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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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oeuvre f st appelée, je le crains bien, u faire<br />

naitre benucoup d'hypotbèses <strong>et</strong> à donner<br />

matière à hien <strong><strong>de</strong>s</strong> conjectures. Comment est-<br />

elle arrivée au Mauritshuis ? Ceci est ditféreut<br />

: on croit le savoir. Avant d'aller s'égarer<br />

dans les greniers du Musée, elle était à <strong>la</strong><br />

maison du Noor<strong>de</strong>in<strong>de</strong> qui jadis fut habitée<br />

par Louise <strong>de</strong> Coligny.<br />

Il parait dom-. fort présumable que c'est avec<br />

c<strong>et</strong>te malheureuse princesse qu'il serait venu<br />

<strong>de</strong> France, <strong>et</strong> pour tous ceux qui savent quel<br />

culte <strong>la</strong> veuve du comte <strong>de</strong> leligny professait<br />

pour <strong>la</strong> mémoire <strong>de</strong> son père, rhj-potlièse <strong>de</strong>vient<br />

une certitud''.<br />

Juste au-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous <strong>de</strong> ce triple portrait se<br />

trouve celui <strong>de</strong> Louise <strong>de</strong> Colignj-, aimable <strong>et</strong><br />

sainte femniR que Guil<strong>la</strong>ume le Taciturne aima<br />

pour ses vertus <strong>et</strong> qui méritait <strong>de</strong> l'être pour<br />

sa grâce. Et tout à côté le poi'trait <strong>de</strong> Guil<strong>la</strong>ume<br />

lui-même, peint p)ar Mierevelt, entouré<br />

d'un grand cadre noir sur <strong>la</strong> bordure duquel<br />

on a tra' é en l<strong>et</strong>tres d'or les <strong>de</strong>rniers mots<br />

que prononça ce grand homme, en tombant<br />

sous les balles d'un misérable asscissin : « Mon<br />

Dieu, ayes pitié <strong>de</strong> mon âme; mon Dieu, ayes<br />

pitié <strong>de</strong> ce pauvre peuple. »<br />

C'est dans le procès-verbal <strong><strong>de</strong>s</strong> États généraux,<br />

procès-verbal dressé une heure <strong>et</strong> <strong>de</strong>mie<br />

après <strong>la</strong> mort du prince, que M. <strong>de</strong> Jong qui<br />

est à <strong>la</strong> fois directeur du Musée <strong>et</strong> conservateur<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> archives a r<strong>et</strong>rouvé <strong>la</strong> mention <strong>de</strong><br />

ces mémorables paroles. Elles ont donc une<br />

haute saveur historique.<br />

Les autres princes <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison d'Orange<br />

sont abondamment représentés dans c<strong>et</strong>te salle<br />

<strong>de</strong> portraits. Maurice, Frédéric-Henri avec son<br />

admirable femme Amélie <strong>de</strong> Solms, « dont <strong>la</strong><br />

beauté <strong>et</strong> <strong>la</strong> bonne grâce estoient, au dire <strong>de</strong><br />

du Maurier, accompagnées <strong>de</strong> mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tie <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

sagesse; » Guil<strong>la</strong>ume II, Guil<strong>la</strong>ume Friso, Philippe<br />

<strong>de</strong> Nassau. Mallieureusement les noms <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

peintres ne répon<strong>de</strong>nt pas comme éc<strong>la</strong>t à ceux<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> princes pourtraiclurés.<br />

Bol est le plus connu d'entre eux <strong>et</strong> il figure<br />

honorablementdans <strong>la</strong> galerie avec le portrait<br />

du fds <strong>de</strong> Ruyter, qui est un excellent morceau.<br />

Mais au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l'art, le grand<br />

intérêt <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te salle nouvelle c'est qu'elle<br />

nous perm<strong>et</strong> <strong>de</strong> nous familiariser avec Ravesteyn,<br />

ce doyen <strong>de</strong> <strong>la</strong> peinture civique dans les<br />

Pays-Bas, que, somme toute, on connaît fort<br />

peu, <strong>et</strong> qui est cependant très-digne d'être<br />

connu.<br />

Il y a là une douzaine <strong>de</strong> portraits <strong>de</strong> lui, tous<br />

représentant <strong><strong>de</strong>s</strong> gentilshommes <strong>de</strong> <strong>la</strong> maison<br />

militaire du stathou<strong>de</strong>r Maurice <strong>et</strong> qui sont <strong>de</strong><br />

très-bons tableaux.<br />

Au premier abord ils n'ont rien d'éc<strong>la</strong>tant,<br />

<strong>et</strong> semblent par <strong>la</strong> répétition <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes uniformes<br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> mêmes ajustements se détachant<br />

sur un même fond, empreints <strong>de</strong> ni'Uiotonie.<br />

Mais dès qu'on les étudie, on y découvre <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

qualités <strong>de</strong> premier ordre.<br />

Les physionomies surtout sont admirables<br />

<strong>de</strong> linesse <strong>et</strong> <strong>de</strong> vérité. Ce sont <strong><strong>de</strong>s</strong> caractères<br />

plutôt que <strong><strong>de</strong>s</strong> figures qu'on a sous les yeux.<br />

Les mains sont en outre magnitiquement <strong><strong>de</strong>s</strong>sinées.<br />

