chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

Ni Jean II ni Thierry d'Alsace ne sortent de la
médiocrité ; c'est de la peinture lourde, avec
pourpre et hermine, sans portée historique, sans
verve, sans nerfs, et où la science même, cette
science qui demeure le titre le plus clair du peintre,
est assez douteuse.
Il n'en est pas moins vrai que ces portraits continueront
à porter le nom d'historiques.
Il y en aura douze en tout.
L'Etat les paie 90.000 fr. cà l'artiste.
Camille Lemonnier.
LA FABRIQUE DE TAPISSERIES DE FERRARE
Stiite et fin (1).
Jean-Baptiste Dosso paraît avoir été le fournisseur
attitré des cartons destinés à « l'arazzeria »
d'Hercule II. De 1535 à 1547, il exécuta pour elle
un grand nombre de compositions : le Parnasse
avec les Muses et avec les Vices chassés par Her-
cule, Apollon et Minerve, le mariage d'Hercule et
d-'Hébé, Hercule délivrant Ixion, Hercule tuant
l'Hydre, les Métamorphoses, des berceaux de verdure,
etc.
Après sa mort, arrivée en 1548, Guglielmo Boides
et Camillo Filippi furent chargés de continuer
l'histoire d'Hercule.
Luca Cornelio, ou Luca d'Olanda (Lucas Engelbrecht?),
travailla également pour la manufacture;
il exécuta surtout des paysages et des grotesques.
B. Dosso et C. Filippi peignirent les figures de
quelques-uns de ces ouvrages.
Les archives de Ferrare sont malheureusement
muettes sur les travaux de Jules Romain et nous
en sommes réduits à ce sujet au témoignage de
Vasari (Ed. Lemonnier, x, 110).
Plus tard, Hercule II n'eut plus recours qu'à des
peintres, à savoir : Girolamo da Carpi, Jacopo
d'Argenta, Camillo Filippi et Leonardo da Brescia.
Parmi les tapisseries exécutées d'après les cartons
de ces artistes, mentionnons les séries suivantes
: les aigles blancs (cinq pièces), ainsi nommés
parce que l'on y avait figuré le grand aigle
blanc de la maison d'Esté ; les chevaux ; les cités;
ces dernières contenaient des vues des principales
villes ou citadelles agrandies, embellies, ou forti-
fiées par le duc : Ferrare, Modène, Reggio, Carpi,
Rubiera et Brescello. Des documents contemporains
attestent l'exactitude et la minutie de la reproduction.
Signalons encore une suite de grotesques,
des scènes de l'histoire d'Hercule (combat
d'Hercule avec Antée, — avec le taureau, —
avec le lion — avec Cerbère) ; des paysages,
(On remarquera la prédominance de ce dernier
élément dans les arazzi de Ferrare.)
Le cardinal Hippolyte d'Esté (1509-1572), frère
d'Hercule II, compte également parmi les protec-
(1) Un certain nombre de fautes d'imprimerie se sont
glissées dans la première partie de ce ti-avail dont l'auteur
n'a pas corrigé les épreuves. Il suffira ici de relever
les principales d'entre elles : p. 113, 1""° col., 9" ligne,
lisez 1436, 1. 64, tasado, 1. 65, coluri, 1. 66, desogna. 2e
col. 1. 13, Gall eri, 1. 64, N. S. — p. 114, Ire col., 1. 3
français, 1. 21, sono, 1. 26, hebe, 1. 51, frère, etc.
ET DE LA CURIOSITÉ 139
teurs les plus zélés de l'art de la tapisserie. C'est
lui qui acheta dans les Flandres la superbe histoire
de Romiilus, dont on a pu voir quatre pièces
à l'exposition de l'Union centrale. A deux reprises
différentes il commanda des cartons représentant
l'histoire de son homonyme Hippolyte, fils de
Thésée, mais on ignore si ces cartons furent réellement
transportés sur le métier. Parmi les arazzi
qui faisaient partie de sa collection et dont bon
nombre sans doute avaient pris .naissance à Ferrare,
il importe de noter les suivants : Scipion
(12 pièces), le roi de Perse (10), Iphigéuie (7), Absalon
(10), Absalon, suite plus fiae(7), le triomphe
de Pétrarque (6), scènes de chasse (8) Psyché (8),
Tobie (6), Paris (11), Nabuchodonosor (10), Phaéton
(4), Didon et Enée, le Triomphe de la Mort, le
Temps, l'histoire de l'Ancien Testament, etc., etc.
A ne s'attacher qu'au nombre et au mérite des
tentures mises au jour pendant le règne d'Hersule
II, on aurait pu croire ([ue la fabrique de
Ferrare pouvait encore compter sur une longue
période de prospérité et d'éclat. Il n'en fut rien ;
à cette activité fébrile succéda une prompte décadence
; puis commença une agonie qui dura
jusque vers la fin du siècle. Peut-être la [troduction
avait-elle excédé les besoins d'un Etat aussi
petit que celui de la maison d'Esté; peut-être
Alphonse II, successeur d'Hercule II (1559-1597),
accorda-t-il la préférence aux cuirs dorés, façon
de Cordoue, dont la vogue allait sans cesse croissant.
Toujours est-il que la manufacture ducale
ne survécut pas à ce prince. Le nombre des tapissiers
diminuait d'une façon périodique. Outre Luigi
Karcher, qui pratiquait en même temps la pemture,
et qui paraît dans un document de 1579, on
ne peut citer que le Romain Domenico (1574), le
Florentin Filippo (1580) et un certain iNiccolo
(1582). Les peintres Léonard da Brescia, Louis
Settevecchi, Jules Cromer et Hippolyte Scarsellino
leur fournirent les rares cartons nécessaires à
leurs entreprises, à savoir quelques paysages, ou
vues de villes, des scènes de la vie d'Hercule, des
bordures ornées d'animaux ou d'enfants jouant.
Puis la fabrication s'arrêta complètement.
Les successeurs d'Alphonse II n'essayèrent pas
de la relever et se bornèrent à des achats, dont
on trouvera la liste dans l'ouvrage de M. Campori.
Telle était la masse des tentures entassées dans
leur garde-meuble qu'en 1679 encore on en comptait
217 de qualité fine et 300 communes. Ces
chiffres montrent à eux seuls combien il était
utile de remettre en lumière la fabrique et les
collections de Ferrare et quelle place importante
revient à ïai^azzeria estense dans l'histoire de la
tapisserie.
CONCERTS DE MUSIQUE CLASSIQUE
du Dimanche 8 avril.
Elg- MiiXTZ.
Concert du Conservatoire. — Symphonie
en la (Beetlioven). — Chœur de Castor et Pollux
(Rfimeau). — Ouverture de Sujurd (Reycr). — La
Prière du matin et du soir, chœur (EmiUo del Cavalière).
— Le Songe d'une Nuit d'été (Men-
delssohn).