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Concerto à la mémoire d'un ange

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sculpture, on s’étonnera qu’un artiste cisèle un ensemble<br />

monumental dans une petite pierre ou découpe un pissenlit<br />

dans un granit de six mètres de haut ; en peinture, on saisit le<br />

rapport entre le cadre, sa dimension, et le sujet ; en musique, on<br />

juge parfois que tel ou tel matériel musical est insuffisant pour<br />

<strong>la</strong> durée de tel ou tel morceau. En littérature, jamais.<br />

Je porte en moi cette conviction que chaque histoire a une<br />

densité propre qui exige un format d’écriture adapté.<br />

Beaucoup de romans ne sont que du pâté d’alouettes : un<br />

cheval, une alouette, autrement dit davantage de remplissage<br />

que d’éléments purs. Bien souvent, ça tire <strong>à</strong> <strong>la</strong> ligne, les<br />

descriptions exhaustives virent au constat d’huissier, les<br />

dialogues miment <strong>la</strong> vie et détruisent le style, des théories se<br />

recyclent arbitrairement, les péripéties se multiplient comme un<br />

cancer.<br />

Quand une maison d’édition new-yorkaise a publié<br />

Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran aux États-Unis, un des<br />

éditeurs m’a demandé si je ne pouvais pas recommencer ce récit<br />

de quatre-vingts pages pour en faire un minimum de trois cent<br />

cinquante pages en développant le destin de M me Ibrahim, des<br />

parents de Momo, des grands-parents, des camarades d’école…<br />

*<br />

« <strong>Concerto</strong> <strong>à</strong> <strong>la</strong> <strong>mémoire</strong> d’un <strong>ange</strong> ».<br />

Je l’écris sur <strong>la</strong> musique d’Alban Berg, qui m’ensorcelle et<br />

m’amène vers des sensations inouïes, des pensées neuves.<br />

Ainsi je n’avais jamais noté combien l’âge nous rend libres. À<br />

vingt ans, nous sommes le produit de notre éducation mais <strong>à</strong><br />

quarante ans, enfin, le résultat de nos choix – si nous en avons<br />

fait.<br />

Le jeune homme devient l’adulte qu’a voulu son enfance.<br />

Tandis que l’homme mûr est l’enfant du jeune homme.<br />

*<br />

Peut-on ch<strong>ange</strong>r ? Et surtout ch<strong>ange</strong>-t-on volontairement ?<br />

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