Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

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concertation et de conception jusqu’à la réalisation
des ouvrages. Son objectif est de faciliter la mise en
place d’une approche globale et pluridisciplinaire
tout au long du projet. Pour cela, il cherche à rendre
intuitive la compréhension de phénomènes
d’ambiances simulés au travers d’une restitution
multidimensionnelle : il croise les données 3D du
projet avec des dimensions sensibles telles que le
confort sonore ou thermique (cf. figure n° 4). Le
sensoriel, défini comme un langage universel,
devient support de communication du projet pour
rendre ce dernier plus compréhensible au nonspécialiste.
Figure n° 4 : Illustration CSTB – Utilisation
d’un avatar pour visualiser des conditions
de confort thermo-aéraulique
EVE étant actuellement en développement,
seuls les modules de simulation thermique et
d’acoustique sont opérationnels. Cependant, ce
croisement multidimensionnel entre des phénomènes
physiques d’ambiances et leur restitution
sensible pour faciliter la compréhension du projet,
soulèvent des questions sur sa portée réelle : outil
de simulation ou de communication ? Comment
faire assumer ces deux fonctions par un même
outil ? L’une prendra-t-elle le dessus sur l’autre ?
Cette représentation sensible est-elle objective ou
interprétative ? Et dans ce cas, quel rôle jouera
l’outil dans le projet-débat et qui sera en mesure de
le manipuler ?
Redéploiement d’expertises techniques
et nouvelles compétences
La remontée de ces expertises techniques vers les
phases de la programmation et de la conception
modifient sans doute les modalités de conduite de
projet. Ce recours à l’expertise liée aux ambiances, en
intervenant de plus en plus tôt dans la définition et la
formulation d’une solution, modifie la conduite, la
gestion et l’évaluation du projet. Peut-on pour autant
considérer qu’il introduit les conditions d’une
conception par l’aval en facilitant la gestion des
exigences de la maîtrise d’ouvrage, la prise en compte
Jean-Jacques Terrin & Lamia Tiraoui
de l’usage, les contraintes de la maintenance ? Et que
par là, impose-il de nouveaux positionnements aux
métiers traditionnels de la maîtrise d’œuvre ou
provoque-il l’émergence de nouveaux métiers ?
Ces experts participent à l’identification de
problèmes et à la simulation d’hypothèses. Ils
permettent de tester les variantes du projet et de
faire converger les points de vue vers une
proposition considérée comme optimale, poussant
les acteurs vers des processus plus concourants et
consensuels. Dans le cas de l’aménagement de
Trafalgar Square, le maître d’œuvre n’hésite pas à
s’entourer de spécialistes dans différents domaines
qui sont présents à ses côtés tout au long du
processus de conception et de concertation. Les
rôles respectifs sont clairs : le maître d’œuvre dirige
et coordonne les études. L’expert quant à lui reste
attentif aux intentions du maître d’œuvre et cherche
à optimiser les performances du projet.
Lorsqu’il s’agit d’ambiances, l’expert peut être
amené à interpréter ces performances sur les deux
plans technique et physique. Il recherche un niveau
de confort élevé en évitant des situations à risque, et
traduit les intentions sensibles du maître d’œuvre en
simulant leur impact réel sur le projet. Pour cela, il
peut recourir à des outils de simulation physique des
ambiances ou à des techniques d’imagerie de
synthèse. La réalité virtuelle permet de restituer des
ambiances et d’en valider des effets sensibles
recherchés. L’image qu’il produit rend plus intuitive
la compréhension du projet pour les maîtres
d’ouvrage, les partenaires économiques ou sociaux
et les futurs usagers. D’outil d’aide à la décision, elle
peut facilement se transformer en moyen de
communication et deviendra bientôt un élément
important pour le marketing du projet. On
cherchera grâce à elle à consolider des partenariats et
à stimuler les investissements en vantant les qualités
du projet, notamment son intégration environnementale
et urbaine, et à réduire ainsi ses risques
sociaux, politiques et financiers.
Au-delà de la réponse qu’elles apportent à la
mission qui leur est confiée pour une meilleure
prise en compte des facteurs d’ambiances en amont
du projet, les expertises remplissent ainsi d’autres
missions non explicites qui relèvent de la médiation.
Parallèlement à leurs investigations scientifiques et
techniques, ces experts identifient les besoins et les
attentes des habitants, trouvent des terrains de
dialogue entre maîtres d’ouvrage et maîtres
d’œuvre, entre élus et citoyens, et illustrent des
éléments de réponses pour alimenter ces dialogues.
Que ce soit à Trafalgar Square ou sur l’îlot Tivoli, la
mission de l’expert dépasse largement le cadre d’une
investigation scientifique classique s’appuyant sur
des outils de simulation adaptés. Certes, l’outil reste
essentiel à la quête des performances ambiantales
du projet. Mais ces dernières n’ont qu’une
importance relative au regard des véritables enjeux