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Les yeux jaunes des crocodiles

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haute classe. Il fallait que les entreprises françaises se<br />

spécialisent dans le luxe, la qualité et laissent aux Chinois le bas<br />

de gamme. Il fallait que chaque pays européen se spécialise<br />

dans son savoir-faire pour affronter la mondialisation. Cela<br />

nécessitait de l’argent : acheter de nouvelles machines, déposer<br />

<strong>des</strong> brevets, investir dans la recherche, dans la publicité.<br />

Comment faire entendre ça au client ? On comptait donc sur lui<br />

pour trouver les arguments. Il laissa tomber ses chaussures,<br />

agita les doigts de pied dans ses chaussettes. Des Labonal,<br />

remarqua-t-il. <strong>Les</strong> Anglais ont compris ça depuis longtemps. Ils<br />

n’ont plus d’industries lour<strong>des</strong>, ils n’ont plus que <strong>des</strong> services et<br />

leur pays marche du feu de Dieu. Il soupira. Il aimait son vieux<br />

pays, il aimait la France, mais il assistait, impuissant, au<br />

naufrage de ses plus belles entreprises, faute de mobilité,<br />

d’imagination, d’audace. Il faudrait changer les mentalités,<br />

expliquer, faire de la pédagogie mais aucun dirigeant ne voulait<br />

s’y risquer. Le risque d’être impopulaire un quart d’heure pour<br />

sauver de belles heures à venir. Le téléphone sonna. La ligne<br />

directe avec sa secrétaire.<br />

— Un certain mister Goodfellow. Il veut vous parler, il dit<br />

que c’est important… Il insiste.<br />

Philippe se redressa et fronça le front.<br />

— Je le prends. Passez-le-moi…<br />

Il entendit un déclic et la voix de Johnny Goodfellow, rapide,<br />

hachée, moitié en anglais, moitié en français.<br />

— Hello, Johnny ! How are you ?<br />

— Fine, fine. On est repérés, Philippe…<br />

— Comment ça : repérés ?<br />

— Je suis suivi, j’en suis sûr… On m’a mis un détective aux<br />

trousses.<br />

— Sûr ?<br />

— J’ai vérifié… L’homme est un détective privé. Je l’ai filé à<br />

mon tour. Pas très bon. Un amateur. J’ai son nom, l’adresse de<br />

son agence, une agence à Paris, reste plus qu’à l’identifier… On<br />

fait quoi ?<br />

— Wait and see ! dit Philippe. Just give me his name and the<br />

number where I can reach him and I’ll take care of him…<br />

— On continue ou on arrête ? demanda Johnny Goodfellow.<br />

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