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est l’aspect conscient de l’encodage d’un message <strong>vocal</strong>, soit la linguistique, tandis que le deuxième<br />
est paralinguistique (la prosodie) et il est préconscient 41. Généralement, c’est la comparaison entre<br />
ces deux canaux qui nous informe de la relation entre le sens intrinsèque du message linguistique et<br />
l’opinion de l’émetteur. C’est la conjonction de ces deux codes qui permet d’interpréter les messages<br />
<strong>vocal</strong>isés. Mais comme dans tout reportage, doublement encodé – intrigue (raison) avec jugement<br />
(passion) – il y a une signature importante (identité) à la fin, celle de l’auteur. Dans le phénomène<br />
<strong>vocal</strong>, c’est ainsi que s’opère une seconde comparaison : entre le message (mots+opinion) et<br />
l’émetteur (locuteur). La signature (faisant partie du troisième niveau) est plus subtile que la prosodie<br />
et elle n’est pas sous le contrôle conscient de la personne mais plutôt d’une part un contrôle<br />
inconscient du <strong>personnage</strong>, d’une autre part un encodage incontrôlable et déterminé par des lois<br />
acoustiques : le formant, ou empreinte <strong>vocal</strong>e. Dans les deux cas, la signature est intimement reliée<br />
au <strong>personnage</strong> <strong>vocal</strong>. Ces trois éléments sont indispensables pour arriver au sens textuel du message<br />
(auquel pourra s’ajouter un contexte).<br />
Dans le cas du chant, l’instrument de musique est vivant. La voix du corps est avant tout le<br />
témoignage de la chair, de ce qu’elle révèle à un autre instrument vivant, complétant ce couple<br />
anatomique symbolique : la voix et l’oreille. De cette communication corporelle intime, encodée par<br />
acoustique physiologique, la personne ne retient consciemment qu’une impression. L’être humain<br />
n’est conscient que d’une infime fraction de ses perceptions réelles, témoin seulement de la version<br />
prédigérée, censurée par ses processus inconscients. Tout revient quand même au schéma de base<br />
de la communication : émetteur – message – récepteur, dans lequel l’émetteur et le récepteur ne sont<br />
que conscients d’une partie du message total. Dans le cas de la musique à l’étude ici, l’émetteur<br />
s’exprime simultanément sur plusieurs canaux – le message est polysémique – le récepteur est<br />
massif, donc multidimensionnel. La musique populaire présente un texte (paroles) avec une<br />
formalisation de la prosodie (mélodie) et un contexte (accompagnement) menant à une<br />
symbolisation de la communication humaine. Nous y reviendrons à la section 2.3 qui fera la<br />
connexion entre <strong>vocal</strong>ité et musicalité.<br />
Il n’y a seulement que la voix de la raison qui soit linguistique, les autres sont paralinguistiques ou<br />
extralinguistiques. La voix de la raison est la seule qui exprime la conscience dite ‘rationnelle’ et elle<br />
peut servir à exprimer de façon plus explicite l’objet des autres voix. Ces dernières ne s’expriment<br />
pas au niveau de l’intellect, donc de la langue, mais servent à soutenir ou éclairer les messages<br />
rationnels ou irrationnels, précis ou vagues, à l’aide d’éléments soit acoustiques, prosodiques ou<br />
41 La prosodie, n’est pas toujours inconsciente mais les interlocuteurs y sont désensibilisés, dira<br />
(Fonagy,2001), elle est naturellement encodée et décodée sans effort conscient, par automatisme.