chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

Le retable de Beaune.
Le grand retable, peint pour le Chancelier
Kolin, — le même Rolin qui avait commandé
à Jean Van Evck l'incomparable cbof-d'œavre
qui de la sacristie de la cathédrale d'Autun
est venu au Louvre, dont il est aujour^i'hui
l'un des plus beaux lleurons, — et conservé à
l'Hôpital de Beaune depuis le xV siècle, est
depuis quelques jours à Paris entre les mains
de M. Reiset. (lonformément au désir exprimé
par l'administration du célèbre hôpital,
ilvaêtrecomplétoment débarrassé des badigeonnages
qui l'ont défiguré, en voilant les nudités,
et soumis à de prudents et minutieux travaux
de restauration. Déjà, le pannsau qui contient
les figures des réprouvés a subi avec le plus
grand succès une première opération de nettoyage
; toutes les petites ligures nues, qui
sont des merveille» de tine>se et de dessin, ont
réapparu dans leur primitive fraîcheur, et les
deux faces du volet ont été sciées pour que
Ton puisse désormais jouir de l'œuvre dans
son ensemble sans être obligé d'en faire pivoter
les panneaux, ^'ous espérons que, lorsque
cet important travail sera terminé, M. Reiset
obtiendra de l'hôpital l'autorisation de laisser
admirer aux Parisiens pendant quelques jours,
dans l'une des sall-'S du Louvre, par exemple,
le magnifique clief-d'œuvre de Rogiervan der
Weyden. La Gazelle reviendra d'ailleurs prochainement
sur cet intéiessant sujet.
NECROLOGIE
ET DE LA CURIOSITE 21
L. G.
M. François Buloz, le directeur de la Revue
des Deux Mondes, est mort samedi 13 janvier.
Il a succombé à une maladie douloureuse
dont il était atteint depuis plusieurs années,
et qui l'avait obligé de céder la direction de
sa publication à sou fils, M. Charles Buloz.
M. F. Buloz était né à ViUben-, près de Genève,
en 1803. En 18-2o, il vint à Paris achever
ses études, et pour gagner sa vie, il entra
comme correcteur dans une imprimerie. Six
ans après, il acquit, avec quelques amis, la
propriété de la Revue des Deux-Mondes.
Il en fit l'œuvre de sa vie et y consacra toute
l'activité et toute l'énergie qui le caractéri-
saient. Après de longues années de luttes, le
succès couronna ses etforts et d'une modeste
publication sans autorité, il lit de la Revue des
Deux-Mondes un centre littéraire auquel toutes
les illustrations s'honoraient de collaborer,
et dont la prospérité tout au moins financière
a augmenté chaque année.
En 1838, M. Buloz succéda à M. Taylor, en
qualité de commissaire royal près la Comédie-
Française, qu'il administra jusrpien 1848.
Ses obsèques ont eu lieu lundi lii janvier, à
Saint- Germain-des-Prés.
Le Temps du 18 janvier a puldié un excellent
article de M. Schérer sur M. Buloz.
L'un des meilleurs peintres de la Russie,
Timoléon-Charles de Neff, vient de mourir.
Il était né en 1805 à Korkulla, en Esthonie.
Après avoir fait ses études artistiques à Dresde
d'abord, et ensuite à Rome, il alla en 1862 à
Saint-Pétersbourg, où ses œuvres ne tardèrent
pas à être remarquées. Ses portraits, de plusieurs
membres de la famille impériale notamment,
lui acquirent promptement la notoriété
; ils lui va urent, en 1832, l'emploi de
peintre de la cour, deux ans plus tard une
pension viagère, et en 1839 le titre de membre
de l'Académie des Beaux-Arts. La Russie possède
de Neff des œuvres d'un mérite éminent,
entre autres les peintures de la cathédrale
d'Isaac, qu'il avait été chargé d'exécuter en
1849.
L'Italie vient de perdre un de ses meilleurs
artistes, Pieiro Magni, l'auteur de statues de
David et de Socrate.
CORRESPONDANCE DE HOLLANDE
Mon cher Directeur,
On ne s'est, je crois bien, jamais autant occupé
du bel art de la tapisserie que dans ces
derniers temps. L'exposition de ÏUnion centrale
a mis le sujet à la mode. Tous les journaux
en ont parlé et nos lecteurs n'ont oublié
ni les lettres si intéressantes de M. Mûntz, publiées
dans la Chronique, ni les excellents articles
que M. Darcel a donnés dans la Gazette.
Ajoutez à cela les beaux travaux que M. Guichard
est en train d'exécuier au Garde-Meuble
et vous m'accorderez que r« Histoire de la tapisserie
» est un sujet qui se trouve dans l'air
qu'on respire, pour ainsi dire. C'est certainement
une de nos préoccupations artistiques
du moment les plus intenses, et il faut nous
attendre à la voir prendre corps un de ces
jours, sous la forme d'un beau et bon livre,
bien complet et qui traitera avec étendue de
cette matière si pleine d'intérêt.
Notre devoir à tous (je parle de nous autre?
les chercheurs) est, en pareille occurrence, de
faciliter la besogne à celui qui se dévouera, et
de planter le plus de jalons possibles pour le
guider dans sa route. Permettez-moi donc,
mon cher ami, de donner l'exemple aujourd'hui
et de vous dire quelques mots d'un centre
de production qui jadis fut considérable,
et dont, à mon avis, on ne s'est point assez
occupé jusqu'à présent.
Je veax parler d'Audenardc.
A mon dernier voyage dans les Flandres,
j'ai fait une courte station dans les archives
de cette petite ville, et j'ai été tout surpris d'y
trouver un grand nombre d'indices annonçant