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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Oui. Elle a fait un beau mariage… si tu appelles ça réussir.<br />

Mais sans le fric de son mari, elle n’est rien !<br />

— Tu es dure, avec elle.<br />

— Non ! Je suis lucide… Et toi, tu devrais t’entraîner à l’être<br />

un peu plus.<br />

L’intonation agressive d’Iris, l’autre jour, à la piscine, revint<br />

à la mémoire de Jo. Et l’autre soir, au téléphone… quand Jo<br />

avait essayé de lui donner <strong>des</strong> idées pour son livre… je t’aiderai,<br />

Iris, je te trouverai <strong>des</strong> histoires, <strong>des</strong> documents, tu n’auras plus<br />

qu’à écrire ! Tiens, sais-tu comment on appelait les « impôts »<br />

en ce temps-là ? Et comme elle ne répondait pas, Jo avait lâché :<br />

« banalités », on appelait ça les « banalités » ! Tu ne trouves pas<br />

ça drôle ? Et alors… Alors… Iris, sa sœur, sa sœur bien-aimée,<br />

avait répondu… Tu fais chier, Jo, tu fais chier ! Tu es trop… ! Et<br />

elle avait raccroché. Trop quoi ? s’était demandé Jo,<br />

interloquée. Elle avait décelé une réelle méchanceté dans ce « tu<br />

fais chier, Jo ». Elle ne le raconterait pas à Shirley, ce serait lui<br />

donner raison. Iris devait être malheureuse pour réagir ainsi.<br />

C’est ça, elle est malheureuse…, avait répété Jo en écoutant le<br />

combiné qui sonnait occupé, dans le vide.<br />

— Elle est gentille avec les filles.<br />

— Pour ce que ça lui coûte !<br />

— Tu ne l’as jamais aimée, je ne sais pas pourquoi.<br />

— Et ton Hortense… si tu ne la visses pas, elle finira comme<br />

sa tante. Ce n’est pas un métier d’être « la femme de… » ! Le<br />

jour où Philippe laissera tomber Iris, il ne lui restera que sa<br />

petite culotte pour pleurer.<br />

— Il ne la laissera jamais tomber, il est fou amoureux d’elle.<br />

— Qu’est-ce que tu en sais ?<br />

Jo ne répondit pas. Depuis qu’elle travaillait pour Philippe,<br />

elle avait appris à le connaître. Quand elle allait dans son<br />

cabinet d’avocats, avenue Victor-Hugo, elle jetait un œil dans<br />

son bureau, si la porte était entrouverte. L’autre fois, elle l’avait<br />

fait rire… il faut appuyer sur une télécommande pour que tu<br />

relèves la tête de tes dossiers ? avait-elle demandé dans<br />

l’embrasure de la porte. Il lui avait fait signe d’entrer.<br />

— Encore un quart d’heure et je rince, déclara Denise, la<br />

coloriste, en écartant les papillotes argentées avec la pointe de<br />

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