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Les yeux jaunes des crocodiles

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d’Orsay. Iris les y avait emmenés, de bon matin, espérant que<br />

les chefs-d’œuvre impressionnistes auraient raison de la<br />

turbulence <strong>des</strong> enfants. Elle ne supportait plus le Jardin<br />

d’Acclimatation, les queues devant les attractions, les cris, la<br />

poussière, les peluches minables qu’il fallait trimbaler parce<br />

qu’ils les avaient gagnées et les exhibaient comme <strong>des</strong> trophées.<br />

Il est temps que Jo termine et que je retrouve ma vie d’avant. Je<br />

n’en peux plus de ces ados en chaleur ! Alexandre, passe encore,<br />

mais les deux autres ! Qu’est-ce qu’ils sont mal élevés ! La petite<br />

Zoé, autrefois charmante, est devenue un monstre. Ce doit être<br />

l’influence de Max. Après la visite du musée, elle les emmènerait<br />

déjeuner au café Marly et les interrogerait sur ce qu’ils avaient<br />

vu. Elle leur avait demandé de choisir chacun trois tableaux et<br />

d’en parler. Celui qui s’exprimerait le mieux aurait droit à un<br />

cadeau. Comme ça, je pourrai, moi aussi, faire un peu de<br />

shopping. Ça me détendra. C’est Philippe qui avait eu l’idée du<br />

musée. Hier soir, en se couchant, il lui avait dit : « Pourquoi tu<br />

ne les emmènes pas à Orsay, j’y suis allé avec Alexandre et il a<br />

beaucoup apprécié. » Un peu plus tard, avant d’éteindre, il avait<br />

ajouté : « Et ton livre à toi, il avance ?<br />

— À pas de géant.<br />

— Tu me le feras lire ?<br />

— Promis, dès que j’aurai fini.<br />

— Eh bien ! Finis-le vite comme ça j’aurai de la lecture, cet<br />

été. »<br />

Elle avait cru déceler une pointe d’ironie dans la voix de<br />

Philippe.<br />

En attendant, ils déambulaient dans les salles du musée<br />

d’Orsay. Alexandre regardait les tableaux, avançant, reculant,<br />

pour se faire une idée, Max traînait les pieds en raclant la pointe<br />

de ses baskets sur le parquet et Zoé hésitait entre imiter son<br />

copain ou son cousin.<br />

— Depuis que Max habite chez vous, tu me parles plus, se<br />

plaignit Alexandre à Zoé qui était venue se placer à ses côtés<br />

alors qu’il regardait une toile de Manet.<br />

— C’est pas vrai… Je t’aime tout pareil.<br />

— Non. T’as changé… J’aime pas ce vert que tu mets sur tes<br />

<strong>yeux</strong>… Je trouve ça vulgaire. Ça te vieillit. C’est consternant !<br />

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