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Le personnage vocal - Philip Tagg

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être jamais - en jeu isolément ». (ibid.:43). L’une ne va pas sans l’autre et elle sont toutes deux<br />

absolument nécessaires. Surtout, aucun jugement de valeur n’est utile ici malgré la tradition<br />

occidentale d’être terrifié par la mort et de la fuir, la nier. Vie et mort sont inséparables. La vie est<br />

une forme de mort tout comme la mort est une forme vie, et « la lutte entre l'Éros et la mort, entre<br />

l'instinct de vie et l'instinct de destruction, telle qu'elle se déroule dans l'espèce humaine. Cette lutte<br />

est, somme toute, le contenu essentiel de la vie » (ibid. :45). L’amour aussi, n’est pas seulement une<br />

question d’union, ou de perte du moi dévoué, mais devrait être une individuation réciproque à travers<br />

l’amour mutuel. Ceci étant dit, nous en reparlerons à la section 2.2.2 qui traite du sujet des pulsions.<br />

Ici, nous voulons élaborer seulement une manifestation de celles-ci : la communion et<br />

l’individuation. Ces concepts sont importants pour comprendre la musique et c’est pourquoi nous<br />

devons les traiter.<br />

Cette pulsion de communion est reliée à la soumission, à l’appartenance, à l’harmonie, à l’identité. Il<br />

faut reconnaître que l’identité est un phénomène qui nécessite le collectif car il est relatif à quelque<br />

chose qui existe avant, qui provient de l’extérieur, il s’apparente au mot identique, s’identifier à<br />

quelque chose, ou se faire identifier. Par la combinaison de différentes adhérences et leur<br />

imbrication dans une idéologie, nous approchons de ce qui rends l’identité unique, son individualité.<br />

Cette tendance à communier est donc logiquement très forte parmi l’humanité, qui est un groupe<br />

collectif, qui n’existe conceptuellement que parce qu’on l’estime selon son homogénéité, sa<br />

communauté. Il en découle que c’est Éros qui régit l’humanité et qu’historiquement l’individu y<br />

souffre. L’identité groupale est essentielle à l’individualité qui se positionne par rapport à elle, c’est<br />

une autre manifestation de la dualité relative des pulsions, la pluralité qui donne naissance à la<br />

singularité, comme la mort qui donne naissance au sens de la vie.<br />

« Pour point de départ nous avons pris le dedans devenu tel après avoir été d'abord le dehors, et<br />

dont le représentant est, pour nous comme pour Freud, le sur-moi, dans la mesure où il est fait<br />

d'identifications. » (Rank,1934[1929]:11, l’emphase est de nous)<br />

L’identité en se singularisant progressivement devient plus sélective, sa spécificité étant augmentée<br />

sa communauté s’en voit limitée donnant naissance au phénomène de l’individualité. Pour<br />

s’identifier à des collectivités, celles-ci doivent posséder des attributs qui lui paraissent comme le<br />

caractérisant, traduisant ce qui défini l’individu.<br />

Richard Middleton (2006) discute de la représentation qui se fait par la musique. La communion se<br />

fait avec la dimension identitaire transférée du <strong>personnage</strong> : le <strong>personnage</strong> social. “At this early stage

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