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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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308 LA CHRONIQUE DES ARTS<br />

après. Alors, le collectionneur était <strong>de</strong>venu<br />

prési<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>la</strong> République, mais sa maison<br />

montrait aux passants son squel<strong>et</strong>te calciné,<br />

<strong>et</strong> on disait que tout ce qu'elle renfermait jadis<br />

n'existait plus. Ces bruits n'étaient pas démentis.<br />

Puis le chef du pouvoir exécutif vint s'installer<br />

à <strong>la</strong> préfecture <strong>de</strong> Versailles.<br />

Grands appartements meublés d'un mobilier<br />

officiel, luxe <strong>de</strong> l'empire qa'avait respecté<br />

l'état-major du roi (iiiil<strong>la</strong>ume, ennuyeux à<br />

décourager l'envie même <strong>de</strong> regar<strong>de</strong>r <strong><strong>de</strong>s</strong> lieux<br />

<strong>de</strong>venus cependant historiques; M. ïhiersn'y<br />

avait rien changé, rien ajouté. Seulement sur<br />

un meuble d'entre-fenêtres, on se montrait un<br />

bras <strong>de</strong> bronze, irisé, tordu par les f<strong>la</strong>mmes,<br />

<strong>et</strong> on se racontait que c'était là tout ce qui<br />

restait du trésor <strong>de</strong> l'hôtel Saint-(ieorges.<br />

Quelque temps après, je fus admis dans le<br />

cabin<strong>et</strong> plus intime d'où M. Thiers s'efforçait<br />

<strong>de</strong> vaincre <strong>la</strong> mauvaise fortune <strong>de</strong> <strong>la</strong> France.<br />

Au milieu d'innombrables papiers qui couvraient<br />

son bureau, j'aperçus soudain un<br />

bronze que je reconnus. C'était un <strong>de</strong> ces p<strong>et</strong>its<br />

obj<strong>et</strong>s usuels auxquels Jean <strong>de</strong> Rologne<br />

prêtait ces formes bizarres qui p<strong>la</strong>isaient à<br />

son talent inqui<strong>et</strong> <strong>et</strong> tourmenté <strong>et</strong> qu'il excel-<br />

<strong>la</strong>it à revêtir d'une si belle patine. Eh, dis-je,<br />

à mon illustre hôte, voilà, ce me semble, ua<br />

souvenir <strong><strong>de</strong>s</strong> jours heureux; combien plus<br />

triste quand je songe que c'est là, Monsieur le<br />

prési<strong>de</strong>nt, ce qui vous reste <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> trésors.<br />

— Bah, me répondit-il <strong>de</strong> sa voix si volontiers<br />

rieuse, j'ai bien d'autres reliques encore. —<br />

Quoi, avez-vous donc sauvé quelques-uns <strong>de</strong><br />

vos bronzes? On les disait disparus dans l'effondrement<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> Tuileries, où Courb<strong>et</strong> les avait<br />

fait porter. — Je les ai tous. — Mais alors vos<br />

belles terres cuites? — Il ne m'en manque pas<br />

une. — Mais vos gran<strong><strong>de</strong>s</strong> aquai^elles? — Venez<br />

les voir.<br />

La vérité était qu'avant <strong>de</strong> quitter Paris<br />

M. Thiers avait eu soin <strong>de</strong> faire porter à l'Institut<br />

<strong>de</strong>ux gran<strong><strong>de</strong>s</strong> caisses renfermant <strong>la</strong> plus<br />

importante partie <strong>de</strong> sa collection <strong>et</strong> que déposées<br />

dans <strong>la</strong> cave du monument, elles y<br />

avaient échappé à tous les dangers dont on<br />

les avait crues victimes. Je tiens ce <strong>de</strong>rnier détail,<br />

non <strong>de</strong> M. Thiers qui ne par<strong>la</strong>it pas volontiers<br />

