Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie
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– la dilution <strong>de</strong> l’information dans une « communication<br />
» (unilatérale) <strong>de</strong> plus en plus déferlante et<br />
pléthorique nuit à l’exercice <strong>de</strong> la citoyenneté 4 ;<br />
– les caractéristiques techniques <strong>de</strong>s TIC et leurs<br />
conditions d’utilisation in<strong>du</strong>isent <strong>de</strong>s pratiques<br />
relationnelles peu propices, voire incompatibles<br />
avec la délibération politique ;<br />
– la « globalspécialisation » [élargissement <strong>de</strong>s<br />
centres d’intérêt et <strong>de</strong>s motifs <strong>de</strong> mobilisation,<br />
mais avec <strong>de</strong>s spécialisations thématiques propres<br />
à chacun] correspond à un affaiblissement <strong>de</strong><br />
l’intégration citoyenne ;<br />
– les TIC contribuent à promouvoir <strong>de</strong>s représentations<br />
territoriales virtuelles, c’est-à-dire <strong>de</strong>s<br />
perceptions <strong>du</strong> territoire factices.<br />
Autre argument, qui n’est pas repris ici, mais<br />
que l’on trouve dans d’autres textes <strong>de</strong> Luc Vodoz<br />
(Vodoz, 1998, p. 13), c’est celui <strong>de</strong> la « fracture<br />
numérique », <strong>de</strong>s risques d’exclusion d’une partie<br />
<strong>de</strong> la population liés à plusieurs facteurs : usage <strong>de</strong><br />
l’écrit, <strong>de</strong> l’anglais, compétences techniques<br />
requises, distribution inégalitaire <strong>de</strong> l’accès à ce<br />
média…<br />
De nécessaires innovations technologiques<br />
et sociopolitiques<br />
Dans l’évaluation <strong>de</strong> la contribution d’Internet<br />
aux processus <strong>de</strong> participation, <strong>de</strong>ux précautions<br />
nous paraissent indispensables. La première est <strong>de</strong><br />
toujours penser l’usage d’Internet en lien et en<br />
complémentarité avec d’autres canaux et d’autres<br />
procé<strong>du</strong>res. La secon<strong>de</strong> est <strong>de</strong> ne pas en <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />
systématiquement plus à ces techniques qu’aux<br />
mo<strong>de</strong>s traditionnels, et <strong>de</strong> ne pas imputer à ces<br />
technologies <strong>de</strong>s dysfonctionnements ou <strong>de</strong>s<br />
difficultés que l’on trouve classiquement dans tout<br />
mo<strong>de</strong> <strong>de</strong> concertation et <strong>de</strong> participation, sauf si<br />
leur amplification est prouvée : faible participation,<br />
monopolisation <strong>de</strong> la parole par certains groupes <strong>de</strong><br />
pression, interventions hors-sujet ou renvoyant à<br />
<strong>de</strong>s préoccupations très indivi<strong>du</strong>elles…<br />
Différents phénomènes politiques, sociaux et<br />
organisationnels font que souvent <strong>de</strong>s procé<strong>du</strong>res <strong>de</strong><br />
démocratie participative ne sont pas sincèrement<br />
mises en œuvre ou ne marchent pas bien.<br />
Phénomènes que les nouvelles technologies ne<br />
permettent pas, en elles-même, <strong>de</strong> surmonter, sauf<br />
par contournement, par exemple, lorsqu’une<br />
association récupère, via Internet, <strong>de</strong>s informations<br />
(un rapport officiel, l’expérience d’autres villes…),<br />
qui renforcent ses capacités <strong>de</strong> proposition et <strong>de</strong><br />
négociation sur une scène locale, face à <strong>de</strong>s représentants<br />
<strong>de</strong>s pouvoirs publics jouant la fermeture.<br />
Philippe Blancher<br />
Internet et les nouvelles technologies <strong>de</strong> l’information<br />
peuvent, au moins dans un premier temps,<br />
renforcer <strong>de</strong>s blocages, susciter <strong>de</strong>s craintes chez <strong>de</strong>s<br />
représentants <strong>de</strong>s pouvoirs publics et <strong>de</strong> citoyens peu<br />
familiarisés par ces techniques. Il est donc important<br />
<strong>de</strong> réfléchir aux innovations sociopolitiques qui<br />
doivent accompagner l’innovation technologique.<br />
De ce point <strong>de</strong> vue, les réflexions et les initiatives <strong>de</strong>s<br />
associations militant pour un usage démocratique<br />
d’Internet sont particulièrement intéressantes.<br />
Appropriation <strong>de</strong>s TIC par les acteurs<br />
et transformation <strong>du</strong> système<br />
d’acteurs<br />
Transparence dans l’administration publique<br />
et exercice <strong>de</strong> la citoyenneté<br />
Les qualités prêtées à Internet sont congruentes<br />
avec celles atten<strong>du</strong>es <strong>de</strong> gouvernements et d’administrations<br />
« mo<strong>de</strong>rnes » : transparence, capacités<br />
d’interactions directes avec les citoyens…<br />
Au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, le droit <strong>de</strong>s<br />
citoyens à l’information sur tout sujet les<br />
concernant et la transparence dans l’administration<br />
publique se sont affirmés comme <strong>de</strong>s principes forts<br />
<strong>de</strong> l’action publique, tra<strong>du</strong>its dans un certain<br />
nombre <strong>de</strong> textes au niveau national et international.<br />
Mentionnons, en particulier, au niveau<br />
multilatéral, la directive n° 90/313 <strong>du</strong> Conseil <strong>du</strong><br />
7 mai 1990 qui traite <strong>de</strong> la liberté d’accès à l’information<br />
en matière d’environnement, ou la<br />
convention sur l’accès à l’information, la participation<br />
<strong>du</strong> public au processus décisionnel et l’accès<br />
à la justice en matière d’environnement signée à<br />
Aarhus (Danemark), le 25 juin 1998.<br />
Internet peut être un moyen d’assumer ces<br />
obligations d’information et <strong>de</strong> transparence <strong>de</strong><br />
façon plus efficace, d’ailleurs la Convention<br />
d’Aarhus incite les pouvoirs publics à en faire usage<br />
et plusieurs travaux ont été menés dans ce sens 5 .<br />
Quels usages et quelle appropriation<br />
par les pouvoirs publics ?<br />
Les usages potentiels d’Internet par les pouvoirs<br />
publics sont multiples, relevant <strong>de</strong> l’administration<br />
électronique (e-administration) ou <strong>de</strong> la démocratie<br />
électronique (e-démocratie). Plusieurs programmes<br />
aux niveaux national et européen6 visent à renforcer<br />
ces <strong>de</strong>ux types d’usages. Toutefois, comme le montre<br />
Andrew Chadwick dans un article <strong>de</strong> 2001, au niveau<br />
4 Sur cet argument, voir aussi Bertrand Labasse (Labasse, 2002).<br />
5 Voir les communications faites sur ce sujet dans le cadre <strong>du</strong> 15 ème symposium international L’informatique pour la protection <strong>de</strong> l’environnement,<br />
« Sustainability in the Information Society », 10 au 12 octobre 2001 à l‘ETH <strong>de</strong> Zürich (Kleindienst et alii, 2001 ; Johansen et alii, 2001).<br />
6 Citoyens et gouvernance dans une société <strong>de</strong> la connaissance,6 ème Programme Cadre.