Concerto à la mémoire d'un ange
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Mlle Mi avait prononcé « métal argenté » avec emphase,<br />
comme si elle annonçait de l’argent pur.<br />
— Mettez-en mille, nous rencontrons parfois des routiers<br />
très croyants, admit M. Beaumont.<br />
— Et les écussons de sainte Rita ?<br />
— Les écussons, ça ne marche plus en France.<br />
M me Beaumont g<strong>la</strong>pit soudain :<br />
— Et les piluliers ?<br />
— Les pilu… quoi ? demanda M lle Mi, <strong>à</strong> qui le mot échappait.<br />
— Les boîtes <strong>à</strong> pilules ! Pour les ma<strong>la</strong>des ! Les adeptes de<br />
sainte Rita, <strong>la</strong> sainte de l’Impossible, suivent souvent des<br />
traitements médicaux. À mon avis, ils vont s’arracher les<br />
piluliers.<br />
— Comptez-en quarante mille, mademoiselle. Et l’affaire<br />
sera close.<br />
M lle Mi leur tendit le bon de commande que M. Beaumont<br />
signa, écar<strong>la</strong>te, conscient de son importance.<br />
— Peut-être aurons-nous l’honneur de saluer M. Lang ?<br />
— Bien sûr, acquiesça Mlle Mi, puisque le président vous l’a<br />
promis.<br />
— Depuis le temps que nous traitons ensemble…, reprit<br />
M. Beaumont. Je me réjouis de lui serrer <strong>la</strong> main, <strong>à</strong> M. Lang.<br />
— Le mystérieux M. Lang, susurra M me Beaumont.<br />
Mlle Mi se garda de répondre quoi que ce soit ; selon elle,<br />
M. Lang, son patron, n’avait rien de mystérieux, au contraire,<br />
c’était c<strong>la</strong>irement le plus grand sa<strong>la</strong>ud qu’elle avait jamais<br />
croisé !<br />
Par téléphone, elle joignit le secrétaire du président puis<br />
<strong>la</strong>issa les Beaumont dans <strong>la</strong> pièce.<br />
Alors que ceux-ci s’exc<strong>la</strong>maient devant le panorama, un<br />
homme pénétra derrière eux.<br />
— Bonjour, dit une voix grêle.<br />
Les Beaumont se retournèrent, prêts <strong>à</strong> se répandre en<br />
amabilités, mais <strong>la</strong> vue de l’individu qui les toisait depuis son<br />
fauteuil rou<strong>la</strong>nt stoppa leur é<strong>la</strong>n.<br />
Habillé de sombre, les vêtements maculés de gras, une barbe<br />
de trois jours gangrenant son teint malsain, M. Lang cachait ses<br />
yeux derrière des lunettes noires, ses cheveux – s’il lui en<br />
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