chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

Ce projet, iipprouvé par le ministre de l'instru'tion
publique, a été soumis par M. le marquis
de Chennevières à la Commission de Vinventaire
des richesses d'art de la France, dans
une de ses dernières séances. Une sous-commi?sion,
composée de MM. de Montaiglon,
L. Clément de Ris, Lafenestre, Paul Mantz,
Darcel, Cliéron, a été chargée d'é udier les
moyens d'exécution de ce projet et de ccntra7
User les demandes des possesseurs de tableaux.
Elle s'est mise immédiatement en rapport
avec les musées de province et les collectioanears
privés, qui répondront à cet ajipel avec
un empressement et une libéralité qui permettront
une ample moisson de découvertes
historiques et artistiques.
Le congrès archéologique de France,
sous la direction de la Société française d'Archéologie,
tiendra cette année sa quarantequatrième
session à Sentis (Oise). Cette session
s'ouvrira le lundi 28 mai, à deux heures précises,
dans la grande salle de l'ancien évèché,
et sei'a close le dmianclie 3 juin, à trois heures
du soir.
Charpie souscripteur reçoit un volume renfermant
le compte-rendu des séances, et participe
aux excursions faites en commun, soit
dans la ville, soit dans les environs.
Les noms des souscripteurs sont imprimés
en tète du volume.
La souscription est de tO francs.
Les bulletins d'adhésion devront être adressés
à M. Eugène Vatin, trésorier du Congrès, à
Sentis.
OUVERTURE DU COURS DE LITTERATURE
DE l'École des beaux-arts
La joie de l'astronome au lever d'une étoile
nouvelle, nous l'avons pleinement goûtée lundi
dernier, jour de l'ouverture du cours de littérature
créé par M. le ministre de l'instruc
tion publique, sur la proposition de l'homme
si distingué cpii dirige l'Ecole des beauxarts.
Nous étions venu pour écouter un professeur
nouveau, aux prises avec le difficile
elfort d'expliquer les belles-lettres à un
auditoire qui, pour la plus grande partie,
ne les cultive guère, et devant cet auditoire
ému, enthousiasmé, nous avons rencontré un
orateur; inconnu hier, il n'attendi'a pas longtemps
une célébiité certaine.
Nous venons de le dire, parler littérature à
des jeunes gens qui n'ont d'autre souci que
d'apprendre à dessiner, remuf'r des idées devant
d(! jeunes tètes qui ne s'essaient pas encore
à penser, célébrer les poètes et la poésie
en face de malicieux qui vous guettent à chaque
coin de phrase, habiles à découvrir le mot
faible, impitoyables à lancer le mot l'ailleur,
qui jetteront des gros sous aux plus illustres
pour peu que ces illustres [tortent une cocarde
ET DE LA CURIOSITÉ 39
compromettante, hostiles à un nouveau venu
si, pour eux, ce nouveau venu n'a pas mérité
d'avance l'honneur de leur parler, tout cela
n'est pas propre à donner du cœur aux plus
vaillants, et plus d'un qui ne craindrait pas
d'atfronter le public du Collège de Erance refuserait
probablement la tâche trop pénible
d'expliquer Homère ou Racine à ces enfants
indisciplinés.
Eh bien! là où d'autres et des plus autorisés,
et des [)lus vantés, ont échoué et lâché la
partie, un jeune homme ignoré a conqilètement
réussi.
L'écho de cette victoire dépassera l'enceinte
de rHémicycle, et avant peu de temps un public
nombreux, même venu du dehors, se pres-
sera, on peut le prophétiser, autour de l'éloquent
professeur.
Avant le commencement de cette première
leçon, en cjuelques mots très-simples, mais
avec ce tact et cette précision d'expression qui
lui sontpropres, avec cette autorité que le caractère
ajoute au talent, M. Guillaume a présenté
M. Ruelle aux élèves ; il ne leur a pas seulement
annoncé l'objet et l'ouverture du cours,
il leur a demandé la permission de parler un
peu aussi de lui-même et de leur expli([uer
comment lui était venue cette idée de solliciter
la création d'un enseignement littéraire à
l'Ecole des beaux-arts.
C'était au temps de sa jeunesse, dit-il, sous
les pins de la villa Médicis, un soir, il écoutait
la parole d'un homme jeune comme lui, élève
comme lui, comme lui plein des plus respectables
ambitions et qui s'en allait eu Grèce
préparer cette carrière si brillante qui devait
être si courte; l'érudit ne pouvait cacher longtemps
le poète.
Gandar en avait l'enthousiasme et le langage
; il remuait ses auditeurs, qui n'étaient
pas souvent à pareille fête. Il parlait d'art
aussi, et le sculpteur s'étonnait de l'en entendre
si bien parler et de le voir si bien compris.
Alors, lui, que des études plus complètes
avaient mis en état de saisir les rapprochements
que Gau'iar établissait entre les formes des idées
et les formes des choses; lui, artiste, qui partageait
pour les chefs-d'œuvre de la pensée
l'enthousiasme du lettré pour les chefs-d'o'uvre
de l'art ; lui qui, en ce moment peut-être, —
ajouterons-nous, — voyait venir de loin sa
destinée, et qui se promettait d'en faire un
noble usage, il se disait : « Ah ! si je le
pouvais jamais, avec quelle joie je m'eii'orccrais
de hausser le niveau moral d5 l'éducation.
Le livre du beau a tant de pages, que je ?erais
heureux de les faire lire
A quoi tient-il que nous
toutes à mes élèves !
ne soyons pas tous
des étrangers dans la patrie de Virgile et de
Uante? A ce hasard d'une voix amie qui nous
parle d'eux à temps. »
Si le culte du beau s'en va mourant autour
de nous, à quoi cela tient-il ? A l'absence
de ce conseil donné aux jours propices et (pii
nous en révèle la grandeur et le profit.
Ce rêve, il a pu le réaliser peu à peu, et
l'enseignement
tel aajourd'Ilui
de l'école
que rien
des
ne
Heaux-Arts est
manque pins à
ceux qui ont 1h noble appétit de savoir sous
toutes ses formes.