A l'Occident de Menstragaleste, 1980 - les Romans de Guy RICHART

A l’Occident de Menstragaleste
-II-
Les vacances d'été étaient enfin venues, et, en cette année 1916,
elles promettaient être délicieuses. Pourtant, un effroyable conflit
ravageait l'Occident, enrichissant les capitalistes et appauvrissant les
peuples qui le subissaient. Cependant, les Menstragalais vivaient loin
des combats sanguinaires qui assombrissaient le ciel de la Somme. En
dehors de quelques officiers anxieux comme le Colonel Landson, tous
se sentaient heureux de vivre, protégés par le ciel bleu du Pacifique.
La famille Ellisson, comme toutes les autres familles du Continent,
avait préparé soigneusement la saison estivale qui coïncidait dans cette
région avec Noël. Dès les premiers jours de décembre, Ange et Reck
Anderson, l'héritier du Groupe industriel qui employait John, partirent
ensemble pour Aurorapolis, la capitale de la Contrée Australe de
Menstragaleste. Les deux enfants se connaissaient depuis leur plus
tendre enfance et, comme tous deux étaient d'excellents amis, cette
année-là, leurs parents les avaient autorisés à visiter seuls, pendant un
mois, le sud Menstragalais. En voyant l'aéromobile d'Anderson
s'éloigner sur le Boulevard du Soleil avec, à son bord, Ange et Reck,
John, sa femme et Thomas se sentirent soulagés. Adam Anderson était
remarquablement ouvert et amical. Lorsqu'il avait traversé l'atelier du
Groupe pour saluer ses employés, il avait immédiatement remarqué
l'attitude préoccupée d'Ellisson, son ami. Le dialogue entre les deux
hommes avait été court, car ils se comprenaient sans difficulté. Le
problème était de changer les idées d'Ange Ellisson en l'éloignant
momentanément de l'Occident Menstragalais et de son oncle. Reck
devant partir seul pour Aurorapolis, il n'avait pas refusé d'emmener
l'adolescente qu'il aimait bien avec lui. Tous deux étaient jeunes,
l'avenir à Menstragaleste était des plus sereins, ensemble, leurs
parents le savaient bien, ils occuperaient sagement ces quatre
premières semaines de vacances. Ainsi, les deux enfants étaient partis
Page : 13