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corps est si intimement investi dans la voix qu’elle transporte son empreinte personnelle hors de lui,<br />
devenant son extension vibratoire, comme un membre enveloppant qui caresse non seulement<br />
l’oreille de son auditeur, mais le corps tout entier 20. On devra en arriver à la conclusion que sexualité<br />
ne rime pas avec spiritualité (du moins dans certaines des grandes religions telles que le<br />
Bouddhisme, le Christianisme, l’Islam, etc.).<br />
Pourrions nous déduire que le chant ‘sacré’ dépendrait d’une absence de sexualité ? Peut-être. <strong>Le</strong><br />
point ici est qu’il y a une double réalité à la voix : la voix comme organe du corps et la voix comme<br />
expression de l’âme. Il serait possible que ces deux aspects donnent lieu à deux différentes tradition<br />
<strong>vocal</strong>es semblant en opposition mais souvent partageant beaucoup malgré elles. Dans le contexte du<br />
XXIe siècle, il est de moins en moins pertinent de parler de ces dichotomies car la société s’est<br />
largement sécularisée et les valeurs ‘spirituelles’ ne sont pas aussi évidentes et investies dans des<br />
institutions publiques fondées sur des idéologies sanctionnées par soit l’état ou la (ré)pression<br />
sociale. Bref, la musique populaire n’affiche pas un dogme religieux (sauf dans certains cas tels que<br />
le ‘rock chrétien’, etc.), mais cela ne l’empêche pas de remplir parfaitement cette fonction à des<br />
niveaux moins explicites et formels mais néanmoins cruciaux dans le développement de la personne.<br />
b) Pratiques spirituelles<br />
Il est indéniable que la voix fait partie intégrante de la pratique spirituelle de toutes les civilisations.<br />
La voix se retrouve dans les paroles rituelles et le chant rituel sacré. La tradition occidentale du chant<br />
partage beaucoup de ses origines avec la pratique religieuse. Comme nous l’avons mentionné<br />
auparavant, l’écriture musicale et la pratique de la musique occidentale ‘sérieuse’ découlent de la<br />
science du chant grégorien. Par ailleurs, la transe extatique est souvent reliée à une psalmodie, donc<br />
à la voix, dans plusieurs cultures. En fait, considérant les pratiques orientales, la voix y est centrale et<br />
est l’outil principal d’une science <strong>vocal</strong>e spirituelle d’une complexité extrême 21. Il serait intéressant<br />
d’inclure de ces aspects comme outils dans la perspective vocanalytique mais ce sera pour un projet<br />
futur car il n’y a pas l’espace ni le temps requis dans le cadre du présent projet. De plus, la musique<br />
populaire n’est pas le type de musique où prédomine une dimension spirituelle si on prend<br />
l’ensemble. Il y aura toujours des dimensions spirituelles à toute musique et la musique populaire<br />
peut, dans certains cas, atteindre des niveaux tout autant nirvaniques qu’une autre musique. Or, il<br />
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Freud avait une patiente qui avait pathologiquement des réactions sexuelles à dialoguer avec<br />
autrui…(Fonagy)<br />
21<br />
Comme par exemple les chants tibétains ou la science indienne des mantras.