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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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262 LA CHRONIQUE DES ARTS<br />

sur bois dans <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te, mais quand ? <strong>et</strong> je ne<br />

serais pas fâché <strong>de</strong> savoir quel en est l'auteur.<br />

Quand les Parisiens seront rentrés chez eux, Je<br />

viendrai vous prier <strong>de</strong> frapper à leur porte.<br />

Veuillez agréer, ]\lonsieur, <strong>et</strong>c.<br />

Ch. Cournault.<br />

CORRESPONDANCE DE HOLLANDE<br />

EXPOSITION HISTORIQUE {Historischc Teutoonstellirig)<br />

DE LEEUWARDEN<br />

La Frise, c<strong>et</strong>te province néer<strong>la</strong>ndaise si intéres-<br />

sante, si curieuse, si jBdèle aux vieilles traditions,<br />

<strong>et</strong> si rarement visitée par les touristes européens,<br />

vient d'ouvrir une exposition rétrospective qu'on<br />

a qualifiée à'historische tentoojistelling . C<strong>et</strong>te expo-<br />

sition a lieu dans <strong>la</strong> capitale même <strong>de</strong> <strong>la</strong> Frise, à<br />

Leeuwar<strong>de</strong>n. Elle a été princièrement installée<br />

dans l'ancien pa<strong>la</strong>is <strong><strong>de</strong>s</strong> stathou<strong>de</strong>rs, aujourd'hui<br />

pa<strong>la</strong>is du roi. Elle n'occupe pas moins <strong>de</strong> dix-huit<br />

gran<strong><strong>de</strong>s</strong> salles, reliées entre elles par <strong><strong>de</strong>s</strong> galeries<br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> escahers également garnis <strong>de</strong> documents<br />

précieux ou d'obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> <strong>curiosité</strong>, <strong>et</strong> le nombre<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> collectionneurs, <strong><strong>de</strong>s</strong> établissements publics,<br />

municipalités, hôpitaux, églises <strong>et</strong> simples amateurs<br />

qui lui ont confié leurs richesses artistiques<br />

s'élève presque à 1.500.<br />

On comprend par suite quel intérêt présente un<br />

pareil groupement d'obj<strong>et</strong>s tous curieux, portant<br />

avec eux un enseignement, <strong>et</strong> qui pour <strong>la</strong> plupart<br />

apparaissent au public pour <strong>la</strong> première fois. C'est<br />

c<strong>et</strong>te réunion tout exceptionnelle <strong>de</strong> rar<strong>et</strong>és curieuses<br />

<strong>et</strong> précieuses dont nous allons essayer <strong>de</strong><br />

vous donner un compte rendu sommaire.<br />

Tout d'abord on pourrait chercher chienne à <strong>la</strong><br />

commission sur le titre qu'elle a donné à son exhibition.<br />

Celle-ci commence en eff<strong>et</strong> avec l'époque<br />

préhistorique, j'entends qu'une partie <strong><strong>de</strong>s</strong> richesses<br />

qu'elle nous présente remonte à un temps où<br />

l'histoire n'existait pas encore pour <strong>la</strong> Frise. En<br />

outre elle comprend <strong><strong>de</strong>s</strong> armes, <strong><strong>de</strong>s</strong> bijoux, <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

costumes, <strong><strong>de</strong>s</strong> meubles <strong>et</strong> maints autres obj<strong>et</strong>s<br />

qui n'ont qu'un rapport fort éloigné avec l'histoire.<br />

A bien prendre, c'est donc une exposition <strong>et</strong>hnographique.<br />

Mais le prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> commission,<br />

M. Dircks, archéologue très-distingué, grand visiteur<br />

<strong>de</strong> musées étrangers, grand coureur <strong>de</strong> congrès<br />

scieutifiques,trôs-expert eu <strong>la</strong> matière par conséquent,<br />

a craint que ce titre ne fût obscur <strong>et</strong><br />

({u'il ne parlât point assez aux c<strong>la</strong>sses nombreuses<br />

du public. Peut-être a-t-il eu raison. Mais pour<br />

nous que ce nom n'effraie point, bien au contraire,<br />

nous avons cru, dès le principe, <strong>de</strong>voir restituer<br />

son vrai caractère à Vhistorische te7itoonstelliny.<br />

Nous parlions à l'instant d'un temps où l'his-<br />

toire frisonne n'existait point encore. C'est par ce<br />

temps qu'il nous faut commencer notre revue, car<br />

<strong>la</strong> commission d'organisation a pris son point <strong>de</strong><br />

départ aussi loin qu'il lui était possible, <strong>et</strong> l'exhibition<br />

