08.02.2013 Views

Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

278<br />

trative à l’image <strong>de</strong> ce qui se pro<strong>du</strong>it dans la sphère<br />

<strong>de</strong> l’entreprise (e-business).<br />

Les réseaux numériques autorisent l’apparition<br />

<strong>de</strong> l’administration électronique se tra<strong>du</strong>isant par<br />

une dématérialisation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s démarches<br />

administratives. L’hebdomadaire The Economist<br />

(« The next revolution: a survey of government and<br />

the internet », 24 juin 2000) a consacré un numéro<br />

spécial sur cette mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s administrations<br />

publiques en prenant <strong>de</strong>s exemples d’Amérique <strong>du</strong><br />

Nord. Un article relate ainsi l’expérience <strong>de</strong> services<br />

on-line dans l’État <strong>de</strong> l’Arizona, politique initiée en<br />

1996 où 15 % <strong>de</strong>s renouvellements <strong>de</strong> cartes pour la<br />

voiture sont désormais faits par internet, ce qui<br />

permet à l’administration d’économiser 1,7 million<br />

<strong>de</strong> dollars par an. Toute transaction avec l’administration<br />

revient généralement à 6,60 dollars alors<br />

qu’elle n’est plus que <strong>de</strong> 1,60 dollar par l’Internet.<br />

L’entreprise IBM, qui a mis en place le système<br />

informatique, récupère 2 % <strong>du</strong> montant total <strong>de</strong> la<br />

transaction. L’État fédéral canadien s’est également<br />

appuyé sur Internet pour transformer son administration<br />

et prévoit ainsi que d’ici 2005, 130 services <strong>de</strong><br />

trente ministères seront mis en ligne sur les sites<br />

fédéraux. Dans un reportage sur l’e-gouvernement en<br />

France (Les Échos, 19 mai 2003), le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />

l’Agence pour le développement <strong>de</strong> l’administration<br />

électronique (ADAE) explique comment le service au<br />

public est susceptible d’être réinventé tout comme<br />

d’ailleurs les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents publics.<br />

Dans le classement <strong>de</strong>s e-gouvernements, le Canada<br />

vient au premier rang, suivi <strong>de</strong> Singapour et <strong>de</strong>s<br />

États-Unis, la France se situant au douzième rang.<br />

La thématique <strong>de</strong> la cyberdémocratie, qui<br />

concerne les modalités <strong>du</strong> jeu politique, peut<br />

toutefois être difficilement abordée si elle ne s’inscrit<br />

pas dans la lignée <strong>de</strong>s termes cyborg et cyborg politics.<br />

Les féministes partent <strong>du</strong> principe que les femmes<br />

ont réussi dans la secon<strong>de</strong> moitié <strong>du</strong> XX e siècle à<br />

représenter un pourcentage non négligeable <strong>de</strong> la<br />

population active, mais qu’elles continuent d’être<br />

faiblement représentées dans les structures <strong>de</strong> la vie<br />

politique. Elles en dé<strong>du</strong>isent que la cyborg politics – en<br />

faisant disparaître le profil <strong>du</strong> sexe et <strong>de</strong> la couleur <strong>de</strong><br />

peau – présente un certain intérêt pour les femmes<br />

soucieuses <strong>de</strong> contribuer au débat politique et <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la vie politique. Mais inscrire la<br />

cyberdémocratie dans la continuité <strong>de</strong> la cyborg<br />

politics revient à imaginer un régime démocratique<br />

régi par une certaine hybridité entre les relations <strong>de</strong><br />

pouvoirs s’opérant dans le cyberespace et celles se<br />

déroulant dans la vie politique et sociale habituelle<br />

(pour ne pas dire réelle). Proclamer la cyberdémocratie<br />

revient à théoriser en fait l’hybridation entre<br />

démocratie <strong>de</strong> représentation et démocratie <strong>de</strong><br />

participation, à l’image <strong>de</strong> Tracy Westen (prési<strong>de</strong>nte<br />

