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les accessoires (exemple : sourdine pour violon, pédale wah-wah, etc.) ne seront pas assez pour les<br />
études de la musique populaire. Dans cette dernière, la dimension du timbre est plus expérimentale<br />
et moins bien décrite par sa source, surtout lorsque celle-ci est électronique ou digitale. <strong>Le</strong><br />
<strong>personnage</strong> <strong>vocal</strong> est à bien des égards dépendant du timbre que l’on réduit aussi simplement à la<br />
voix. La différence entre deux voix n’est pas réductible à la différence entre deux pianos, la<br />
différence est plus radicale. Mais ce n’est pas seulement le timbre de base – la voix – qui importe car<br />
de multiples paramètres expressifs vont intervenir dans le résultat final.<br />
Traditionnellement, le timbre <strong>vocal</strong> est un paramètre qui se qualifie catégoriquement, quoique<br />
sommairement, par le type de voix et de manière abstraite, donc subjectivement, par l’adjectif ou le<br />
participe. Que ce soit des verbes pour l’action ou des adjectifs pour la passion, on ne retrouve pas de<br />
mesure précise mais plutôt un classement par catégories subjectives.<br />
Il faut remarquer que ces catégories <strong>vocal</strong>es, souvent ne qualifient pas la voix, mais le chanteur.<br />
L’idéal classique est d’avoir une voix sublime et impersonnelle qui est au service du compositeur. La<br />
musique populaire avec ses stars est une version intime et personnelle de la personnalité, et non de<br />
l’impersonnalité recherchée par le chant classique. La personnification apporte des valeurs plus<br />
concrètes qu’abstraites, des contenus plus profanes et une sexualité souvent implicite, parfois<br />
explicite. <strong>Le</strong>s dynamiques que ces parties de l’expression musicale apportent n’ont pas été du ressort<br />
de la musicologie jusqu’à aujourd’hui car elles impliquent des réalités sociales qu’aucun paramètre<br />
musicologique ne saurait capturer. C’est ce qu’ont souligné des auteurs contemporains, que ce soit<br />
Middleton, Frith, <strong>Tagg</strong>, <strong>Le</strong>ppert, Cook ou McClary. Dans une telle situation, il faut développer de<br />
nouveaux outils si nous voulons pouvoir traiter avec la musique populaire dans sa réalité objective :<br />
la subjectivité.<br />
Central dans la musique populaire est le chanteur, tout se réduit souvent à lui. La richesse expressive<br />
et la subtilité de l’art <strong>vocal</strong> ne saurait s’encapsuler dans des catégories telles que la mélodie et la<br />
poésie. Il y a beaucoup entre deux interprétations <strong>vocal</strong>es d’une même poésie sur la même mélodie !<br />
Hélas, la différence ne se discute pas bien en termes objectifs, sans faire appel à des adjectifs non<br />
quantifiables ou des comparaisons avec d’autres chanteurs eux-mêmes non décrits, voilà une<br />
différance importante.<br />
Bref, le <strong>personnage</strong> <strong>vocal</strong> est une caractérologie large, à laquelle nous faisons appel pour discuter de<br />
ce qui est musical tout en étant au-delà de la musicologie, et donc touchant le domaine de l’humain,<br />
celui des <strong>personnage</strong>s. Cette typologie ouverte peut être utile, surtout lorsqu’elle est comprise par les