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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Tu veux quelque chose ? demanda-t-elle à Caroline Vibert.<br />

— Une orange pressée.<br />

— Ah, c’est une bonne idée. Deux oranges pressées, s’il vous<br />

plaît… J’ai besoin de vitamines après une telle expédition. Au<br />

fait, qu’est-ce que tu faisais à la piscine de Courbevoie ?<br />

— Rien. Je n’y ai jamais mis les pieds.<br />

— Tu m’as pas dit que tu avais rencontré ma sœur cet été ?<br />

— Si… au bureau. Elle a travaillé pour nous… T’es pas au<br />

courant ?<br />

Iris fit semblant de se rappeler et se frappa le front.<br />

— Mais oui, bien sûr. Je suis bête…<br />

— Philippe l’a engagée comme traductrice. Elle se débrouille<br />

très bien. Elle a travaillé pour nous tout l’été. Et à la rentrée, je<br />

l’ai branchée sur un éditeur qui lui a donné une bio à traduire, la<br />

vie d’Audrey Hepburn. Il chante ses louanges partout. Un style<br />

élégant. Du travail impeccable. Rendu à l’heure, sans une faute<br />

d’orthographe, et tout et tout ! En plus, elle est pas chère. Elle<br />

ne demande pas à l’avance combien on la paiera. T’as déjà vu ça,<br />

toi ? Elle discute pas, elle prend son chèque et tout juste si elle<br />

vous baise pas les pieds en partant. Une petite fourmi humble et<br />

silencieuse. Vous avez été élevées ensemble ou elle a grandi<br />

dans un couvent ? Je la verrais bien chez les carmélites.<br />

Caroline Vibert éclata de rire. Iris eut une soudaine envie de<br />

la moucher.<br />

— C’est vrai que le travail bien fait, la bonté, la mo<strong>des</strong>tie,<br />

aujourd’hui, ça se fait rare… Elle est comme ça, ma petite sœur.<br />

— Oh, je ne voulais pas en dire du mal !<br />

— Non mais tu en parles comme si c’était une demeurée…<br />

— Je voulais pas te fâcher, je croyais juste être drôle.<br />

Iris se ravisa. Il ne fallait pas qu’elle se fasse une ennemie de<br />

Caroline Vibert. Elle venait d’être élevée au rang d’associée.<br />

Philippe en parlait avec beaucoup de considération. Quand il<br />

avait <strong>des</strong> doutes sur une affaire, c’est Caroline qu’il allait<br />

chercher. Elle me stimule les neurones, disait-il avec un sourire<br />

las, elle a une manière de m’écouter, on dirait qu’elle prend <strong>des</strong><br />

notes, elle hoche la tête, classe les informations en posant deux<br />

questions et tout devient clair. Et puis, elle me connaît si bien…<br />

Peut-être Caroline Vibert savait-elle quelque chose au sujet de<br />

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