<strong>de</strong> ses richesses <strong>et</strong>hnographiques débute<br />

par une intéressante c<strong>la</strong>ssification <strong><strong>de</strong>s</strong> éléments<br />

constitutifs du sol.<br />

Pien <strong>de</strong> plus juste, du reste, <strong>et</strong> <strong>de</strong> plus natu-<br />

rel. La terre n'a-t-elle pas précédé l'existence <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

premières popu<strong>la</strong>tions? Elle a donc un droit primordial<br />

qu'on ne saurait lui contester, surtout<br />

dans ces campagnes <strong>de</strong> <strong>la</strong> Drenthe <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Frise,<br />

où elle ne se borne point à enrichir le géologue,<br />

mais où elle prodigue au chercheur <strong><strong>de</strong>s</strong> trésors<br />

archéologiques d'une valeur <strong>et</strong> d'un prix excep-<br />

tionnels.<br />

Sables <strong>et</strong> bruyères, tourbières ou marais, le sol<br />

<strong>de</strong> ces contrées, en eff<strong>et</strong>, se <strong>la</strong>isse presque journellement<br />

dérober quelqu'une <strong>de</strong> ces œuvres primitives<br />

dont il est le dépositaire <strong>de</strong>puis plus <strong>de</strong><br />

vingt siècles. Et s'il ne rend point aux arrièreneveux<br />

<strong>de</strong> ces Frisons <strong>de</strong> <strong>la</strong> première heure les<br />

ossements <strong>de</strong> leurs aïeux, il leur restitue au moins<br />

leurs armes <strong>et</strong> leurs bijoux, leurs vases <strong>et</strong> leurs<br />

parures. Restitution éloquente qui trouble <strong>et</strong> qui<br />

émeut, car elle nous révèle les premiers agissements<br />

<strong>de</strong> c<strong>et</strong>te race fécon<strong>de</strong> <strong>et</strong> vail<strong>la</strong>nte dont l'exposition<br />

<strong>de</strong> Leeuwar<strong>de</strong>n essaye <strong>de</strong> r<strong>et</strong>racer d'une<br />

façon visible les multiples évolutions.<br />

Deux salles sont consacrées à ces ouvrages<br />

préhistoriques qu'on peut diviser en <strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

c<strong>la</strong>sses : <strong>la</strong> première comprenant les obj<strong>et</strong>s trouvés<br />

dans les Tertres [terpen), dans les tiimuli <strong>et</strong><br />

sous les sépultures mégalithiques. La secon<strong>de</strong><br />

comprenant ceux découverts dans <strong>la</strong>s bruyères,<br />

les tourbières <strong>et</strong> les sables.<br />

Les premiers sont les moins variés, mais leur<br />

archaïsme est plus prononcé, <strong>et</strong> leur caractère<br />

rudimentaire présente une unité vraiment remarquable.<br />

C'est là, on le sent, qu'il faut chercher les premières<br />

manifestations <strong>de</strong> l'activité humaine dans<br />

ces contrées. Manifestations moins éloignées qu'on<br />

ne le supposerait d'abord, car elles ne remontent<br />

point au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> l'âge <strong>de</strong> <strong>la</strong> pierre polie. Les silex<br />

taillés manquent en eff<strong>et</strong>. Et leur absence nous<br />

prouve que les tribus qui les premières foulèrent<br />

le sol frison avaient déjà franchi une <strong><strong>de</strong>s</strong> gran<strong><strong>de</strong>s</strong><br />

étapes <strong>de</strong>là civilisation; mais leur bagage industriel<br />

était encore bien mince, caries poteries que<br />

nous livrent ces premiers dépôts présentent successivement<br />

les trois phases par lesquelles c<strong>et</strong><br />

« art <strong>de</strong> terre » passe chez les peuples primitifs.<br />

D'abord <strong>la</strong> façon à <strong>la</strong> main <strong>et</strong> le simple séchage<br />

au feu ; puis <strong>la</strong> cuisson véritable, <strong>et</strong> enfin l'emploi<br />

du tour dans <strong>la</strong> fabrication.<br />

Ces vases généralement <strong>de</strong> forme ron<strong>de</strong>, quel<br />

quefois décorés d'ornements géométriques, (ornementation<br />

qui a persisté dans le pays presque<br />

jusqu'à nos jours) ; quelques os taillés en forme<br />

<strong>de</strong> patins, <strong><strong>de</strong>s</strong> peignes formés d'un os dans lequel<br />

sont p<strong>la</strong>ntés <strong><strong>de</strong>s</strong> arêtes <strong>de</strong> poisson ou <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> mammifères <strong>et</strong> quelques colliers, voilà<br />

<strong>de</strong> quoi se compose <strong>la</strong> dépouille <strong>de</strong> ces tertres.<br />

Celle <strong><strong>de</strong>s</strong> tourbières <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> sables est infiniment<br />

])lus variée. On y r<strong>et</strong>rouve côte à côte <strong>et</strong> dans<br />

une promiscuité bien étrange <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> toutes<br />

les espèces <strong>et</strong> aussi <strong>de</strong> toutes les époques. La<br />

pierre polie y côtoie <strong>la</strong> statu<strong>et</strong>te <strong>de</strong> bronze, le<br />

peigne en os <strong>et</strong> les rabots en pierre reposent à<br />

côté <strong>de</strong> l'amphore romaine ou <strong>de</strong> <strong>la</strong> bague en or<br />

perdue par <strong>la</strong> fiancée chrétienne, les armes, les<br />

anneaux, les colliers, <strong>de</strong> vieux chapeaux en feu-<br />

tre, les roues d'un char <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> ossements antédiluviens<br />

forment autant d'épaves abandonnées par<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> générations successives <strong>et</strong> qui constituent<br />

pour l'archéologue <strong><strong>de</strong>s</strong> points <strong>de</strong> repère vraiment<br />

précieux.

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