<strong>de</strong> ses malheurs particuliei^s <strong>et</strong> qui ne<br />

se <strong>la</strong>issait pas facilement interroger, mais d'un<br />

<strong>de</strong> ses plus fidèles<br />

fié.<br />

amis, auquefil l'avait con-<br />

Le fragment exposé dans les salons <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Prési<strong>de</strong>nce provenait d'une <strong>de</strong> ces belles copies<br />

réduites, celle du Persée <strong>de</strong> Cellini,<br />

que M. Thiers avait fait exécuter autrefuis en<br />

Italie — elles étaient restées à l'hôtel <strong>de</strong><br />

Pai-is ; transportées aux Tuileries dans les<br />

premiers temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> Commune, elles furent<br />

détruites par les f<strong>la</strong>mmes (1).<br />

jlj M. Manus Vachon donnait <strong>de</strong>rnièrement dans<br />

<strong>la</strong> /''-«^ire quelques renseignements au suj<strong>et</strong> d'une<br />

épreuve unique du Mc7-nn'r <strong>de</strong> Ru<strong>de</strong>, détruit également<br />

par l'mcendie <strong><strong>de</strong>s</strong> Tuil.-ries. La statue qui a fiîjure<br />

<strong>de</strong>puis à l'exposiUon <strong><strong>de</strong>s</strong> Alsaciens-Lorrains<br />

aurait <strong>et</strong>e coulée sur le plâtre du Mercure, généreusement<br />

ofl'ert à AL Tliiers par un <strong><strong>de</strong>s</strong> élèves <strong>de</strong> llu<strong>de</strong><br />

-M. (,alj<strong>et</strong>, mort récemment. >-. d. l. r<br />

Je ne crois pas que <strong>de</strong>puis 1870, M. Thiers<br />

ait beaucoup ajouté à ce qu'il possédait en<br />

obj<strong>et</strong>s d'art. Autant que possible je me tenais<br />

au courant <strong>de</strong> ses acquisitions, <strong>et</strong> on ne m'a<br />

rien signalé <strong>de</strong> vraiment remarquable parmi<br />

les plus récentes ; l'important, du reste, était<br />

fait dès longtemps.<br />

Vous me <strong>de</strong>man<strong>de</strong>z encore si je sais quelque<br />

chose <strong>de</strong> ce legs au musée du Louvre<br />

dont on a parlé hier tout haut, dont on s'entr<strong>et</strong>ient<br />

plus bas aujourd'hui, <strong>et</strong> que chacun<br />

est si anxieux <strong>de</strong> connaître.<br />

Vous répondre est chose délicate. Je ne<br />

crois pas cependant qu'il y ait inconvenance à<br />

redire <strong>la</strong> réponse que me lit un jour M. Thiers<br />

après une <strong>de</strong> ces questions indiscrètes que<br />

<strong>la</strong> vue <strong>de</strong> tant <strong>de</strong> belles choses amenait presque<br />

involontairement sur les lèvres d'un visiteur,<br />

ar<strong>de</strong>nt ami <strong>de</strong> l'art <strong>et</strong> <strong>de</strong> son |)ays. —<br />

« Ce que je ferai <strong>de</strong> tout ce<strong>la</strong> après moi ! eh !<br />

— me dit-il, sans pai'aitre me confier un secr<strong>et</strong><br />

— c'est bien aisé à supposer. Je me p<strong>la</strong>is<br />

à penser qu'on me croit capable <strong>de</strong> le léguer<br />

à <strong>la</strong> France, <strong>et</strong> je peux espérer que personne<br />

après moi ne s'opposera à mes vœux. »<br />

Voilà à peu près, mon cher Directeur, ce<br />

que je vous racontais il y a quelque temps.<br />

Faites-en ce que vous voudrez. Faites-le même<br />

lire à vos abonnés <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te^ si vous croyez<br />

vraiment tout ce<strong>la</strong> assez intéressant pour leur<br />

être communiqué.<br />

Rien à vous,<br />

Ch. Timbal.<br />

L EMBLEME SCULPTÉ .SUR LE CORSAGE DU<br />

BUSTE DE BÉATRIX D'ESTE , ATTRIBUÉ A<br />

LEONARD DE VINCI OU A l'UN DE SES<br />

ÉLÈVES.<br />

A M. le directeur <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-Arts,<br />

Je viens <strong>de</strong> lire, cher monsieur, dans le <strong>de</strong>rnier<br />

numér(j <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te, l'intéressant article<br />

<strong>de</strong> M. Louis Courajod sur le buste en<br />

marbre <strong>de</strong> Béatrix d'Esté, l'une <strong><strong>de</strong>s</strong> merveilles<br />

du Louvre. Comme lui, je crois c<strong>et</strong>te œuvre

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