28.06.2013 Views

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

Les yeux jaunes des crocodiles

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

choisir s’il ne connaît pas la souffrance et le mal… – Tu lui as dit<br />

ça ? avait répondu Shirley, émerveillée.<br />

Parle-moi, mon chéri, parle-moi encore que j’oublie cette<br />

chambre et cet homme, que j’oublie le dégoût de moi quand je<br />

sors <strong>des</strong> bras de cet homme, avait-elle supplié en silence. Il<br />

attendait dans la chambre. Allongé sur le lit avec ses chaussures.<br />

Il lisait le journal. Il l’avait regardée sans rien dire. Avait posé le<br />

journal. Posé sa main sur sa hanche, avait relevé sa jupe et…<br />

C’était toujours pareil. Cette fois-ci, elle avait été libre de<br />

rester sa prisonnière : Gary n’attendait pas dans le parc. Elle<br />

n’avait plus vu passer les heures. Ni les jours. <strong>Les</strong> plateaux<br />

s’entassaient au pied du lit. <strong>Les</strong> femmes de chambre se faisaient<br />

renvoyer quand elles frappaient à la porte.<br />

Plus jamais, plus jamais. Il fallait que ça s’arrête !<br />

Il lui fallait rester loin de lui. Il la retrouvait toujours. Il ne<br />

venait jamais en France, il était recherché et avait peur de<br />

passer les frontières. En France, elle était protégée. Là-bas, elle<br />

était à sa merci. Par sa faute. Elle ne parvenait pas à lui résister.<br />

Elle avait honte quand elle retrouvait son fils. Il l’attendait,<br />

confiant, devant l’hôtel. Quand il pleuvait, il s’abritait à<br />

l’intérieur et attendait. Ils rentraient tous les deux à pied en<br />

traversant le parc. « Tu crois en Dieu ? » avait demandé Gary,<br />

un jour, après avoir passé l’après-midi à parler avec un nouvel<br />

orateur de Hyde Park. Il y avait pris goût. « Je ne sais pas, avait<br />

répondu Shirley, j’aimerais tellement y croire… »<br />

— Tu crois en Dieu ? demanda Shirley à Joséphine.<br />

— Ben, oui…, répondit Joséphine, étonnée par la question de<br />

Shirley. Je Lui parle, le soir. Je vais sur mon balcon, je regarde<br />

les étoiles et je Lui parle. Ça m’aide beaucoup…<br />

— Poor you !<br />

— Je sais. Quand je dis ça, les gens me prennent pour une<br />

demeurée. Alors je n’en parle pas.<br />

— Je n’ai pas la foi, Joséphine… N’essaie pas de me<br />

convertir.<br />

— Je n’essaierai pas, Shirley. Si tu ne crois pas, c’est par<br />

dépit parce que le monde n’est pas fait comme tu le voudrais.<br />

Mais c’est comme l’amour, il faut être courageux pour aimer.<br />

Donner, donner, ne pas penser, ne pas compter… Avec Dieu, il<br />

- 344 -

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!