chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

partie de la collection a commencé lundi 23 avril,
et la dernière sera vendue le 23 mai.
La vente de la collection Chandon, appartenant
à M. Napier, de Glascow, sera également divisée
en trois parties, chacune occupant une dizaine de
jours. La semaine passée et cette semaine on a
vendu d'abord les porcelaines et faïences européennes.
Ensuite les tableaux, puis les bronzes et
les objets d'ameublement. M. Napier collectionnait
tout, et dans quelques branches il a fait preuve
d'intelligence et de goût. Le prix le pb:s remarquable
a été obtenu par une assiette de Saxe,
forme turquoise, avec le chiffre de l'Impératrice
Catherine de Russie au contre, et des camées sur
les bords. Elle s'est vendue 40fiO francs, avec une
assiette semblable an même prix; c'est le prix le plus
élevé qu'on ait jamais payé une seule assiette. On
suppose qu'elles ont été achetées par l'Empereur
de Russie, pour compléter le service qu'il possède.
Les Sèvres se sont également vendus des prix
énormes.
Le montant des deux premières vacations s'est
élevé à 146,000 francs Les tableaux se sont moins
bien vendus. Le total cependant a atteint le
chiffre respectable de 336,000 francs.
LIOÎs'EL ROHLNSON.
LES TOMBEAUX DE CINQ GR.\NDS MAITRES
DE RHODES.
Dans l'avant -dernier numéro de la Chronique des
Arts et de la Curiosité, nous avons annoncé que
cinq des rares tombeaux des grands maîtres de
l'ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem,
qui ont échappé à Rhodes à une destruction
complète, vont être acquis par le gouvernement
français. Dans sa dernière séance, la Commission
des monuments historiques, sur la proposition de
M. du Sommerard, a voté les crédits nécessaires
pour cette acquisition.
Ces tombeaux, dans un état de conservation
très-satisfaisant, présentent pour nous un grand
intérêt au point de vue archéologique et historique.
Quatre sont les tombeaux de grands maî-
tres français, illustres dans les annales de l'Ordre ;
le cinquième a contenu la dépouille mortelle d'un
des Ursins, qui bien qu'Italien d'origine, tenait à la
France par des liens de famille nombreux.
Le plus important de ces tombeaux, est celui
de ce dernier, J.-B. des Ursins, 37^ grand maître
de 1467 à 1476. Il mesure 2n'20 de long, 0,88 de
haut et 0,85 de large. Il est d'un seul bloc de
granit. Sur la paroi de face on lit une longue
inscription eu vers latins, très-bien conservée et
dont voici le texte complet :
« Auno quo Christus de virgine natus ab illo
Transierant mille decies semptemque, subindè
Octavus junii quadrigenti, sex hora quaterua
Sabbati, quo die scias obisse jacentem.
Sanguine clarus erat ursixus, stirpe Baptista
Quse Clara prEevulct cœteris Italiœ.
Vulgus tantœ domus resonat indique per orbem.
ET DE LA CURIOSITÉ 171
Ouae multos habuit poiilifioesi|ue duces
Hic reverendus erat Rliodi palerque, magisler.
Qui partis fuit ambilus liujus cunilitor urbis,
Romauus fuit, die, die virtulibus altis,
Numeu cujus erit semper more suis
.Magnaiiinuis, prudens, jusius , ntque modestus,
Humanus, streuuus, pins, probusque, seremis,
Nec quem cœsarei œquarunt usqiie triuniphi,
Auctum [ler invictœ sic probitas oiius.
Eu jubar exoriens miouil is solis, in orbe,
Atque refulgenti lustravit lampude terras :
Qui niaguos hostes, qui magna pericnla tulit,
Pro Cliristi cultu, pro religiuiic lucnda.
Jure Deus voluil l'erto dcccruere lato.
Ut huic praiclaro noiiieu magister esset,
Atque inter divos esse divus ad aslra ivlatus.
Sic itaque saiculo victo, sine fini! triinnplial. >
Voici la traduction de cette épilaplie :
« L'an 1476 de N. S. J. C, le huitième jour, un
samedi, vers la quatrième heure, mourut Jean
Baptiste des Ursins, de l'une des plus illuslrt's familles
de l'Italie. La reujmmée de sa maison
était répandue dans toute la terre, mais elle fut
moins célèbre encore pour avoir fiurni un grand
nombre de pontifes et de généraux qui; pour
avoir donné le jour au père de Rhodes, au maître
de riiôpital, celui à qui Rhodes doit une iiarlie
de sou accroissement; Romains, c'est à vous particulièrement
qu'il appartii'ut de chanter les hautes
vertus de celui qui fut votre coucitoyeu et dont
le nom sera éternellement dans toutes les boudies.
« Magnanime, prudent, aussi juste que modeste,
humain, vaillant, pieux, intègre et d'un caractère
toujours serein, ses triomidies ont égalé ceux de
César. Son austère probité donna encore un nouveau
prix à ses belles actions.
« Semblable aux ra3-ons du soleil levant, son
passage sur la terre biilla de toute la pureté de
l'astre du jour etrépandit sa lumière dans l'univers
entier. L'amour de Notre Seigneur Jésus-Christ et
la défense de notre sainte religion lui firent braver
tous les daugers en combattant les ennemis
les plus formidables. Dieu, dans sa sagesse, pensa
qu'après avoir ajouté comme grand maître un
nouveau lustre à un nom déj.i si célèbre, ce saint
homme fut enlevé au ciel pour y jouir du bonheur
des saints. Sa gloire, de même que ses
exploits, ne périra jamais. »
A gauche de l'inscription se trouvent les armes
de l'ordre des Hospitaliers ; adroite, celles de J.-B.
des Ursins : Bandées d'argent et de gueules à six
pièces au chef d'argent surmonté dune rose à
gueules soute?iues d'un clief d'or chargé d'une onde
de sable. Ce tombeau se trouvait dans l'église de
Saint-Jean de Rhodes, qui fut épargnée après la
prise de celte ville par les Turcs. Par suite de
quelles circonstances se trouve-t-il, ainsi que les
quatre autres, en la possession du propriélaire
actuel, un agent coasulaiîe de Grec»- ? Nous l'ignorons.
Le deuxième par ordre d'importance est celui
de Pierre de Conîillon, 27° grand maître de Rhodes,
de 1354 à 1355. Aucune partie ne fait défaut.
Le couvercle qui manque au tombeau des Ursins
et à deux autres, est orné d'une grande ligure,
sculptée en bas relief, grand.-ur naturelle, avec
armes et armoiries qui sont : De gueules n une
bande d'argent chargé de trois merles de sable. Un