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Les yeux jaunes des crocodiles

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Alexandre retourna dans la cuisine et demanda l’autorisation<br />

à Joséphine qui la donna avec joie. Depuis qu’elle n’était plus en<br />

permanence avec Max, Zoé était redevenue la petite fille<br />

d’avant. Elle était retombée dans son âge, ne parlait plus de<br />

maquillage ni de garçons. Elle avait repris ses anciennes<br />

habitu<strong>des</strong> avec Alexandre ; ils avaient mis au point un langage<br />

secret qui n’était secret que pour eux. The dog is barking<br />

signifiait attention danger, the dog is sleeping, tout va bien, the<br />

dog is running away, et si on allait se promener ? <strong>Les</strong> parents<br />

faisaient semblant de ne pas comprendre et les enfants<br />

prenaient un air mystérieux.<br />

Joséphine avait reçu une carte postale de madame Barthillet.<br />

Alberto lui avait trouvé un meublé rue <strong>des</strong> Martyrs, non loin de<br />

son entreprise. Elle lui donnait sa nouvelle adresse. « Tout va<br />

bien. Il fait beau. Max passe l’été chez son père qui fait du<br />

fromage de chèvre dans le Massif central avec sa copine. Il aime<br />

beaucoup travailler avec les bêtes et son père parle de le garder<br />

ce qui m’arrangerait bien. Je vous souhaite le meilleur,<br />

Christine Barthillet. »<br />

— On est quel jour aujourd’hui ? demanda Joséphine à<br />

Babette qui entrait dans la cuisine.<br />

— Le 11 juillet… C’est pas encore le jour de faire péter les<br />

pétards !<br />

« Il est un peu tôt pour faire péter les pétards. » Dans deux<br />

jours, ce serait l’anniversaire de la mort de son père. Elle<br />

n’oubliait jamais cette date.<br />

— Qu’est-ce qu’on fait pour le déjeuner ? Vous avez une<br />

idée ? demanda Babette.<br />

— Aucune… Vous voulez que j’aille au marché ?<br />

— Non. Je vais y aller, je suis habituée… C’était juste pour<br />

savoir s’il y avait un truc qui vous ferait plaisir.<br />

Carmen prenait ses vacances en juillet. À Paris. Elle<br />

s’occupait de sa vieille mère, une duègne irascible qui souffrait<br />

d’emphysème mais avait toute sa tête. Elle avait réduit sa fille<br />

en esclavage, l’avait empêchée de faire sa vie. Joséphine était<br />

plus à l’aise avec Babette. Carmen l’intimidait. Ses manières de<br />

gouvernante stylée la paralysaient. Elle avait toujours<br />

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