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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Il faut que tu t’en ailles ! Que tu le menaces de t’en aller…<br />

Antoine la dévisagea, abasourdi.<br />

— Mais je fais quoi si je pars ?<br />

— Tu recommences ici ou ailleurs… tout petit… peu à peu…<br />

— Je peux pas ! Je me suis investi là-bas. Et je suis trop<br />

vieux.<br />

— Écoute-moi bien, Antoine : ces gens-là ne comprennent<br />

que les rapports de force. Si tu restes, si tu travailles sans être<br />

payé, comment veux-tu qu’il te respecte ? Alors que si tu le<br />

quittes en lui laissant les <strong>crocodiles</strong> sur les bras, il t’enverra un<br />

chèque illico ! Réfléchis… C’est évident. Il ne va pas prendre le<br />

risque de laisser mourir <strong>des</strong> milliers de <strong>crocodiles</strong>… C’est lui qui<br />

serait dans le pétrin !<br />

— Tu as peut-être raison…<br />

Il soupira comme si le bras de fer qu’il fallait engager avec<br />

monsieur Wei l’épuisait déjà, se reprit et répéta « tu as raison, je<br />

vais faire ça ». Joséphine se leva pour baisser le feu sous les<br />

oignons, sortit les morceaux de poulet qu’elle mit à rissoler dans<br />

la cocotte. L’odeur du poulet tira Antoine de sa rêverie.<br />

— C’est si simple quand je parle avec toi. Si simple… Tu as<br />

changé.<br />

Il tendit le bras et attrapa la main de Joséphine. Il l’étreignit<br />

et murmura « merci », plusieurs fois. Un coup de sonnette.<br />

C’étaient les filles.<br />

— Reprends-toi, maintenant ! Souris, sois gai… Il ne faut pas<br />

qu’elles sachent. Ce n’est pas leur problème. D’accord ?<br />

Il acquiesça en silence.<br />

— Je pourrai t’appeler si ça ne va pas ?<br />

Elle hésita un instant, mais, devant son air suppliant,<br />

accepta.<br />

— Et ne laisse pas Hortense accaparer la conversation, ce<br />

soir… Fais parler Zoé. Elle s’efface toujours devant sa sœur.<br />

Il lui sourit faiblement et hocha la tête.<br />

Quand ils furent sur le point de partir, Antoine demanda « tu<br />

viens dîner avec nous ? ». Joséphine secoua la tête et répondit<br />

« non, j’ai du travail, amusez-vous et ne rentrez pas trop tard, il<br />

y a école demain ! ».<br />

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