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Concerto à la mémoire d'un ange

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— Non, monsieur le Président, mais nous l’avons localisé : il<br />

se trouve au Canada.<br />

— Que fait-il l<strong>à</strong>-bas ?<br />

— Il s’apprête <strong>à</strong> être imprimé par une maison d’édition.<br />

— Quoi ?<br />

— J’ai consulté les experts juridiques : pas de faille, tout est<br />

légal. Le texte a été confié <strong>à</strong> l’infirmière qui s’occupait d’elle,<br />

accompagné d’une lettre signée par feu M me <strong>la</strong> Présidente en<br />

présence d’un notaire, lequel indiquait et validait <strong>la</strong> marche <strong>à</strong><br />

suivre. Cette parution semble l’exécution de ses dernières<br />

volontés.<br />

— Il faut contester, prétendre que c’est un faux !<br />

— Impossible. Chaque document a été rédigé de sa main. Et<br />

le personnel de <strong>la</strong> clinique l’a vue écrire pendant des semaines.<br />

Henri enfouit sa tête entre ses doigts.<br />

— La salope, elle a pensé <strong>à</strong> tout !<br />

Reynaud estima qu’il était victime de son imagination : le<br />

digne Président ne pouvait avoir dit ce<strong>la</strong> de son épouse adoré.<br />

Le vieux militaire toussa, rougit, s’agita sur son fauteuil,<br />

honteux d’avoir mal compris.<br />

— Merci, Reynaud, merci. Demandez <strong>à</strong> Rigaud de valider<br />

votre analyse. À savoir que nous ne pouvons plus intervenir…<br />

— J’y vais de ce pas, monsieur le Président.<br />

Il se leva et salua. À <strong>la</strong> porte, le Président l’arrêta :<br />

— Reynaud ! Comment s’appelle le livre ?<br />

— L’Homme que j’aimais.<br />

— L’Homme que j’aimais ?<br />

— Oui. Un beau titre, n’est-ce pas, monsieur le Président ?<br />

Henri approuva de <strong>la</strong> tête pour se débarrasser du général.<br />

Quel abruti ! L’Homme que j’aimais, un beau titre ? Non,<br />

c’était un témoignage <strong>à</strong> charge. Autant mettre L’Homme que<br />

j’aimais et qui n’existe plus ou L’Homme que j’aimais et que<br />

j’avais bien tort d’aimer. C’était du vitriol, ce titre, un poison,<br />

une apocalypse, il adressait un message c<strong>la</strong>ir aux Français :<br />

« L’homme que vous avez aimé a tort, l’homme que vous avez<br />

cru digne, honnête et généreux n’est qu’un sa<strong>la</strong>ud », oui, ça<br />

signifiait carrément L’Homme qui vous a trompé !<br />

— Rigaud !<br />

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