Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

Introduction
OUTILS DE CONCEPTION ET MODE DE CONCERTATION
Dans des processus où la consultation des citoyens joue un rôle important, comme les
enquêtes publiques par exemple, l’émergence de nouveaux outils de simulation, de
représentation et de communication ouvre de nouvelles perspectives dans les relations entre
concepteurs, maîtres d’ouvrage et futurs usagers. Ces modes interactifs et visuels qui se
développent, où chaque citoyen va pouvoir directement interagir avec les propositions qui lui
sont soumises et voir comment ses propres demandes s’y répercutent, nous posent de nouvelles
questions : allons-nous vers un changement de paradigme, où l’utilisateur passerait du statut
de consulté finalement assez passif, appelé à émettre son opinion sur un projet déjà élaboré à
celui de vrai partenaire avec lequel se nouerait un dialogue permanent qui autoriserait la coconstruction
du projet et l’émergence d’idées novatrices ? Ces technologies permettront-elles de
mieux cerner les avantages et les inconvénients de différentes alternatives ?
Une première réponse à ces interrogations est apportée par l’article « Systèmes d’information
pour la participation des citoyens aux décisions relatives à l’aménagement du
territoire » de Robert Laurini, où l’auteur s’intéresse aux outils informatiques qui permettent
d’impliquer des citoyens, non seulement pour favoriser le dialogue mais aussi pour enrichir le
débat et la prise de décision finale. Après un rappel des différents degrés de concertation et une
catégorisation des systèmes informatiques potentiels (hypercartes, visualisation 3d, forums de
discussion, simulation des impacts des choix d’aménagement, positionnement des opinions), il
passe brièvement en revue quelques expériences étrangères, principalement aux États-Unis,
avant d’analyser deux sources de blocage qui freinent l’adoption de ces outils en France.
Existent toutefois des expériences de ce genre en France comme en atteste l’article de Jean-
Jacques Terrin et Lamia Tiraoui, « Pratiques de projet et nouvelles technologies liées aux
ambiances ». Pour les auteurs, les technologies de simulation se révèlent autant des outils de
recherche des performances que des consensus, et peuvent transformer les maîtres d’ouvrages
en prescripteurs. Leur analyse, qui s’appuie sur la modélisation des ambiances, montre
comment ces technologies favorisent la communication avec le futur usager et permettent de
simuler et d’anticiper les effets du projet dès sa phase amont. Leur propos est illustré par deux
études de cas en Belgique et à Londres, et la présentation d’un outil de simulation développé
par le CSTB. Dans ces différents cas, les systèmes informatiques restent des outils au service
d’experts chargés d’établir le dialogue entre élus, techniciens et citoyens. Les technologies
apparaissent moins comme des instruments de démocratisation du débat que comme des outils
au service de l’expertise technique, qu’elles réorientent vers les phases de programmation et de
conception en donnant parallèlement aux experts un rôle croissant de médiateur.
Les nouveaux modes de concertation qui usent des TIC font souvent appel à la visualisation
et à la modélisation en trois dimensions des projets ; ces techniques forment le point de départ
du premier article de Paul Drewe, « Physical and virtual spaces. How to deal with their
interaction ? ». Après avoir succinctement énuméré les apports de la visualisation par
ordinateur, l’auteur s’intéresse à la « planification en ligne participative », dont il pressent le
potentiel pour démocratiser les décisions dans le domaine des opérations d’aménagement et
favoriser la sensibilisation et l’implication du grand-public.
Inversement, il se demande comment figurer physiquement les réseaux virtuels et suggère
de s’inspirer des métaphores et des représentations urbaines.
Explorer davantage les interactions entre espaces virtuels et espaces physiques, ainsi que
l’influence des TIC sur les nouveaux concepts de planification spatiale et le rôle prépondérant
que joueront les réseaux dans la structuration de ces espaces, est le leitmotiv de sa conclusion
qui sert aussi d’ouverture à son article suivant « ICT and urban design, a paradigme
challenge ».
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