laissa aller à sangloter de bonheur. Elle pleura,<br />

elle pleura longtemps puis se leva, prit son bébé dans ses bras et<br />

s’endormit, blottie contre lui.<br />

Ils étaient tous réunis sous les branches de la glycine,<br />

décorée de petits nœuds bleus pour l’occasion, Ginette avait<br />

improvisé un buffet lorsque le portable de Marcel sonna. Il<br />

décrocha et claironna :<br />

— Choupette ?<br />

Ce n’était pas Choupette. C’était Henriette. Elle était à la<br />

banque, elle venait de consulter ses comptes et de faire le point<br />

avec sa conseillère en placements.<br />

— Je ne comprends pas, nous avons deux comptes séparés<br />

maintenant ? Ce doit être une erreur…<br />

— Non, ma chère. Deux comptes séparés et nos vies se<br />

séparent aussi. J’ai eu un fils cette nuit. Un fils nommé Marcel…<br />

Presque quatre kilos, cinquante-cinq centimètres, un géant !<br />

Il y eut un long silence, puis Henriette, de la même voix<br />

coupante, dit qu’elle rappellerait, elle ne pouvait pas parler en<br />

face de madame Lelong.<br />

Marcel se frotta les mains et jubila. Rappelle, rappelle, ma<br />

belle, tu vas voir comme je vais te l’envelopper la nouvelle !<br />

René et Ginette le regardèrent en soupirant, enfin, enfin, il<br />

renversait le tyran.<br />

Comme tous les esprits petits et malveillants, Henriette<br />

Grobz avait l’habitude de ne pas sortir de ses idées toutes faites<br />

et ne recherchait jamais en elle la cause de ses malheurs. Elle<br />

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