chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

74 LA CHRONIQUE DES ARTS
à M. Truphème le buste de Félicien Davic" pour
la ville d'Aix, et à M. Delaplanche le monument
d'Auber pour la ville de Caen.
,*, Le Louvre vient d'acquérir d'un collectionneur
d'Athènes, par l'entremise de M.
Rayet, six bronzes grecs très-intéressants :
entre autres, un Apollon coulé plein et Hclievé
au marteau et au cisean, comme l'étaient,
d'après Pausanias, les statues de Tiiétal de
un masque très-arcliaïqae
l'époque primitive ;
de Minerve, achevé de même au marteau et au
ciseau; enfin et surtout, un Hercule en bronze
doré qui est peut-être, dans ses dimensions
restreintes, la reproduction la plus ancienne
et la plus belle que nous ayons du type créé
par Lysippe. Il lui manque malheureusement
la jambe gauche, cassée vraisemblablement
par les auteurs mêmes de la trouvaille : en
effet les paysans Grecs ou Turcs sont-persuadés
que les bronzes antiques ne sont si recherchés
des étrangers que parce qu'ils contiennent
de l'or à l'intérieur, et pour s'emparer
de cet or ils Ijrisent le plus souvent les statuettes
qu'ils découvrent.
^*, M. le vicomte de Ségur-Lamoignon à
légué au Louvre par testament deux petits
tableaux fort précieux, une esquisse de Rubens
représentant la Résurrection de Lazare, et une
Tête de Christ par Quentin Matzys.
/, M. Barrias vient déterminer à l'église de
la Trinité, la chapelle qu'il était chargé de décorer,
et qui est consacrée à Sainte-Geneviève.
Les échafaudages sont enlevés, et les deux
compositions sont maintenant visibles pour le
public.
,*, Les travaux de restauration de Chantilly
sont en pleine activité.
Cette restauration a été confiée à M. Daumet,
dont les plans suivis pas k pas par M. le
duc d'Aumale, se rapprochent autant que possible
de ceux du merveilleux château rasé
par la Révolution.
Des travaux importants de sculpture ont été
donnés à nos premiei's ar,tistes. La statue du
connétable, placée, comme l'ancienne, en haut
de la terrasse, sera exécutée par M. Paul Dubois
; les statues de tous les grands hommes
qui lurent les hôtes de Chantilly, sont contiées
à MM. Thomas, Chapu, Noël, etc.
Un groupe en marbre représentant Hercule
et le sanglier d'Erymantl;^e a été commandé à
M. Ilippolytc Moulin et sera placé dans le parc
non luin du Secret d'en huut, qui figurait au
Salon de iSTii.
CORRESPONDANCE D'ANGLETERRE
(Suite.)
III
Il tant pas:^cr muiulenaut aux a(iuarellistos qui
se divisent en dtux corporations, autrefois rivales,
iiiuis aujourd'hui aniics, et qui s"a[)pelleut en-
core, comme à leur début, la vieille Société et le
nouvel Institut.
Bien que les fondateurs orthodoxes de la So-
ciété aussi bien que les révoltés de l'Institut
soient pour la plupart morts et enterrés depuis
bien des années, il est toujours possible de reconnaître
dans les exposants d'aujourd'hui quelquesuns
des traits saillants qui faisaient naguère leur
réputation. Les beaux jours des Copley Fielding,
des David Cox, des de Wint, des Varley et des
Turuer sont passés comme les neiges d'antan ;
mais on est content de retrouver çà et là quelques
vagues souvenirs de leurs traditions. C'est à la
vieille Société qu'on rencontre ce qui reste encore
de leur école. Si celle-ci a pâli, ce n'est pas toutefois
devant l'astre plus brillant d'une nouvelle
aurore. De la médiocrité générale nous excepterons
M. North, un jeune artiste qui a loyalement
suivi les traces de son maître, M. F. Walker.
qu'une mort prématurée nous a ravi au début di-
ses succès. Sans exagérer leur méthode et sans se
laisser égarer par leur liabileté trompeuse ,
M. Nortli peut être considéré comme le seul élève
de .Masoii et de Walker, qui avaient si bien continué
les traditions de Turner et de Constable,
dout les deux courants contraires, la fantaisie et
l'imagination d'une part, le naturalisme de l'autre,
se fout sentir encore aujourd'hui.
La plupart de leurs élèves, renchérissant sur le
système de leurs maîtres et ne saisissant pas le
trait d'union sympathique qui les mettait en
accord avec la nature, sont tombés dans les
excès les plus déplorables; de telle sorte que, d'un
côté, nous avons une bande d'aquarellistes qui
ne se donneut pas la peine de dessiner, et de
l'autre, une école rivale qui ne se donne pas la
peine d'analyser ce qu'elle voit. M. North a vaillamment
lutté contre ces deux courants, et dans
une petite esquisse intitulée Une haie en Algérie,
et encore mieux dans une étude intitulée le Claude
lune, il est parvenu à foudre ensemble la délicatesse
des détails dans l'enveloppe d'une atmosphère
lumineuse.
M. Whitaker est un artiste dont un accident
encore inexpliqué a subitement terminé la carrière.
On suppose que, revenant de l'endroit où
il avait trouvé un sujet digne de son pinceau, il se
serait égaré (c'était au milieu du pays de Galles,
parmi les montagnes les plus rocailleuses), et
que, son pied ayaut glissé, il serait tombé dans le
petit lac où sou corps a été retrouvé plus tard.
Ses dernières esquisses, qui se rapportent toutes
au pays de Galles, sont exposées ici. et l'on peut
apprécier l'étendue de la perte que Fart a fait.
M. Whitaker avait surtout une rare justesse
d'appréciation de la valeur relative des totis et
des plans.
M. Alma-Tadema a ici deux études soigneusement
achevées qu'il intitule respectivement Balneator
et Bubieatrix. M. Tadema ne s'est pas con-
tenté de nous donner une leçon d'archéologie, ni
de faire ressortir la justesse de son dessin par le
contraste des tons de chair des deux figures avec
le marbre blanc des baignoires, d a visé plus haut,
et nous pouvous lire dans les traits de l'homme
et de la femme ce mélange de cupidité, de bassesse
et d'astuce qui caractérise les mœurs de la
décadence. Il n'arrive pas souvent à M. Tadema
de faire de l'aquarelle, mais ces deux échantillons
de son talent devraient l'encourager à perse-