Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie
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trative à l’image <strong>de</strong> ce qui se pro<strong>du</strong>it dans la sphère<br />
<strong>de</strong> l’entreprise (e-business).<br />
Les réseaux numériques autorisent l’apparition<br />
<strong>de</strong> l’administration électronique se tra<strong>du</strong>isant par<br />
une dématérialisation <strong>de</strong> l’ensemble <strong>de</strong>s démarches<br />
administratives. L’hebdomadaire The Economist<br />
(« The next revolution: a survey of government and<br />
the internet », 24 juin 2000) a consacré un numéro<br />
spécial sur cette mo<strong>de</strong>rnisation <strong>de</strong>s administrations<br />
publiques en prenant <strong>de</strong>s exemples d’Amérique <strong>du</strong><br />
Nord. Un article relate ainsi l’expérience <strong>de</strong> services<br />
on-line dans l’État <strong>de</strong> l’Arizona, politique initiée en<br />
1996 où 15 % <strong>de</strong>s renouvellements <strong>de</strong> cartes pour la<br />
voiture sont désormais faits par internet, ce qui<br />
permet à l’administration d’économiser 1,7 million<br />
<strong>de</strong> dollars par an. Toute transaction avec l’administration<br />
revient généralement à 6,60 dollars alors<br />
qu’elle n’est plus que <strong>de</strong> 1,60 dollar par l’Internet.<br />
L’entreprise IBM, qui a mis en place le système<br />
informatique, récupère 2 % <strong>du</strong> montant total <strong>de</strong> la<br />
transaction. L’État fédéral canadien s’est également<br />
appuyé sur Internet pour transformer son administration<br />
et prévoit ainsi que d’ici 2005, 130 services <strong>de</strong><br />
trente ministères seront mis en ligne sur les sites<br />
fédéraux. Dans un reportage sur l’e-gouvernement en<br />
France (Les Échos, 19 mai 2003), le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong><br />
l’Agence pour le développement <strong>de</strong> l’administration<br />
électronique (ADAE) explique comment le service au<br />
public est susceptible d’être réinventé tout comme<br />
d’ailleurs les conditions <strong>de</strong> travail <strong>de</strong>s agents publics.<br />
Dans le classement <strong>de</strong>s e-gouvernements, le Canada<br />
vient au premier rang, suivi <strong>de</strong> Singapour et <strong>de</strong>s<br />
États-Unis, la France se situant au douzième rang.<br />
La thématique <strong>de</strong> la cyberdémocratie, qui<br />
concerne les modalités <strong>du</strong> jeu politique, peut<br />
toutefois être difficilement abordée si elle ne s’inscrit<br />
pas dans la lignée <strong>de</strong>s termes cyborg et cyborg politics.<br />
Les féministes partent <strong>du</strong> principe que les femmes<br />
ont réussi dans la secon<strong>de</strong> moitié <strong>du</strong> XX e siècle à<br />
représenter un pourcentage non négligeable <strong>de</strong> la<br />
population active, mais qu’elles continuent d’être<br />
faiblement représentées dans les structures <strong>de</strong> la vie<br />
politique. Elles en dé<strong>du</strong>isent que la cyborg politics – en<br />
faisant disparaître le profil <strong>du</strong> sexe et <strong>de</strong> la couleur <strong>de</strong><br />
peau – présente un certain intérêt pour les femmes<br />
soucieuses <strong>de</strong> contribuer au débat politique et <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s acteurs <strong>de</strong> la vie politique. Mais inscrire la<br />
cyberdémocratie dans la continuité <strong>de</strong> la cyborg<br />
politics revient à imaginer un régime démocratique<br />
régi par une certaine hybridité entre les relations <strong>de</strong><br />
pouvoirs s’opérant dans le cyberespace et celles se<br />
déroulant dans la vie politique et sociale habituelle<br />
(pour ne pas dire réelle). Proclamer la cyberdémocratie<br />
revient à théoriser en fait l’hybridation entre<br />
démocratie <strong>de</strong> représentation et démocratie <strong>de</strong><br />
participation, à l’image <strong>de</strong> Tracy Westen (prési<strong>de</strong>nte<br />
<strong>de</strong> grassroots.com). Le cyberespace est perçu comme<br />
