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Les yeux jaunes des crocodiles

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mettre Hortense dans un taxi ? Hortense serait furieuse qu’elle<br />

fasse le gendarme derrière son dos. De plus, elle n’avait plus<br />

parlé à Chef depuis la brouille avec sa mère…<br />

Elle demeura près du téléphone en se mordant les doigts.<br />

Elle sentait un nouveau danger se profiler : gérer la liberté<br />

d’Hortense. Elle esquissa un petit sourire ; deux mots qui<br />

n’allaient vraiment pas ensemble, « gérer » et « Hortense ». Elle<br />

n’avait jamais su « gérer » Hortense. Elle était toujours étonnée<br />

quand sa fille lui obéissait.<br />

Elle entendit une clé tourner dans la serrure de la porte<br />

d’entrée, madame Barthillet entra dans la cuisine et se laissa<br />

tomber sur une chaise.<br />

— Ça y est !<br />

— Ça y est quoi ?<br />

— Il s’appelle Alberto Mo<strong>des</strong>to et il a un pied bot.<br />

— C’est joli, Alberto Mo<strong>des</strong>to…<br />

— Oui mais un pied bot, c’est pas joli du tout. C’est bien ma<br />

chance ! Je tombe sur un infirme.<br />

— Enfin, Christine, ce n’est pas grave !<br />

— C’est pas vous qui serez obligée de marcher dans la rue à<br />

côté d’une chaussure géante ! Je vais avoir l’air de quoi, moi ?<br />

Joséphine la considéra, stupéfaite.<br />

— Et encore, je m’en suis aperçue parce que j’ai rusé ! Sinon<br />

il m’aurait encore flouée. Quand je suis arrivée au café, il était<br />

là, tout bien habillé, tout bien parfumé, assis sur sa chaise, le col<br />

de sa chemise ouverte et un petit paquet-cadeau… Tenez !<br />

Elle tendit sa main, exhibant ce qui ressemblait à un petit<br />

diamant à son annulaire.<br />

— On s’embrasse, il me fait <strong>des</strong> compliments sur ma tenue, il<br />

commande une menthe à l’eau pour lui et un café pour moi et<br />

on parle, et on parle… Il dit qu’il s’attache de plus en plus à moi,<br />

qu’il a bien réfléchi, qu’il va me louer cet appartement dont j’ai<br />

tant besoin. Alors je l’embrasse comme du bon pain, je me<br />

pends à son cou, je gigote, bref, je me rends ridicule ! Lui, il boit<br />

du petit-lait et il ne me propose toujours pas d’aller à l’hôtel. Le<br />

temps passe, je commence à me dire que c’est pas normal et je<br />

prétexte un rendez-vous pour lever le camp. Là, Alberto me<br />

baise la main et me dit la prochaine fois, on achète le journal et<br />

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