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Les yeux jaunes des crocodiles

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lui pétrir les seins et… Elle eut une grimace de dégoût et se<br />

reprit. Allez ! Ce temps était passé, elle y avait vite mis le holà.<br />

Elle re<strong>des</strong>cendit par l’escalier. Elle avait peur de prendre<br />

l’ascenseur toute seule. Il lui était arrivé une fois d’y rester<br />

coincée et elle avait cru mourir. Elle étouffait, happait l’air en<br />

battant de la tête, suffoquait, râlait. Il avait fallu qu’elle ôte son<br />

chapeau, dégrafe son chemisier, qu’elle défasse une à une les<br />

épingles de son chignon pour reprendre son souffle et c’est une<br />

vieille femme, affolée et agonisante, qu’avaient récupérée les<br />

pompiers appelés à la rescousse. L’épisode avait duré une bonne<br />

heure, mais elle n’oublierait jamais les regards interdits du<br />

personnel lorsqu’elle était sortie, titubante. Elle n’avait pas osé<br />

remettre les pieds dans l’entreprise pendant longtemps.<br />

Dans la cour, elle entendit une musique de sauvages<br />

provenant du logement de Ginette et René, et un homme, ivre<br />

probablement, passa la tête pour l’apostropher :<br />

— Hé, la vieille ! Tu viens twister avec nous ! Hé, les mecs !<br />

Venez voir, y a une vieille avec un bibi sur la tête qui s’enfuit !<br />

— Ta gueule, Régis ! gueula un homme qui semblait être<br />

René. C’est la mère Grobz.<br />

Elle haussa les épaules et accéléra le pas, serrant l’enveloppe<br />

diffamante sous son bras. Vous pouvez vous moquer, je vous<br />

tiens tous et vous ne vous en tirerez pas comme ça, pesta-t-elle<br />

en priant le ciel de trouver un taxi tout de suite afin de mettre<br />

son butin à l’abri dans le coffre de sa chambre.<br />

— C’est pour ça qu’on ne te voit plus nulle part ? Tu<br />

t’enfermes et tu écris ?<br />

Iris prit un air mystérieux et acquiesça. Elle se transporta en<br />

pensée dans la cuisine de Joséphine et décrivit les affres de la<br />

création à une Bérengère médusée par la métamorphose de son<br />

amie.<br />

— C’est épuisant, tu sais. Tu me verrais ! Je ne sors presque<br />

pas de mon bureau. Carmen m’apporte <strong>des</strong> plateaux-repas. Elle<br />

me force parce que j’oublie complètement de manger !<br />

— C’est vrai : tu as maigri…<br />

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