chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...
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CORRESPONDANCE DITALIE<br />
EXPOSITION DE LA VIL^A MKDICIS<br />
Samedi 28 avril <strong>1877</strong>.<br />
Je suis arrivé à Rome au moment où l'exposition<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> envois venait d'être fermée. Les œuvres<br />
étaient çà <strong>et</strong> là rangées dans <strong>la</strong> bibliothèque <strong>et</strong><br />
tournées contre le mur, près <strong><strong>de</strong>s</strong> caisses qui al<strong>la</strong>ient<br />
les recevoir. Grâce à l'amabilité <strong>de</strong> quelquesuns<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> pensionnaires, j'ai pu néanmoins j<strong>et</strong>er un<br />
coup d'œil rapi<strong>de</strong> sur TExposition qui va s'ouvrir<br />
dans <strong>de</strong>ux mois à Paris, au jia<strong>la</strong>is<strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-Arts.<br />
M. Morot, pensionnaire <strong>de</strong> troisième <strong>année</strong>, envoie<br />
une copie <strong>de</strong> <strong>la</strong> fresque <strong>de</strong> <strong>la</strong> chapelle Sixtine,<br />
représentant Adam animé par le Créateur. C'est<br />
une copie serrée, très-juste d'aspect, très-vraie<br />
d'impression, <strong>et</strong> qui se tient très-exactement dans<br />
les tons <strong>de</strong>là fresque.<br />
Le même artiste exposera également l'esquisse<br />
d'un tableau: le Bon Samaritai7i. Le blessé est<br />
assis sur un âne, sou corps fatigué <strong>et</strong> épuisé par<br />
ses blessures, s'appuie sur le Don Samaritain qui<br />
le soutient en marchant à côté <strong>de</strong> lui. Le mouvement<br />
<strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier est excellent par <strong>la</strong> simplicité<br />
<strong>et</strong> le naturel : <strong>la</strong> tête a un grand caractère. Le<br />
peintre s'est débarrassé du type convenu que présentent<br />
les vieux modèles d'atelier à barbe b<strong>la</strong>nche.<br />
C'est au milieu <strong><strong>de</strong>s</strong> rochers que <strong>la</strong> scène se passe.<br />
Peut-être eu pourrait on regr<strong>et</strong>ter l'uniformité <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
tons gris si l'on n'apercevait au fond, entre <strong>de</strong>ux<br />
rocs écartés, une c<strong>la</strong>irière lointaine que vieut dorer<br />
uu soleil couchant.<br />
Le Suint Benoit ressuscitant un enfaut, par M. Besnard<br />
(2^ <strong>année</strong>), est à tout prendre un bon envoi,<br />
quoiqu'il soit permis <strong>de</strong> souhaiter au jeune peintre<br />
un peu <strong>de</strong> vigueur <strong>et</strong> nue plus grau<strong>de</strong> hardiesse<br />
dans le sens <strong>de</strong> l'originalité. La composition<br />
n'est point à critiquer, mais l'exécution témoigne<br />
d'une hâte trop gran<strong>de</strong>. Le saiut tient dans ses genoux<br />
le corps du jeune enfaut ; à côté <strong>de</strong> lui <strong>la</strong><br />
mère anxieuse, tourmentée <strong>de</strong> douleur, hal<strong>et</strong>ante<br />
d'espoir, dévore du regard <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> son enfant;<br />
a <strong>la</strong> voix du saint, c<strong>et</strong>te jeune tête se relève <strong>et</strong><br />
dans un mouvement que je ne saurais trop louer,<br />
le corps raidi par <strong>la</strong> mort semble s'assouplir <strong>et</strong><br />
renaître. Je signale comme un morceau remar<br />
qnable c<strong>et</strong>te partie du tableau.<br />
M. Commerre, qui est <strong>de</strong>puis un an à <strong>la</strong> vil<strong>la</strong><br />
.Médicis, <strong>de</strong>vait, pour se conformer au règlement,<br />
envoyer une seule figure. Le suj<strong>et</strong> <strong>de</strong> Jézfûj<strong>et</strong> dé-<br />
corée par les chiens est très-heureusement choisi : il<br />
satisfait au programme <strong>et</strong> renferme une vive action<br />
dramatique. Eutièrementnue, étendue dans un<br />
raccourci violent au bas d'un escalier <strong>de</strong> marbre,<br />
Jézabel est entourée <strong>de</strong> chiens noirs qui <strong>de</strong> tous<br />
côtés l'assaillent. Liinagination donne à une telle<br />
suppliciée, <strong><strong>de</strong>s</strong> efforts éiiergiques, <strong><strong>de</strong>s</strong> mouvements<br />
<strong>de</strong> désespoir, <strong>de</strong> rage. Quel raidissement<br />
démuselés ne suppuse pas une pareille lutte ! L'artiste<br />
a faiblement reudu ee côté <strong>de</strong> sun suj<strong>et</strong>. Les<br />
bras se ten<strong>de</strong>nt, les jambes s'allongent, le torse<br />
se soulève, mais doucement, on ne sent pas c<strong>et</strong>te<br />
sorte <strong>de</strong> furie hal<strong>et</strong>ante que rend nécessaire au<br />
aussi sauvage combat. La couleur générale est<br />
ET DE LA CURIOSITÉ iSi<br />
froi<strong>de</strong>, b<strong>la</strong>nche, sans accents; les cheveux <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
