24.06.2013 Views

chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

264 LA CHRONIQUE DES ARTS ET DE LA CURIOSITE<br />

çaises, aussitôt après l'occupation <strong>de</strong> Rome, c'est-<br />

à-dire' dans les premiers mois <strong>de</strong> 1798, confisquèrent<br />

tous les obj<strong>et</strong>s précieux du Vatican. La<br />

compagnie ou société <strong>de</strong> brocanteurs (Ihe Company<br />

of brokers) qui suivait l'armée fut admise<br />

à ach<strong>et</strong>er au prix fixé par elle-même (upon<br />

their own terms) tout ce qui était à sa convenance.<br />

Le reste fut vendu aux Juifs du Gh<strong>et</strong>to.<br />

Duppa put assister à <strong>de</strong>ux ou trois <strong>de</strong> ces ventes<br />

qualifiées d'enchères publiques.<br />

Voici ce qui se passa pour les tapisseries <strong>de</strong> Raphaël<br />

: lorsque vint leur tour on pria un employé<br />

du Vatican, présent à <strong>la</strong> séance, <strong>de</strong> dire combien<br />

elles va<strong>la</strong>ient. Celui ci les estima 1.200 piastres<br />

chaque. Bien répondu, mon brave, s'écria un <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

brocanteurs, nous sommes d'accord sur le prix ;<br />

j'ajoute même encore 50 piastres à votre estimation.<br />

Il n'y eut pas d'autre ofl're <strong>et</strong> le* précieuses<br />

tentures furent adjugées 1.250 piastres, soit environ<br />

7.000 francs chaque.<br />

Plus <strong>la</strong>rd un <strong><strong>de</strong>s</strong> consuls, le grand Euuio Quirino<br />

Visconti, fit <strong><strong>de</strong>s</strong> démarches pour recouvrer<br />

es chefs-d'œuvre <strong>de</strong> Raphaël, car malgré <strong>la</strong> prétendue<br />

publicité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente, les autorités (the ostensible<br />

goveraors) n'en avaient même pas été<br />

prévenues. Mais le bénéfice <strong>de</strong>mandé par l'acqué-<br />

reur fut si grand que l'on dut renoncer, vn l'état<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> finances publiques, à lui rach<strong>et</strong>er sa proie.<br />

Grâce à l'obligeance <strong>de</strong> notre savant col<strong>la</strong>borateur<br />

M. Louis Courajod, <strong>et</strong> <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Maussion,<br />

conservateur <strong>de</strong> <strong>la</strong> bibliothèque du Louvre, nous<br />

sommes eu mesure <strong>de</strong> compléter ou <strong>de</strong>rectitierau<br />

moyen <strong>de</strong> documents inédits les renseignements<br />

contenus dans l'ouvrage <strong>de</strong> Duppa <strong>et</strong> dans <strong>la</strong><br />

Notice. Voici le texte <strong><strong>de</strong>s</strong> pièces dont ils ont bien<br />

voulu nous signaler l'existence.<br />

Paris, le 19 Ventôse au IX...<br />

Le ministre <strong>de</strong> l'I térieur au citoyen Foubert.<br />

Les acquéreurs <strong><strong>de</strong>s</strong> tapisseries d". Rapiiaél, à Rome,<br />

<strong>et</strong> qui out été transportées au Mus um <strong>de</strong> Paris pur<br />

suite <strong><strong>de</strong>s</strong> ordres du commissaire civil Faipoult, réc<strong>la</strong>ment,<br />

citoyen, le payement <strong>de</strong> ces tapisseries. Avant<br />

<strong>de</strong> statuer sur leur <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, je désire savoir si <strong>la</strong> couservatiou<br />

<strong>de</strong> ces ouvrages est nécessaire à <strong>la</strong> collection<br />

du Muséum. Vous voudrez bien me faire connaître,<br />

sans dé<strong>la</strong>i, votre opinion. Je vous salue.<br />

Chaptal.<br />

Paris, le 18 Thermidor an IX...<br />

he ministre <strong>de</strong> l'Intérieur aux. citoyens Goen, Nouvel<br />

<strong>et</strong> Compagnie<br />

J'ai reconnu, citoyens, <strong>la</strong> légalité <strong>de</strong> <strong>la</strong> vente qui vous<br />

a été faite à Rome, <strong><strong>de</strong>s</strong> tapisseries du Vatican, dites<br />

<strong>de</strong> Raptiaél, qui sont en ce moment déposées au Musée<br />

central. Je ne dois pas perm<strong>et</strong>tre que \ous restiez plus<br />

longtemps prives <strong>de</strong> votre propriété. Vous pouvez vous<br />

présenter à l'administrateur du Musée central ; il est<br />

autorise à vous rem<strong>et</strong>tre ces tapisseries. Je vous salue.<br />

Chaptal.<br />

Paris, le 18 Thermidor an IX...<br />

Le ministre <strong>de</strong> l'Intérieur à l'administrateur du<br />

Musée central<br />

J'ai reconnu, citoyen, que les tapisseries du Vatican,<br />

dites <strong>de</strong> Raphaël, ont été légalement acquises par<br />

une compagnie à <strong>la</strong>quelle ou n'a pu les eulever sans<br />

injustice. Los circonstances ne me perm<strong>et</strong>tant pus<br />

d'en faire l'achat pourle Musée, vous voudrez bien les<br />

rem<strong>et</strong>tre sous récépissé, aux citoyens Coen, Nouvel <strong>et</strong><br />

