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la faible dominance, qui est caractéristique du comportement introverti. Mais si cette faible<br />
dominance pourrait sembler plus féminine, nous serions encore dans la dynamique de la<br />
dominance/soumission, que nous avons jugée impropre comme facteur primaire de féminité, il faut<br />
donc chercher ailleurs. Il y a un autre facteur derrière la féminité du souffle, celui de la sexualité.<br />
Nous avons seulement mentionné la base de la sexualité, i.e. l’identité corporelle, et ce qui l’exalte<br />
acoustiquement mais l’inverse est plausible, la sexualisation nous propulse automatiquement dans la<br />
genralité. On se souviendra que le facteur X est la désirabilité, ce qui impliquerait comme facteur<br />
primaire, l’attirance.<br />
Laver (1996[1991]) nous donne une piste :<br />
« Other ephemeral factors in voice quality derive from changes in the hormonal state of the<br />
speaker […] in the copiousness and consistency of the supply of lubricating mucus to the<br />
larynx, and in the characteristics of the mucous membrane covering the actual <strong>vocal</strong> cords.<br />
Such changes occur […] in conditions of sexual arousal in both men and women. These<br />
changes often seem to cause slight harshness and whispery or breathy voice. » (p.155).<br />
Cette explication, quoique intéressante, nous semble insuffisante. Voici une autre connotation<br />
sexuelle qui nous semble plus convaincante. Pour l’homme, tout ce qui implique le coït lui-même est<br />
excitant, il semble en être différent pour la femme (Baumeister,2004 ; Chivers et al., 2004). Lorsque<br />
la femme est sexuellement excitée, parmi plusieurs autres changements physiologiques, la respiration<br />
grandement intensifiée est un facteur audible de son état. Dans cette exaltation respiratoire, la<br />
pression pulmonaire est plus grande et la dynamique de la voix normale serait impossible sans laisser<br />
s’échapper le surplus d’air. Ce souffle accru est un marqueur que l’homme associe automatiquement<br />
par expérience à un état d’introversion féminine que l’extase sexuelle induit. Donc si la voix aérienne<br />
de la femme implique la sexualité inconsciemment pour l’homme, ceci pourrait transférer à une<br />
perception de féminité, surtout lorsqu’on y ajoute l’intimité d’une voix peu voisée. Nous avons<br />
désormais traversé du domaine des déterminants de sexe à celui du flirt <strong>vocal</strong>. Voici comment Fonagy<br />
(1983:132) résume la coquetterie :<br />
« <strong>Le</strong>s marques essentielles sont la légère dépression tonale, les glissements ultra-rapides vers le haut,<br />
toujours associés à l’intensité très faible, à la voix semi-chuchottée, au changement de registre et de<br />
timbre : la voix de poitrine, le timbre « voilé », s’éclaircit pour quelques centaines [centièmes] de<br />
secondes, dans les syllabes accentués et la montée tonale est accompagnée d’un passage dans le<br />
registre de tête. »<br />
Au niveau pulsionnel, donc inconscient, le chant/cri a été identifié par des musicologues comme<br />
étant : jouissance lyrique (Poizat,2000:103) ou désinvolture orgasmique débridée (<strong>Tagg</strong>,2008). Ceci<br />
semblerait lié à la catharsis de la consumation, mais nous parlerons de la catharsis plus tard,<br />
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