un moyen <strong>de</strong> réactiver le système référendaire dans<br />
Cynthia Ghorra-Gobin<br />
une culture politique où l’initiative <strong>du</strong> référen<strong>du</strong>m<br />
revient à la société civile. Les citoyens seraient amenés<br />
à voter pour <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong> politiques relatives à<br />
<strong>de</strong>s intérêts précis et spécifiques (construction d’une<br />
autoroute), tandis que les hommes politiques sont<br />
chargés <strong>de</strong> la mise en place <strong>de</strong> mesures et d’ajustements<br />
nécessaires. Ce contexte politique hybri<strong>de</strong><br />
distingue ainsi <strong>de</strong>ux modalités interactives : un débat<br />
entre citoyens sous la forme <strong>de</strong> cyber-pétitions et un<br />
débat (plus traditionnel) entre citoyens et élus.<br />
Difficile en effet d’imaginer une vie politique limitée<br />
à <strong>de</strong> purs esprits et ne prenant pas en compte le corps<br />
qui participe <strong>de</strong> l’i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> tout indivi<strong>du</strong>.<br />
Tout en étant sensible aux arguments en faveur<br />
<strong>de</strong> l’avènement <strong>de</strong> la cyberdémocratie, force est <strong>de</strong><br />
constater que le cyberespace est vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute forme<br />
<strong>de</strong> contrôle social et qu’il se caractérise par une<br />
absence totale <strong>de</strong> contraintes ritualisées telle qu’elles<br />
existent dans les espaces physiques. C’est dans cette<br />
optique que s’inscrivent les arguments <strong>de</strong> Lawrence<br />
Lessig pour lequel les logiciels structurent, plus que<br />
les lois, les pratiques sociales dans le cyberespace. Les<br />
logiciels sont ainsi perçus comme les paramètres rééls<br />
<strong>de</strong> la liberté dans le cyberespace. Lessig est en faveur<br />
d’une architecture plus maîtrisée et plus contrôlée <strong>du</strong><br />
cyberespace, <strong>de</strong> manière à éviter toute forme <strong>de</strong><br />
chaos : les États <strong>de</strong>vraient inventer <strong>de</strong>s modalités <strong>de</strong><br />
contrôle et ne pas se limiter à interdire l’accès à <strong>de</strong>s<br />
sites détenus par <strong>de</strong>s néo-nazis. Il constate que le<br />
secteur commercial manifeste déjà le souhait d’une<br />
i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> tout internaute et il craint que cette<br />
disparition <strong>de</strong> l’anonymat ne se fasse au profit<br />
d’entreprises fabriquant <strong>de</strong>s logiciels. Pour prévenir<br />
toute prise <strong>de</strong> pouvoir par le marché et préserver<br />
certaines libertés <strong>de</strong> l’indivi<strong>du</strong>, Lessig – expert dans le<br />
procès antitrust contre Microsoft en 1997 – plai<strong>de</strong><br />
pour que l’État intervienne pour défendre les valeurs<br />
civiques <strong>du</strong> cyberspace.<br />
Conclusion :<br />
Le cyberespace : une responsabilité<br />
<strong>de</strong> l’État 10<br />
L’avènement <strong>du</strong> cyberespace est indissociable<br />
d’une décision <strong>de</strong> l’État qui, aux États-Unis, a<br />
autorisé <strong>de</strong>s chercheurs à explorer les potentialités <strong>de</strong><br />
communication offertes par les réseaux numériques.<br />
Les chercheurs ont en effet revendiqué l’opportunité<br />
<strong>de</strong> tester et simuler ce qui pourrait être la société <strong>de</strong><br />
<strong>de</strong>main parce qu’ils considéraient le cyberespace<br />
comme un espace sans contrainte. En <strong>de</strong> début <strong>de</strong><br />
XXI e siècle, le contexte n’est plus le même dans la<br />
mesure où le cyberespace – où se jouent le meilleur et<br />
le pire – est désormais largement investi par les<br />
entreprises comme par la société civile. Des<br />
sociologues ont réussi à démontrer combien le<br />
10 Toutes les réflexions liées au terrorisme, qui occupent une place non négligeable dans la littérature sur les réseaux numériques sous l’intitulé<br />
notamment <strong>de</strong> virtual nations, n’ont pas été abordées ici.