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Concerto à la mémoire d'un ange

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Le nabab des articles religieux et pornographiques opina du<br />

chef.<br />

— D’accord, reprit le secrétaire. Shanghai-Genève. Le plus<br />

tôt possible. En business c<strong>la</strong>ss. Au nom de Lang. Axel Lang.<br />

Manœuvrant vers <strong>la</strong> fenêtre pour mieux capter <strong>la</strong> lumière du<br />

jour, Axel tournait et retournait le prospectus que lui avait<br />

remis son secrétaire, tentant de distinguer sur les minuscules<br />

photos l’homme qu’il recherchait depuis des mois et dont le<br />

souvenir le harce<strong>la</strong>it depuis vingt ans.<br />

Sunil, son kinésithérapeute, un colosse adipeux, exchampion<br />

de judo, interrompit cet examen en c<strong>la</strong>quant des<br />

mains.<br />

— C’est l’heure de votre séance, monsieur.<br />

Quelques minutes plus tard, <strong>la</strong> peau huilée, Axel recevait les<br />

soins quotidiens que réc<strong>la</strong>mait sa rééducation. Sous lui, <strong>à</strong><br />

travers le trou ménagé dans <strong>la</strong> table de massage pour les yeux et<br />

le nez, il avait p<strong>la</strong>cé le dépliant qu’il apprenait par cœur en<br />

chantonnant.<br />

— Vous semblez de meilleure humeur que d’ordinaire,<br />

monsieur Lang.<br />

« De quoi se mêle-t-il, ce crétin ? bougonna Axel. En quoi ça<br />

le concerne que je sois content aujourd’hui ou de mauvais poil<br />

les autres jours ? Il est masseur, pas psychiatre, cet abruti ! »<br />

Après cinq minutes, puisque Axel fredonnait de nouveau,<br />

l’ancien judoka, par sympathie, s’autorisa <strong>à</strong> reposer sa question,<br />

conjecturant que son patient aimerait partager ses émotions.<br />

— Qu’est-ce qui vous rend joyeux, monsieur Lang ?<br />

— Une promesse. Je m’étais juré qu’<strong>à</strong> mon premier milliard,<br />

je réaliserais un rêve. Mon rêve.<br />

— Ah oui ? Félicitations monsieur. Pour le milliard, je veux<br />

dire.<br />

— Vous me faites mal, imbécile.<br />

— Pardon. Et quel est ce rêve, monsieur ?<br />

— Aller en France.<br />

— Je comprends ça…<br />

— À Annecy.<br />

— L<strong>à</strong>, je ne connais pas.<br />

— Moi non plus. À <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> Socrate.<br />

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