Quant à <strong>la</strong> couleur <strong>et</strong> au mo<strong>de</strong>lé, ils<br />

sont lins <strong>et</strong> soli<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>et</strong> <strong>de</strong> tout point excellents.<br />

Tout Van <strong>de</strong>r Helst est là <strong>de</strong>dans, <strong>et</strong> Van <strong>de</strong>r<br />

ET DE LA CURIOSITÉ 103<br />

Helst est venu presque cinquante ans après<br />

Ravest eyn.<br />

Nous ne pouvons donc trop remercier le<br />

nouveau directeur du MauriUhuisà'-A^oh' sauvé<br />

d'une <strong><strong>de</strong>s</strong>truction certaine ces œuvres si intéressantes.<br />

Grâce à lui, voilà en eif<strong>et</strong> un bon<br />

peintre remis en lumièie <strong>et</strong> après avoir admiré<br />

<strong>la</strong> gran<strong>de</strong> SchntUnt'ik du musée communal<br />

<strong>de</strong> La Haye, si pleine <strong>de</strong>mouvement <strong>et</strong> d'entrain,<br />

ou pourra dans <strong><strong>de</strong>s</strong>ceuvres plus calmes <strong>et</strong> plus<br />

mo<strong><strong>de</strong>s</strong>tes se rendre compte <strong><strong>de</strong>s</strong> procédés <strong>et</strong>du<br />

travail d'un vieux maître qui, je le répète, est<br />

par ordre <strong>de</strong> date un <strong><strong>de</strong>s</strong> premiers champions<br />

<strong>de</strong> l'école hol<strong>la</strong>ndaise.<br />

Henry Havakd.<br />

LN AUTOGRAPHE DE JORDAENS<br />

L'art fluni'ind dans l'Est <strong>et</strong> le Midi <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

France (rapport au Gouvernement fiançais},<br />

par Alfred Michiels, tel est le titre d'un volume<br />

qui paraîtra prochainement chez l'éditeur<br />

Henri Loones. Il contient <strong><strong>de</strong>s</strong> renseignements<br />

curieux sur les origines <strong>de</strong> l'tcole f<strong>la</strong>man<strong>de</strong>,<br />

sur ses diverses époques <strong>et</strong> ses différents<br />

maîtres, à propos <strong><strong>de</strong>s</strong> œuvres que contiennent<br />

les églises, couvents, hospices, collections publiques<br />

<strong>et</strong> particulières <strong>de</strong> nos provinces, <strong>de</strong>puis<br />

Paris jusqu'à Marseille. Nous en prenons le<br />

passage suivant, re<strong>la</strong>tif à une composition hétérodoxe,<br />

queJordaens a dû tenir cacuée toute<br />

sa vie.<br />

« Aucun peintre peut-être n'a <strong>la</strong>issé <strong>de</strong> plus<br />

nombreux autographes que Rubeus ; on en découvre<br />

tous les jours. 11 semble, au contraire, que<br />

Jordaeus, le maître calviniste, par pru<strong>de</strong>nce ou<br />

pour toute autre raison, ait très-peu écrit; on ne<br />

connaissait pas jusqu'à présent, une ligne <strong>de</strong> sa<br />

maiu. Or, le musée <strong>de</strong> Grenoble possè<strong>de</strong> un <strong><strong>de</strong>s</strong>-<br />

sin aux <strong>de</strong>ux crayons, sur lequel il a mis une inscription<br />

importante, qui trahit ses préoccupations<br />

religieuses. C'est une satire coutre les soutiens <strong>de</strong><br />

l'Eglise romaine. Ils sont tous réuuis dans uue<br />

gran<strong>de</strong> salle, les puissants du mon<strong>de</strong>, les chefs<br />

politiques <strong>et</strong> les chefs ecclésiastiques, non moins<br />

bornés les uns que les autres, examinant d'un air<br />

slupi<strong>de</strong> uue figure travestie <strong>et</strong> masquée, dont on<br />

<strong>de</strong>vine à peine les formes sous un <strong>la</strong>rge froc muni<br />

d'au capuchon; ils prennent ce mauuequin pour<br />

<strong>la</strong> vérité, l'auguste vérité ! Chacun <strong>de</strong> ses aduiira-<br />

teurs est uue caricature ; un souverain bête <strong>et</strong><br />

irritable occupe le haut <strong>de</strong> l'image ; tout près <strong>de</strong><br />

lui, comme son conseiller, se tient un fou avec sa<br />

marotte, .\u-<strong><strong>de</strong>s</strong>sous d'eux, on voit un troupier ridicule,<br />

sottement coiffe d'un ca-que iutermiuable,<br />

jiuis un cai'diual, un évêque non moins imbéciles,<br />

uu juge ine[)te, un dévot sincère <strong>et</strong> obtus, qui se<br />

confon<strong>de</strong>nt en admiration <strong>de</strong>vant c<strong>et</strong>te maquelti»<br />

habillée, tandis qu'une jeune h-nime du peuple,<br />

accompagnée <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>ux enfants, se moque du<br />

vain sinudacre. Derrière <strong>la</strong> fausse vérité, ou aperçoit<strong>la</strong><br />

vraie, nue jusqu'à <strong>la</strong> ceinture, que le Temps<br />

pousse <strong>de</strong>vant lui, en <strong>la</strong> tenant par <strong>la</strong> taille ; <strong>de</strong>rrière<br />

le Temps, uu p<strong>et</strong>it gari;on tout uu. emblème

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