Daniel Kaplan - Portail documentaire du Ministère de l'Ecologie

Pratiques de projet et nouvelles technologies liées aux ambiances
prétation et la représentation des phénomènes
sensibles sont difficilement saisissables. Dans une
approche holistique, la prise en compte de cette triple
dimension des ambiances implique le croisement
entre sciences physiques et sciences humaines, et
donc une approche transversale et interdisciplinaire.
En effet, contrairement aux phénomènes physiques
qui peuvent relativement facilement être simulés et
anticipés à n’importe quel stade du projet, on
cherche plutôt à associer l’étude des phénomènes de
perception et d’usage tout au long du processus de
conception. Les interactions entre usage et projet
sont complexes, contrairement aux phénomènes
physiques, car elles n’entretiennent pas de rapports
« linéaires » avec l’espace bâti.
De nombreuses techniques d’évaluation des
phénomènes d’ambiances reposent sur le principe
de la modélisation et visent à reproduire les
conditions d’ambiance d’un projet. La modélisation
numérique ne remplace pas les techniques de
mesure in situ, car elle ne peut pas traduire la
complexité d’un environnement urbain existant.
Mais, contrairement aux méthodes de mesure, la
modélisation permet de tester et d’analyser un
dispositif architectural ou un aménagement urbain
à l’état de projet. La simulation facilite l’anticipation
des impacts d’un projet sur les plans thermique,
sonore, de la pollution de l’air, … et permet ainsi de
faire remonter en amont du projet, des données
d’ordre technique et physique.
Ainsi les expertises accompagnant le projet,
notamment au cours de leurs phases amont, ont de
plus en plus fréquemment recours à ces techniques
de simulation des phénomènes d’ambiance. Cellesci
permettent de tenir compte de phénomènes
d’ordre à la fois sensible et physique dès les phases
de programmation et de faisabilité. Lors de l’exploration
d’un scénario, elles rendent possible à
moindre coût la comparaison entre deux propositions,
simplifient le débat engendré, facilitent la
validation et la description de la solution retenue,
validation au travers d’intentions d’ambiances
représentées et mises en forme de façon explicite
pour tous les acteurs du débat.
Le rôle des techniques et les missions
d’expertise de la phase amont
Ces techniques liées à la simulation et la
représentation des ambiances peuvent assumer deux
rôles dans une gestion du projet : elles permettent
d’une part de restituer et de communiquer au futur
usager certains effets sensibles de son projet et
d’autre part, elles permettent de simuler et de
mesurer dès l’amont du projet des phénomènes
physiques – d’ambiances – qui traditionnellement
sont définis en aval.
13 Extrait du discours de Michel Foret, ministre wallon de l’Aménagement du territoire et de l’environnement.
Trois exemples illustrent l’intérêt que peuvent
représenter pour la prise de décision cette remontée
des techniques relatives aux ambiances vers l’amont
du projet.
• Le ministère de l’Aménagement wallon et la ville de
Liège avaient subi d’importants préjudices lors de la
réalisation de l’extension du Palais de Justice situé au
centre de cette ville. Les habitants du quartier avaient
en effet saisi le Conseil d’État pour empêcher
l’exécution de cette construction, prétextant d’importants
préjudices en termes d’ensoleillement et de
visibilité. Afin d’anticiper d’éventuelles réactions
citoyennes du même type lors du nouvel
aménagement qu’elles projettent sur l’îlot Tivoli, les
autorités décident de faire appel à une expertise
indépendante. L’îlot Tivoli, du fait de sa double
qualité symbolique et historique, rend en effet très
délicats les rapports entre élus et citoyens. Les
objectifs majeurs de l’étude confiée au LEMA
(Laboratoire d’Etude Méthodologique d’Architecture
de l’Université de Liège) sont de « confronter les
opinions aux possibilités objectives offertes par le
site… » et de « … fournir aux autorités communales
liégeoises un outil scientifique d’aide à la décision » 13 .
Il s’agit donc pour cette équipe de chercheurs :
– d’enrichir, en amont de la conception, les questionnements
en identifiant les attentes des citadins, en
tentant de les intégrer dans le projet tout en gérant les
contradictions entre intentions de départ et opinions,
– de disposer d’un argumentaire établi “scientifiquement”
croisé avec les attentes citoyennes
permettant de mieux engager les discussions élucitoyen,
– d’augmenter l’implication du citadin dans le
projet lors de la phase de pré-programmation, et
de le faire participer à la mise en forme urbaine.
Les intentions de la maîtrise d’ouvrage tenaient
plutôt à maîtriser d’éventuels conflits qu’à s’assurer
d’un total consensus des habitants. La mission du
LEMA comprenait donc non seulement l’analyse de
l’impact des différents scénarios d’aménagement
proposés sur l’ensoleillement et le confort thermique
des édifices existants – ce qui constitue son domaine
spécifique de compétence – mais également sur la
qualité de l’espace public engendré, notion floue et
difficile à cerner.
Le LEMA entreprend des études de visibilité,
d’ensoleillement et de confort thermique à partir des
scénarios proposés en utilisant Townscope, un outil
développé par l’équipe (cf. figure n° 1, infra). Cellesci
soulignent les qualités des espaces et les problèmes
d’ambiances provoqués par chaque proposition
d’aménagement. Parallèlement, le CLEO (Centre
Liégeois d’Étude d’Opinion) entreprend des
campagnes de sondage sur le devenir de l’îlot Tivoli,
qui rendent compte des oppositions majeures à
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