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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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No 7. — <strong>1877</strong>.<br />

BUREAUX, 3, RUE LAFFITTE.<br />

LA<br />

17 Février.<br />

CHRONIQUE DES ARTS<br />

Un an. .<br />

ET DE LA CURIOSITÉ<br />

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAI X-ARTS<br />

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN<br />

Les abonnes à une <strong>année</strong> entière <strong>de</strong> <strong>la</strong> Gaz:tte <strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-Arts reçoivent gratuitenunt<br />

EXPOSITION OU CERCLE DE LA PLACE VENDOME<br />

L'exposition annuelle du Cercle <strong><strong>de</strong>s</strong> Mirli-<br />

U'ons vient d'ouvrir. Elle est fort intéressante,<br />

môme fort bril<strong>la</strong>nte; non pas autant peut-être<br />

qu'on le <strong>la</strong>issait entendre. Sans M. Meissonier,<br />

elle ne dépasse pas le niveau ordinaire <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

bonnes expositions du cercle. Mais M. Meissonier<br />

est <strong>de</strong> <strong>la</strong> fête,' <strong>et</strong> sa présence est touiours<br />

une fortune rare, un élément <strong>de</strong> succès<br />

assuré. On pourrait écrire un Salon au p<strong>et</strong>it<br />

pied sur c<strong>et</strong>te exposition qui a une tenue<br />

<strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> façons d'être si aristocratiques. L'espace<br />

nous manque. Ne vou<strong>la</strong>nt point faire une énumération<br />

qui éveille infailliblement lei susceptibilités<br />

<strong>de</strong> ceux qu'on oublie, on nous perm<strong>et</strong>tra<br />

<strong>de</strong> grouper ici, avec une entière indépendance,<br />

les notes rapi<strong><strong>de</strong>s</strong> que nous avons<br />

prises sur quelques-uns <strong><strong>de</strong>s</strong> principaux tableaux.<br />

Une dizaine <strong>de</strong> noms nous ont r<strong>et</strong>enu ; —<br />

nous ne pré^tendons pas que leurs œuvres soient<br />

exemptes <strong>de</strong> critiques, ni même qu'elles soient<br />

pour d'autres les plus digues d'être citées: — ce<br />

soht MM. Carolus Duran, Dubufe, Gérôme,<br />

Emile Lévy, Munkacsy, <strong>de</strong> Neuville, <strong>de</strong> Nittis,<br />

Vollon, <strong>et</strong> par <strong><strong>de</strong>s</strong>sus tout M. Meissonier.<br />

M. Meissonier est un maître dans <strong>la</strong> force<br />

ancienne d'un mot que l'on prodigue trop volontiers<br />

<strong>et</strong> qui doit être réservé à ceux que<br />

leur soli<strong>de</strong> éducation m<strong>et</strong> à l'abri <strong>de</strong> toute défail<strong>la</strong>nce,<br />

ou que leur génie maintient dans<br />

les hautes <strong>et</strong> souveraines régions <strong>de</strong> <strong>la</strong> pen-<br />

sée.<br />

M. Ingres était un maître, comme Rousseau,<br />

conmie De<strong>la</strong>croix; M. Meissonier en est un<br />

aussi. Tel on l'a vu au jour <strong>de</strong> ses grands succès<br />

publics, tel on le r<strong>et</strong>rouve aujourd'hui<br />

dans ses p<strong>et</strong>its cadres. Quelques amis dévoués<br />

<strong>de</strong> sa renommée ont pu regr<strong>et</strong>ter une excursion<br />

r<strong>et</strong>entissante <strong>et</strong> toute récente dans le domaine<br />

<strong>la</strong> Chronique <strong><strong>de</strong>s</strong> Arts <strong>et</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Curiosité.<br />

PARIS ET DÉPARTEMENTS<br />

12 fr. I Si:: mcis. - b<br />

du plein air, sacrifice inutile aux dieux du<br />

jour, qui ne sont, à bien prendre, que <strong><strong>de</strong>s</strong> faux<br />

dieux; mais sa force est restée intacte, son<br />

métier incomparable, sa justesse d'expression<br />

sans rivale. Voyez plutôt ici <strong>la</strong> p<strong>et</strong>ite toile représentant<br />

Morcau <strong>et</strong> son chef d'état-major Delsol<br />

en reconnaissance avant <strong>la</strong> bataille cleHohenlin<strong>de</strong>n<br />

; il s'en faut <strong>de</strong> bien peu qu'D n'y ait<br />

rien à reprendre dans ce p<strong>et</strong>it chef-d'œuvre.<br />

11 est <strong>de</strong> <strong>la</strong> même famille que le célèbre tableau<br />

<strong>de</strong> 1814. La neige couvre <strong>la</strong> terre <strong>de</strong> son b<strong>la</strong>nc<br />

linceul. Les <strong>de</strong>ux géqéraux ont mis pied à<br />

terre au bord d'une c<strong>la</strong>irière <strong>et</strong> se sont avancés<br />

sur une p<strong>et</strong>ite éminence, d'où, à Irayers<br />

les brumes g<strong>la</strong>cées du matin, ils son<strong>de</strong>nt du<br />

regard les profon<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> <strong>la</strong> forêt d'Ebersberg,<br />

Les <strong>de</strong>ux p<strong>et</strong>ites silhou<strong>et</strong>tes se détachent en<br />

noir, presque brutalement, mais c'est l'accent<br />

que donne <strong>la</strong> neige ; les chevaux harassés <strong>de</strong><br />

fatigue, le ventre fou<strong>et</strong>té <strong>de</strong> boue, se sont<br />

arrêtés près <strong><strong>de</strong>s</strong> arbres; tout est triste, grave,<br />

solennel, l'attitu<strong>de</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> personnages <strong>et</strong> l'aspect<br />

du paysage ; l'âme <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature semble à<br />

l'unisson <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> ces hommes qu'agitent<br />

<strong>de</strong> redoutables pensées. Tout est simple : le<br />

geste <strong>et</strong> le mouvement <strong><strong>de</strong>s</strong> figures, <strong>la</strong> forme <strong>et</strong><br />

<strong>la</strong> coloration <strong><strong>de</strong>s</strong> choses; mais le peintre, par<br />

c<strong>et</strong>te vérité d'observation, par c<strong>et</strong>te délicatesse<br />

à l'exprimer, qu'il poursuit avec une si constante<br />

<strong>et</strong> si passionnée recherche; s'élève jusqu'à<br />

<strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur même <strong>de</strong> l'histoire. II y a en<br />

lui un don <strong>de</strong> synthèse surprenant qui marque<br />

son action d'un caractère inoubliable, qui l'individualise<br />

<strong>et</strong>, dans le cadre exigu où il l'enferme,<br />

<strong>la</strong> grandit à <strong>la</strong> taille <strong><strong>de</strong>s</strong> souvenirs<br />

qu'elle r<strong>et</strong>race. Il y a dans M. Meissonier,<br />

non-seulement tout ce qui est <strong>la</strong> coudition<br />

nécessaire <strong>de</strong> son objectif particulier, mais<br />

encore ce qui est l'essence même <strong>de</strong> l'art : <strong>la</strong><br />

vigueur <strong>de</strong> <strong>la</strong> pensée, l'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> composition,<br />

l'expression fouillée <strong>et</strong> longuement cherchée,<br />

le style. Ceci est bon à rappeler en un<br />

temps où les renommées <strong>et</strong> les talents s'usent<br />

si vite.

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