<strong>de</strong> grassroots.com). Le cyberespace est perçu comme<br />

un moyen <strong>de</strong> réactiver le système référendaire dans<br />

Cynthia Ghorra-Gobin<br />

une culture politique où l’initiative <strong>du</strong> référen<strong>du</strong>m<br />

revient à la société civile. Les citoyens seraient amenés<br />

à voter pour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> politiques relatives à<br />

<strong>de</strong>s intérêts précis et spécifiques (construction d’une<br />

autoroute), tandis que les hommes politiques sont<br />

chargés <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> mesures et d’ajustements<br />

nécessaires. Ce contexte politique hybri<strong>de</strong><br />

distingue ainsi <strong>de</strong>ux modalités interactives : un débat<br />

entre citoyens sous la forme <strong>de</strong> cyber-pétitions et un<br />

débat (plus traditionnel) entre citoyens et élus.<br />

Difficile en effet d’imaginer une vie politique limitée<br />

à <strong>de</strong> purs esprits et ne prenant pas en compte le corps<br />

qui participe <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> tout indivi<strong>du</strong>.<br />

Tout en étant sensible aux arguments en faveur<br />

<strong>de</strong> l’avènement <strong>de</strong> la cyberdémocratie, force est <strong>de</strong><br />

constater que le cyberespace est vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute forme<br />

<strong>de</strong> contrôle social et qu’il se caractérise par une<br />

absence totale <strong>de</strong> contraintes ritualisées telle qu’elles<br />

existent dans les espaces physiques. C’est dans cette<br />

optique que s’inscrivent les arguments <strong>de</strong> Lawrence<br />

Lessig pour lequel les logiciels structurent, plus que<br />

les lois, les pratiques sociales dans le cyberespace. Les<br />

logiciels sont ainsi perçus comme les paramètres rééls<br />

<strong>de</strong> la liberté dans le cyberespace. Lessig est en faveur<br />

d’une architecture plus maîtrisée et plus contrôlée <strong>du</strong><br />

cyberespace, <strong>de</strong> manière à éviter toute forme <strong>de</strong><br />

chaos : les États <strong>de</strong>vraient inventer <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong><br />

contrôle et ne pas se limiter à interdire l’accès à <strong>de</strong>s<br />

sites détenus par <strong>de</strong>s néo-nazis. Il constate que le<br />

secteur commercial manifeste déjà le souhait d’une<br />

i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> tout internaute et il craint que cette<br />

disparition <strong>de</strong> l’anonymat ne se fasse au profit<br />

d’entreprises fabriquant <strong>de</strong>s logiciels. Pour prévenir<br />

toute prise <strong>de</strong> pouvoir par le marché et préserver<br />

certaines libertés <strong>de</strong> l’indivi<strong>du</strong>, Lessig – expert dans le<br />

procès antitrust contre Microsoft en 1997 – plai<strong>de</strong><br />

pour que l’État intervienne pour défendre les valeurs<br />

civiques <strong>du</strong> cyberspace.<br />

Conclusion :<br />

Le cyberespace : une responsabilité<br />

<strong>de</strong> l’État 10<br />

L’avènement <strong>du</strong> cyberespace est indissociable<br />

d’une décision <strong>de</strong> l’État qui, aux États-Unis, a<br />

autorisé <strong>de</strong>s chercheurs à explorer les potentialités <strong>de</strong><br />

communication offertes par les réseaux numériques.<br />

Les chercheurs ont en effet revendiqué l’opportunité<br />

<strong>de</strong> tester et simuler ce qui pourrait être la société <strong>de</strong><br />

<strong>de</strong>main parce qu’ils considéraient le cyberespace<br />

comme un espace sans contrainte. En <strong>de</strong> début <strong>de</strong><br />

XXI e siècle, le contexte n’est plus le même dans la<br />

mesure où le cyberespace – où se jouent le meilleur et<br />

le pire – est désormais largement investi par les<br />

entreprises comme par la société civile. Des<br />

sociologues ont réussi à démontrer combien le<br />

10 Toutes les réflexions liées au terrorisme, qui occupent une place non négligeable dans la littérature sur les réseaux numériques sous l’intitulé<br />

notamment <strong>de</strong> virtual nations, n’ont pas été abordées ici.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!