chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

160 LA CHRONIQUE DES ARTS
* Plusieurs artistes ont été nommés ou
promus dans l'ordre de la Légion d'honneur,
à la suite de l'Exposition de Philadelphie : ce
sont MM, Protais, Saintin, Sain et Doublemard.
/. Le Constitutionnel annonce que M"^^ de
Ga'uîera vient de faire don au musée du Louvre
de la splendide collection de tableaux, de
de sculptures, parmi lesquelles on compte la
Madeleine de Canova, et d'objets d'art de feu
son mari, collection que plus d'un amateur a
pu admirer dans son bel hôtel de la rue de
Varennes.
Nos renseignements personnels ne nous
permettent pas, quant à présent, de confirmer
cette nouvelle qui nous paraii au moins
prématurée.
,\ Notre collaborateur, M. 0. Rayet vient
d'être élu membre de la Société des antiquaires
de France.
Derrière un briquetage de l'église d'Or-
,\
cery* (Cher), on vient de découvrir de trèsbeaux
vitraux assez bien conservés et reniontant
au quinzième siècle. L'un d'eux, qui représente
la Vierge avec l'enfant Jésus sur ses
genoux, porte, en effet, une suscription indiquant
que l'égUse a été consacrée par Philippe
Berruyer, arcnevéque de Bourges, en 123(3.
,*, Le conservateur des antiquités au British
Muséum de Londres s'est rendu à Athènes
pour y examiner les objets découverts dans
les fouilles de Mycènes. Il mande que beaucoup
de pièces de la collection considérées
isolément pourraient être regnrdées comme
byzantines, et même comme modernes ; mais
qu'en embrassant l'ensemble, onne peut s'empêcher
de le considérer comme appartenant
réellement à l'antiquité grecque.
,% Le Louvre a acquis à la vente B***, qui
vient d'avoir lieu à l'hôtel Drouot, le charmant
tableau de Girolamo dei Libri qui a été
vendu 2,700 fr.
NÉCROLOGIE
Un peintre de talent, M. Edmond André,
vient de mourir en Algérie, à peine âgé de
quarante ans. Il laisse une femme et plusieurs
enfants. M. André débuta au S=ilon de 1867
par la Baie de Duuarnenez.
Voici ses autres expositions : 1808, Barque
pilote portant une amarre \ 1860, Bateaux pêcheurs
éch'jués ; 1870, la Canonniért Far'-.y faisant
ses expériences, le Phare de l'hô ital ; 1872,
lo Départ, un Reluis en 1776; 1873, Vive le
roy! 1874, Devant Patay; 1875, Brigands pour
les oiseaux, sujet tiré du Capitaine Fracasse,
de Théophile Cautier.
UNE ACQUISITION DU MUSÉE DE ROUEN.
Le Conseil général de la Seine-Inférieure
vient de voter pour le Musée de Rouen l'acqui-
sition, au prix de 3.500 fr., de neuf petits
vitraux dans le style de la Renaissance. Ces
petits tableaux sur verre, en forme de médaillons,
faisaient partie d'une suite de 12 vitraux
représentant les Mois. Les compositions, de la
plus extrême finesse, sont enfermées dans des
encadrements du goût le plus riche et le plus
élégant. Ces vitraux se trouvaient oubliés d'ans
l'église d'un pauvre petit village des environs
de Rouen, à laquelle ils avaient été otferts,
après la Révolution, par une certaine Madame
d'Héry , propriétaire du château de la
même localité. Ce village, perdu au milieu de
la forêt de Roumare, porte le nom deMontigny,
ei, quoique les vitraux en question eussent été
signalés naguère par l'abbé Cochet dans son
Rapport sur les monuments du diocèse, personne
n'en avait plus souci, ni souvenir. Les
verrières dans lesquelles ils étaient enchâssés
menaçaient ruine: le curé, privé de toutes ressources,
se trouvait dans l'impossibilité de
parer aux restaurations les plus urgentes, et
les précieux vitraux qui, d'ailleurs, par le caractère
très-profane des compositions, se trouvaient
là fort peu à leur place, pouvaient être
enlevés au premier ouragan. Le hasard nous
fit, il y a quatre ou cinq mois, passer à
Montigny et entrer dans la petite église. Nous
fûmes aussi surpris qu'émerveillé de la valeur
d'exécution et de dessin, presque sans rivale.,
de ces petits vitraux. Nous mimes nos bons
offices au service du curé. Le Louvre fut prévenu,
fhonorable M. Barbet de Jouy se rendit
sans retard à Montigny et, sur son avis, notre
Musée entama les négociations en vue d'une
acquisition. Le Préfet consulté, appuya le projet
en ce sens que le Musée de Rouen devait de
toute manière avoir le droit de préemption
après le vote du Conseil général. C'est ce qui
vient, en effet, d'avoir lieu. Mais on peut penser
que la démarche du Louvre n'a pas peu
contribué à faire entrer dans un dépôt public
ces fragiles et précieux objets d'art.
Le public en jouira à son aise et le brave
curé pourra mettre à son église de bonnes et
solides fenêtres en verre qui le mettront, lui et
ses ouailles, à l'abri des courants d'air. Voici
donc, exceptionnellement, une aliénation que
personne ne sera tenté de blâmer. Nous avons
commencé quelques recherches sur les petits
vitraux de Montigny, qui, suivant toutes présomptions,
proviennent du château de Gaillon,
nous les poursuivrons et nous en soumettrons
le résultat aux lecteurs de la Gazette. Le caractère
de r ornementation les rattache à l'art
des derniers Valois.
L. G.