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La force des instincts 46 a toujours fait partie des influences sur le moi. En transférant son besoin<br />
primaire d’équilibre vers un désir pour des objets extérieurs, le Moi est mené à vouloir posséder des<br />
objets pour combler son manque fondamental, son insatisfaction primaire. Nous pouvons observer<br />
ce lien entre pulsion sexuelle et consommation dans la publicité qui fait appel au désir pour tenter de<br />
le transférer au produit. Cet usage intentionnel des dynamiques pulsionnelles a été perfectionné par<br />
Edward Bernays, un pionnier de la propagande qui s’est inspiré des écrits de Gustave <strong>Le</strong> Bon et<br />
Wilfred Trotter au sujet de la psychologie des foules, mais surtout de son oncle Sigmund Freud pour<br />
comprendre comment manipuler la population au moyen de l’inconscient. Il a aussi rendu son oncle<br />
célèbre (Jones et d’autres y ont aussi contribué) au point que la population associe aujourd’hui le<br />
mot psychologie avec le nom Freud.<br />
De nombreuses techniques furent développées par Bernays et ses confrères pour empoisonner la<br />
population (tabac, fluor, alcool, etc.) au profit de ses clients, des corporations. La sexualité et la peur<br />
sont les force (ou la force si l’on considère que la sexualité est instinctivement basée sur la peur de la<br />
mort du corps) qui sont le plus utilisées pour mobiliser la libido. Nous pourrions décrire plusieurs<br />
exemples (les guerres en sont toutes) de ces manigances médiatiques mondiales, mais l’espace<br />
manque 47. Cette triste réalité est nécessaire pour comprendre certains cas dans la musique populaire,<br />
nous en verrons quelques exemples à la section 2.3 – Rhétorique.<br />
2.2.2.4 La distance<br />
De cette dynamique des besoins découle une notion fondamentale : la distance. C’est toujours elle<br />
qui détermine la sévérité du clivage entre un besoin/désir et son objet, tout comme son apaisement.<br />
Dans le cas de la peur, c’est la distance du danger et de la souffrance. Michel Meyer nous rappelle<br />
que « la rhétorique de la séduction opère en jouant sur une distance mais aussi sur la possibilité non<br />
dite de son abolition. » (2004 :123). La notion se complexifie rendu au niveau de la relation humaine,<br />
puisque le besoin n’est pas seulement physique mais affectif, mental, social, etc. D’après Edward T.<br />
Hall dans ce qu’il a baptisé la proxémique, il y a divers niveaux de distances qui ont des rapports avec<br />
la dimension <strong>vocal</strong>e. Nous en parlerons plus en détail à la section 2.2.6. Pour ce qui est des pulsions,<br />
nous voulons simplement souligner le fait que la proximité est un facteur nécessaire à la sexualité,<br />
comme nous y avons déjà fait allusion (p.97). La voix s’adapte à la distance à traverser pour atteindre<br />
46<br />
Instincts dont nous savons quelques détails, notamment au sujet du corps (hormones, exigences du<br />
métabolisme, génétique).<br />
47<br />
Nous suggérons la lecture de (Tye,2002 ou Bernays,2005[1928]) ou le visionnement de (Curtis,2003)<br />
pour connaître certains ‘exploits’ du neveu de Freud. (voir la bibliographie).<br />
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