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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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326 LA CHRONIQUE DES ARTS<br />

ble, les autres établissements <strong>de</strong> l'Etat, <strong>et</strong> <strong>de</strong><br />

faire un choix pour l'Exposition.<br />

Et quand ces œuvres exceptionnelles <strong>de</strong> nos<br />

anciens maîtres seront une fois sorties déterre<br />

<strong>et</strong> mises en lumière, on peut espérer que<br />

l'État, le Louvre <strong>et</strong> le public jugeront ulile <strong>de</strong><br />

les installer à leur vraie p<strong>la</strong>ce, à côté <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

trésors <strong>de</strong> Révoil, <strong>de</strong> Sauvageot, <strong><strong>de</strong>s</strong> Tuileries<br />

<strong>et</strong> <strong>de</strong> Saint-Cloud (1).<br />

J'ai l'honneur, messieurs, <strong>de</strong> solliciter votre<br />

concours pour une œuvre d'utilité publique,<br />

car il s'agit non-seulement<strong>de</strong> faire valoir notre<br />

vieille école française, mais <strong>de</strong> contribuer à<br />

l'éducation <strong>de</strong> nos artistes qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt, avec<br />

raison, <strong>de</strong> pouvoir enlin étudier l'art décoratif<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers siècles dont aucun Musée ne<br />

leur olfre les modèles.<br />

Je vous prie d'agréer, Messieurs, l'assurance<br />

<strong>de</strong> mes sentiments distingués.<br />

BONNAFFÉ.<br />

NÉCROLOGIE<br />

La mort vient <strong>de</strong> frapper un peintre <strong>de</strong><br />

gran<strong>de</strong> valeur, M. Gustave Brion, décédé à<br />

Paris à l'âge <strong>de</strong> 53 ans.<br />

Né à Rothau, dans les Vosges, il eut pour<br />

maître Gabriel Guérin, pemtre distingué <strong>de</strong><br />

Strasbourg. Les débuts <strong>de</strong> G. Brion aux Salons<br />

<strong>de</strong> Paris furent très-heureux, <strong>et</strong>, <strong>de</strong>puis 18o3,<br />

où il parut avec ses Schlitteiirs <strong>de</strong> <strong>la</strong> Forêt<br />

Noire, il jouit presque constamment <strong>de</strong> <strong>la</strong> faveur<br />

publique. Nous nous bornerons à rappeler<br />

ici ses œuvres principales : <strong>la</strong> Noce en Alsace,<br />

le Bénédicité, Jéi,us <strong>et</strong> Pierre sur les eaux,<br />

une Lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible, qui lui valut <strong>la</strong> gran<strong>de</strong><br />

médaille d'honneur en 1868; l'<strong>année</strong> précé<strong>de</strong>nte<br />

il avait obtenu une secon<strong>de</strong> médaille.<br />

Nous rappellerons en terminant que les<br />

tableaux : La lecture <strong>de</strong> <strong>la</strong> Bible, le Mariage protestant<br />

<strong>et</strong> <strong>la</strong> Quête au loup, ont été gravés,<br />

hors texte, dans <strong>la</strong> Gaz<strong>et</strong>te <strong><strong>de</strong>s</strong> Beaux-Arts,<br />

par MM. Laguillermie <strong>et</strong> Rajon.<br />

Un amateur distingué, très-dévoué k l'art <strong>et</strong><br />

aux artistes, M. Alexandre Dumont, vient <strong>de</strong><br />

mourir à Cambrai.<br />

CORRESPONDANCE DE BELGIQUE<br />

Un peintre <strong>de</strong> Rome, M. OUoni, promène eu ce<br />

moment en Belgique un Christ gran<strong>de</strong>ur naturelle.<br />

11 s'est fait assez <strong>de</strong> réc<strong>la</strong>me autour <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />

peinture pour que j'en dise uu mot dans ma<br />

correspondance.<br />

(1) Ne serait-ce pas le cas, plutôt, <strong>de</strong> constituer avec<br />

ces obj<strong>et</strong>s ua groupe <strong>de</strong> première importance pour <strong>la</strong><br />

Musce <strong><strong>de</strong>s</strong> Ans dcroralifs dont <strong>la</strong> réalisation, un instant<br />

enrayée par les préoccupations <strong>de</strong> <strong>la</strong> politique, va<br />

être activement poursuivie ? N. D. L. R.<br />

Le Christ est attaché sur sa croix, les bras eu<br />

l'air, à <strong>la</strong> manière janséuiste ; <strong>la</strong> tête fléchit sur<br />

le côté <strong>et</strong> il est vu <strong>de</strong> face, uu peu plus qu'à micorps,<br />

ayant <strong>de</strong>rrière lui uu fond <strong>de</strong> ténèbres<br />

éc<strong>la</strong>boussées <strong>de</strong> lueurs rouges.<br />

La lumière porte sur <strong>la</strong> poitrine, décroît au<br />

ventre <strong>et</strong> à <strong>la</strong> tête, <strong>et</strong> se perd dans les pénombres,<br />

en haut <strong>et</strong> eu bas ; une sorte <strong>de</strong> crépuscule obscurcit<br />

ainsi tout ce qui n'est pas le milieu du<br />

corps. C'est le contraire chez les maîtres, Rubeus,<br />

Van Dyck, Murillo, De<strong>la</strong>croix ; <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> c<strong>la</strong>rté<br />

tombe sur le front <strong>et</strong> glisse eu s'éteignant le long<br />

<strong><strong>de</strong>s</strong> membres. Comme un phare dans l'accroissement<br />

du crépuscule, le visage <strong>de</strong>meure le <strong>de</strong>rnier<br />