victime se confon<strong>de</strong>nt çà <strong>et</strong> là avec le pe<strong>la</strong>ge <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
chiens, <strong>et</strong> ciucuue différence <strong>de</strong> tons ne vient rom-<br />
pre <strong>la</strong> monotonie <strong>de</strong> ces noirs. Mais j'ai hâte d'arriver<br />
à l'éloge: L'exécution est traitée avec un<br />
soin extrême <strong>et</strong> eu môme temps avec une <strong>la</strong>rgeur<br />
véritable, tel morceau du torse est d'une facture<br />
puissante. On peut avec une gran<strong>de</strong> confiance, attendre<br />
.M. Commerre à l'aunéi- prochaine; il est <strong>de</strong><br />
ceux qui ne tromperont pas l'espoir qu'on conçoit<br />
<strong>de</strong> leur talent.<br />
Je ne parle [«as du tableau <strong>de</strong> .M. Ferrier. l'artiste<br />
a vu arriver l'expiration <strong>de</strong> sa pension avant<br />
d'avoir pu terminer son <strong>de</strong>rnier envoi. .Mais sa<br />
Suinte Agnès figurera certainement à l'Exposition<br />
<strong>de</strong> notre pa<strong>la</strong>is <strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-.\rts.<br />
J'ai été également privé <strong>de</strong> voir le Saint Chris-<br />
fop/œ <strong>de</strong> M. Coutan. Son groupe en marbre était<br />
encore aux mains <strong><strong>de</strong>s</strong> praticiens.<br />
Tout entier à son envoi <strong>de</strong> quatrième <strong>année</strong>,<br />
M. Idrac ne s'est pas trouvé en mesure pour son<br />
troisième envoi. L'an prochain nous dédommagera<br />
entièrement.<br />
M. lujalbert (-l^ <strong>année</strong>) a exposé un Christ en<br />
croix. Le suj<strong>et</strong> à coup sur n'était pas nouveau,<br />
mais le jeune sculpteur s'est efforcé <strong>de</strong> le rnjennir<br />
par une tentative originale. Les bras du Christ<br />
sont attachés très-haut sur <strong>la</strong> croix. Le torse entraîné<br />
par son propre poids r<strong>et</strong>ombe si bien, que<br />
les genoux jdient sur eux-mêmes <strong>et</strong> décrivent un<br />
angle presque droit. On doit tenir compte à l'auteur<br />
<strong>de</strong> n'avoir pas craint d'abor<strong>de</strong>r une difficulté<br />
aussi réelle, mais peut-être faut-il reconnaître que<br />
l'essai est plus intéressant qu'heureux. Ces genoux<br />
démesurément en saillie forment une ligne peu<br />
agréable aux yeux <strong>et</strong> r<strong>et</strong>irent toute noblesse à<br />
l'ensemble. Ce mouvement, d'ailleurs quelque<br />
I)eu réaliste, est-il vrai? Je ne le crois pas. Les<br />
chairs ue peuvent s'affaisser à ce point sur ellesmêmes<br />
sans se déchirer. .Mais, à part <strong>la</strong> tête, qui<br />
est presque vulgaire, il y a <strong>de</strong> très-sérieuses qua-<br />
lités <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>lé dans c<strong>et</strong> envoi. Une étu<strong>de</strong> rigou-<br />
reuse s'y fait sentir.<br />
Lors <strong>de</strong> ma visite à <strong>la</strong> vil<strong>la</strong> Médicis, <strong>la</strong> copie<br />
du Ménnndre <strong>de</strong> .M. Hugues, était déjà p<strong>la</strong>cée dans <strong>la</strong><br />
eaisse qui <strong>de</strong>vait l'emporter; je n'ai donc jm <strong>la</strong><br />
voir. :\Iais je suis arrivé à temps pour regar<strong>de</strong>r le<br />
Hupténe du Christ. C'est une gran<strong>de</strong> composition<br />
en relief, estimable, intéressante, mais uu peu<br />
dénuée <strong>de</strong> traits sail<strong>la</strong>nts. Le Christ se présente<br />
<strong>de</strong> face dans l'altitu<strong>de</strong> consacrée du baplême, le<br />
bras droit croisé sur <strong>la</strong> poitrine, <strong>la</strong> main gauche<br />
r<strong>et</strong>enant les dra[ieri 'S ton)bantes. Certains morceaux<br />
sont remarq\iablenieut traités. La tête <strong>de</strong><br />
saint Jean, p<strong>la</strong>cée <strong>de</strong> profil, est d'une charm mie<br />
expression. Toutefois, ce n'e.-t pas par ci-tte u-uvre<br />
première qu'on peut juger le talent <strong>de</strong> .M. Hugues.<br />
Sous le soleil d'Italie, ce talent va s'animer<br />
<strong>et</strong> se colorer pour ainsi dire.<br />
Il m'est intei-dit, <strong>et</strong> pour cause, <strong>de</strong> parier jamais<br />
d'architecture, celle fuis surtout : les envois<br />
étaient sur le point <strong>de</strong> partir; je puis uéaumoius<br />
vous en indiquer les suj<strong>et</strong>s :<br />
.M. Lambert a restauré V Acropole (rAthèw< rt<br />
relevé le Pa<strong>la</strong>is co'naninal <strong>de</strong> Brescin.<br />
•M. Lovi<strong>et</strong> donne les détails <strong>de</strong> tombeaux l iiii<br />
dans le cloître <strong>de</strong> Santa-Mario délia Race, l'autre<br />
dans l'hôpital <strong>de</strong> .Mrelevé<br />
un chapiteau du temple <strong>de</strong> Castor <strong>et</strong> PoUux. <strong>et</strong><br />
nrniche du Temple <strong>de</strong> <strong>la</strong> Concor<strong>de</strong>. M. Paulin<br />
une .