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Les yeux jaunes des crocodiles

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— Ce n’est pas faux, tu viens de marquer un point. Tu<br />

m’offres un café ?<br />

Joséphine lança un regard d’adieu aux touches noires de<br />

l’ordinateur.<br />

— Je veux bien faire une exception pour cette fois mais c’est<br />

la dernière ! Sinon, je ne vais jamais y arriver.<br />

— Laisse-moi deviner : tu écris une lettre pour ta sœur, une<br />

lettre officielle et difficile qu’elle ne peut pas écrire ?<br />

Joséphine brandit un index autoritaire vers Shirley, la<br />

prévenant qu’il était inutile d’insister.<br />

— Tu ne m’auras pas comme ça.<br />

— Un café bien noir avec deux morceaux de sucre roux…<br />

— Je n’ai que du sucre blanc, je n’ai pas eu le temps de faire<br />

<strong>des</strong> courses.<br />

— Trop occupée à bosser, je présume ?<br />

Joséphine se mordit les lèvres, se rappelant sa résolution de<br />

rester muette.<br />

— Donc, ce n’est pas une lettre… Et puis on n’offre pas un<br />

ordinateur pour une seule lettre ! Même la belle madame Dupin<br />

sait cela…<br />

— Shirley, arrête.<br />

— Tu ne me deman<strong>des</strong> pas comment se sont passées mes<br />

vacances ?<br />

Elle la considérait d’un air malicieux qui rappela à Joséphine<br />

que la partie allait être rude. Shirley ne lâchait pas prise<br />

facilement. Il avait été aisé de lui cacher l’histoire du prêt<br />

d’Antoine. C’était Noël, elle avait la tête aux guirlan<strong>des</strong>, aux<br />

cadeaux, à la dinde fourrée, à la bûche, mais les fêtes étaient<br />

passées, Shirley était revenue à la vie réelle avec l’intention de<br />

faire fonctionner son « radar à malices ». C’est comme ça qu’elle<br />

appelait son nez, en appuyant <strong>des</strong>sus pour montrer à quel point<br />

il était efficace.<br />

— Comment se sont passées tes vacances ? demanda Jo<br />

poliment.<br />

— Très mal… Gary n’a pas arrêté de faire la tronche. Depuis<br />

qu’il a tenu ta fille dans ses bras, il pète les plombs ! Il soupirait<br />

<strong>des</strong> heures entières en lisant <strong>des</strong> sonnets d’amour pathétiques.<br />

Il errait dans les couloirs de la maison de ma copine, Mary, en<br />

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