éc<strong>la</strong>iré, parmi les ombres <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort.<br />

Le Christ du peintre <strong>de</strong> Rome a <strong><strong>de</strong>s</strong> particu<strong>la</strong>ri-<br />

tés. De près, les yeux sont clos, c'est l'agonie<br />

s'appesanlissant sur les paupières, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong> visions<br />

funèbres emplissent l'énormité <strong><strong>de</strong>s</strong> orbites. Ecar-<br />

tez-vous, le Christ a les yeux ouverts <strong>et</strong> son regard<br />

plonge dans le pai'adis ; <strong>la</strong> vie a succédé à<br />

l'agonie. Naturellement, le public se <strong>la</strong>isse prendre<br />

à ces jeux <strong>de</strong> perspective, fortement exploités<br />

par <strong>la</strong> personne qui montre le tableau. R a suffi<br />

au peintre d'accentuer l'ombre portée <strong><strong>de</strong>s</strong> sourcils<br />

; c<strong>et</strong>te ombre forme, à distance, assez confusément<br />

du reste, <strong>la</strong> tache <strong><strong>de</strong>s</strong> prunelles. M. Ottoni<br />

nous paraît avoir abusé <strong>de</strong> <strong>la</strong> finesse ita-<br />

lienne.<br />

Sou Christ est l'œuvre d'un homme pa.tient <strong>et</strong><br />

malin. Les chairs ont une douceur fa<strong>de</strong>, travaillée<br />

au b<strong>la</strong>ireau, avec un éc<strong>la</strong>t satiueux <strong>de</strong> peau<br />

<strong>de</strong> femme, nullement l'énergie virile <strong><strong>de</strong>s</strong> corps<br />

habitués à l'air du désert. Le ventre surtout est<br />

presque léininin avec ses lobes, indécis, <strong>de</strong>migras.<br />

Tout le torse a une mièvrerie mondaine<br />

d'oratoire, qui rap<strong>et</strong>isse iirodigieusement l'humanité<br />

<strong>la</strong>rge <strong><strong>de</strong>s</strong> grands Christs <strong>de</strong> l'art. Quant<br />

à <strong>la</strong> tête, elle se réduit à un eff<strong>et</strong> <strong>de</strong> barbe <strong>et</strong><br />

<strong>de</strong> cheveux châtains, mêlés à une pâleur <strong>de</strong><br />

poitrinaire.<br />

Je n'aurais pas insisté, si les plus grosses héré-<br />

sies n'étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> occasions d'exprimer les vérités<br />

<strong>de</strong> l'art. 1\ est certain que M. Ottoni a eu moins<br />

en vue son Christ que le public ; il a visé le succès<br />

plutôt qu'une idée ; il a di^i penser fortement<br />

au mysticisme dèvotieux <strong>de</strong> vieiUes femmes.<br />

Sinon eùt-il fait ce Christ à <strong>la</strong> pomma<strong>de</strong>, sorte<br />

<strong>de</strong> bellâtre d'alcôve? Horace Vern<strong>et</strong> déc<strong>la</strong>ra un<br />

jour que s'il avait à faire le Christ, il le ferait hâve,<br />

déguenillé, avec <strong>la</strong> mine d'un homme du désert<br />

Le i>eiutre belge Charles Ver<strong>la</strong>t, qui est parti <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong>te idée, dans <strong>la</strong> peinture <strong>de</strong> ses suj<strong>et</strong>s sacrés,<br />

est bien plus près <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité que M. Ottoni.<br />

Il ne craint pas d'être logique, du moins ; il conforme<br />

les mOieux à ses personnages ; ayant vu<br />

l'Orient, il peint les juiveries <strong><strong>de</strong>s</strong> Écritures avec<br />

ses souvenirs <strong>de</strong> voyage. La collection <strong>de</strong> ses<br />

tableaux <strong>et</strong> <strong>de</strong> ses étu<strong><strong>de</strong>s</strong> exposée à Anvers, lors<br />

du Centenaire, a mis eu lumière une santé morale<br />

<strong>de</strong>venue rare chez les peintres f<strong>la</strong>mands. Rembrandt,<br />

il est vrai, n'avait pas visité l'Orient, <strong>et</strong><br />

ses Christs ont une flétrissure <strong>de</strong> vie incomparable;<br />

mais il les faisait avec les soufi'rauces <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong> autre Christ qu'il voyait s'agiter autour <strong>de</strong> lui,<br />

le peuple, <strong>et</strong> ce<strong>la</strong> leur donnait une splen<strong>de</strong>ur infinie<br />

d'humanité.<br />

R y a chez un amateur bruxellois bien connu,<br />

M. Jean Cardon, une Mise au tombeau <strong>de</strong> De<strong>la</strong>croix,<br />

que M. Ottoni <strong>et</strong> tous ceux qui, à son

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