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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Et votre famille, elle est en France ou en Italie ? s’était-elle<br />

enhardie.<br />

Il fallait qu’elle sache s’il était marié.<br />

— Je n’ai pas de famille, avait-il répliqué, sombre.<br />

Elle n’avait pas insisté.<br />

Shirley n’était pas là pour qu’elle lui raconte. Elle avait<br />

appelé trois fois de Londres. Elle devait rentrer lundi. « Je serai<br />

là lundi, promis, et je t’emmènerai faire la fête !<br />

— C’est pas une fête qu’il me faudrait mais une cure de<br />

sommeil ! Je suis fatiguée, si fatiguée… »<br />

L’émission avait commencé et Christine Barthillet se léchait<br />

les doigts en engouffrant une nouvelle fraise Tagada. On<br />

apercevait les lumières du château de Windsor, Charles et<br />

Camilla, sur le haut <strong>des</strong> marches, recevant amis et famille.<br />

— Que c’est beau ! Comme ils sont mignons ! Vous avez vu<br />

comme ça brille, vous avez vu les bouquets, les musiciens, les<br />

décorations ! C’est beau, ça, un amour qui attend tout ce temps !<br />

Trente-cinq ans, madame Joséphine, trente-cinq ans ! C’est pas<br />

tout le monde qui peut en dire autant.<br />

Sûrement pas vous ! pensa Joséphine. Trente-cinq secon<strong>des</strong><br />

sur le Net et vous êtes prête à vous installer avec le premier<br />

venu !<br />

— Il s’appelle comment l’homme marié avec quatre enfants ?<br />

chuchota-t-elle à l’oreille de Christine Barthillet.<br />

— Alberto… Il est portugais…<br />

— Il ne divorcera jamais ! <strong>Les</strong> Portugais sont très croyants.<br />

Pourquoi je lui dis ça, je m’en fiche totalement qu’il divorce<br />

ou pas.<br />

— Je tiens pas à me marier. Je veux juste un logement et voir<br />

venir !<br />

— Alors… bien sûr…<br />

— Tout le monde n’est pas sentimental comme vous !<br />

Après avoir pris un café, ils s’étaient dirigés naturellement<br />

vers l’arrêt d’autobus et, naturellement, elle était montée avec<br />

lui. Quand il était <strong>des</strong>cendu, il lui avait dit au revoir et avait<br />

ajouté « à demain », en lui faisant un petit signe de la main. Elle<br />

avait pensé au chemin qu’il allait lui falloir faire pour revenir<br />

sur ses pas. <strong>Les</strong> filles à affronter, le dîner à préparer… Madame<br />

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