Compagnie lorsqu'ils se présenteront pour les réc<strong>la</strong>mer.<br />

Je vous sal...e.<br />

Chaptal.<br />

Au verso <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te <strong>de</strong>rnière l<strong>et</strong>tre se trouvait <strong>la</strong><br />

déc<strong>la</strong>ration suivante :<br />

Nous soussignés, Coen, Njuvel <strong>et</strong> Compagnie en<br />

conséquence <strong>de</strong> <strong>la</strong> l<strong>et</strong>tre du ministre <strong>de</strong> l'Iatérieur<br />

Ci-contre, reconnaiisona que l'administration du M isée<br />

central <strong><strong>de</strong>s</strong> Arts nous a remis aujourd'hui 2 Fructidor,<br />

an IX, les tapisseries suivantes qui ont été déposées<br />

dans ses magasins, le \"' Thermidor an VII <strong>de</strong> <strong>la</strong> République<br />

française.<br />

LeMassacre<strong><strong>de</strong>s</strong> Innocents, d'après Raphaël. 3 pièces (1)<br />

L'Adoration <strong><strong>de</strong>s</strong> Rois, id. 'i p.<br />

Saint-Paul <strong>et</strong> Saint-Barnabe refusant les sacrifices,<br />

id. 1 p.<br />

Ananie tombant aux pieds <strong><strong>de</strong>s</strong> apôtres, id. 1 p.<br />

La Pèche miraculeuse, id. 1 p.<br />

Le Christ donnant 1. s clefs â Saint-Pierre, id. 1 p.<br />

Saint-Pierre guérissant le boiteux à <strong>la</strong> porte du<br />

Temple, id. 1 p.<br />

La Prédication <strong>de</strong> Saint-Paul, à Athènes, id. 1 p.<br />

La Conversion <strong>de</strong> Saint-Paul, id. 1 p.<br />

La Présentation au Temple, id. 1 p.<br />

La Descente du Saint-Esprit sur les apôtres, id. 1 p.<br />

L'Ascension, id. 1 p.<br />

La Ma<strong>de</strong>leine aux pieds du Christ en jardinier, id. I p.<br />

Les Pèlerins d'Emniaûs, id. i p.<br />

Le Magicien Barjésu aveuglé par Saint-Paul, en<br />

présence du proconsul Sergius ; il n'existe que <strong>la</strong> moitié<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te tapisserie, <strong>la</strong> partie inférieure ayant été<br />

coupée lors du sac <strong>de</strong> Rome par le connétable "<strong>de</strong> Bourbon.<br />

Le martyre <strong>de</strong> Saint- Etienne, 1 p<br />

Trois Vierges dans le ciel <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux anges <strong>et</strong> <strong>de</strong>ux<br />

lions, allégorie, 1 p.<br />

La Résurrection <strong>de</strong> Jésus-Christ, 1 p.<br />

Saint- Pierre en prison, 1 p.<br />

(signé) Coen, Nouvel.<br />

Rue Neuve <strong><strong>de</strong>s</strong> P<strong>et</strong>its-Champs, n» 22, vis-à-vis <strong>la</strong><br />

rue <strong><strong>de</strong>s</strong> Moulins.<br />

En résumant les assertions <strong><strong>de</strong>s</strong> divers documents<br />

qui viennent d'être analysés, nous arrivons<br />

aux résultais suivants : les tapisseries <strong>de</strong> Raphaël<br />

ont été, non pas volées, mais légalement acquises<br />

en 1798, au.x enchères publiques, par une Société<br />

française. Transportées à Paris, à l'exception <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong>cente aux Limbes, elles furent exposées au<br />

Louvre <strong>de</strong>puis l'an VII jusque vers Tan IX.<br />

Au moment <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication du catalogue, on<br />

croyait pouvoir affirmer que l'État en avait fait<br />

l'acquisition; mais en réalité, elles ne lui avaient<br />

été confiées qu'à titi-e <strong>de</strong> prêt, <strong>de</strong> dépôt, <strong>et</strong> le proj<strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> cession n'ayant pas été ratifié, <strong>la</strong> Société, représentée<br />

par les sieurs Coen <strong>et</strong> Nouvel, rentra en<br />

possession <strong><strong>de</strong>s</strong> p'écieuses tentures.<br />

A partir <strong>de</strong> ce moment, nous perdons <strong>de</strong> nouveau<br />

leurs traces jusqu'en 1808, où elles reprirent<br />

pour ne plus <strong>la</strong> quitter, <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu'elles avaient<br />

occupée pendant près <strong>de</strong> trois siècles dans le<br />

pa<strong>la</strong>is du Vatican.<br />

E. MÛNTZ.<br />

OBJETS d'art ET DE CURIOSITÉ<br />

E. LOWENGARD<br />

26, rue Buffault, Paris<br />

Spécialité <strong>de</strong> Tapisseries <strong>et</strong> d'étoffes anciennes<br />

OBJETS d'art. — AUTOGRAPHES<br />

TABLEAUX ANCIENS ET MODERNES<br />

ANTOINE BAER<br />

Expert<br />

2, Rue Laffitte, Paris.<br />

jr. (l)Nous <strong>la</strong>issons <strong>de</strong> côté l'indication <strong><strong>de</strong>s</strong> mesures,<br />

qui ne présente pas d'intérêt, aucun doute ne pouvant<br />

subsister sur l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong> ces tapisseries.<br />

Paris. Imp. F. DEBONS <strong>et</strong> C», 16, rue du Croissant Le Rédacteur en chef, gérant: LOUIS GONSE

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!