28.06.2013 Views

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— Parce que moi, ce qui m’intéresse, c’est de connaître les<br />

goûts <strong>des</strong> gens, et de les façonner. On peut vendre pas cher et<br />

vendre du beau !<br />

— Parce que c’est moche ce qu’on vend ici ? ne put<br />

s’empêcher de demander Josiane, irritée par la con<strong>des</strong>cendance<br />

de la gamine.<br />

— Oh mais non, Josiane… j’ai pas dit ça.<br />

— Non, mais tu l’as laissé entendre ! Va voir Chaval… Il te<br />

prendra sûrement mais dépêche-toi, il part à la fin du mois. Son<br />

bureau est à l’étage du <strong>des</strong>sus.<br />

Hortense la remercia en lui décochant un nouveau sourire<br />

tout aussi fabriqué qui laissa Josiane de glace. Ça va être<br />

intéressant le choc entre ces deux-là ! pensa-t-elle. Je me<br />

demande qui va manger l’autre.<br />

Elle regarda par la fenêtre pour voir si la voiture de Chaval<br />

était dans la cour. Elle y était. Garée comme un mercredi, en<br />

plein milieu ! <strong>Les</strong> autres n’avaient qu’à se débrouiller pour se<br />

trouver une place.<br />

Le voyant du téléphone s’alluma et elle décrocha. C’était<br />

Henriette Grobz qui cherchait son mari.<br />

— Il n’est pas encore arrivé, répondit Josiane. Il avait un<br />

rendez-vous aux Batignolles et devrait être là vers dix heures…<br />

En fait, il faisait son jogging comme tous les matins. Il<br />

arrivait trempé de sueur au bureau, prenait une douche chez<br />

René, avalait ses vitamines, se changeait et attaquait la journée<br />

avec l’énergie d’un jeune homme.<br />

Henriette Grobz grommela qu’il la rappelle dès qu’il serait<br />

arrivé. Josiane promit de lui faire la commission. Henriette<br />

raccrocha sans dire au revoir ni merci et Josiane eut un<br />

pincement au cœur. Elle aurait dû être habituée après toutes ces<br />

années mais elle ne s’y faisait pas. Il y a <strong>des</strong> petites humiliations<br />

qui vous marquent plus sûrement qu’une grande baffe dans la<br />

gueule et elle, elle me fait <strong>des</strong> pinçons depuis trop longtemps.<br />

Ah ! tout ça va changer bientôt et alors… Alors, rien du tout, se<br />

reprit-elle, je m’en fous du Cure-dents, elle aura fait son<br />

malheur toute seule.<br />

Pendant qu’Hortense faisait ses armes dans l’entreprise de<br />

Chef, Zoé, Alexandre et Max traînaient dans les salles du musée<br />

- 365 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!