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chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

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Galtery, on est frappé <strong>de</strong> suite <strong><strong>de</strong>s</strong> avantages du<br />

système <strong>de</strong> <strong>la</strong> sélection sur celui du libre concours.<br />

M. Descbaïups, l'imprésario, connaît également<br />

bien le public <strong>et</strong> les artistes ang<strong>la</strong>is, <strong>et</strong> il a su<br />

réunir dans sa p<strong>et</strong>ite galerie une centaine d'ouvrages<br />

fort intéressants.<br />

C'est ici que se trouve sans contredit le tableau<br />

le plus digne d'attention <strong>de</strong> tous ceux qu'on a exposés<br />

<strong>de</strong>puis l'été, <strong>et</strong> dans .M. E. J. Gregory, qui<br />

en est l'auteur, il y a ^^tof^e d'un homme <strong>de</strong>vrai<br />

talent. Le titre <strong>de</strong> son tableau est l'Aube.<br />

Devant un piano est assis un vieux musicien<br />

qui, à moitié endormi, en touche mécaniquement<br />

les notes ; près <strong>de</strong> lui se tient une jeune fille belle<br />

<strong>et</strong> fière, malgré les dégâts qu'une nuit <strong>de</strong> danse a<br />

faits à sa toil<strong>et</strong>te. Rej<strong>et</strong>é en arrière <strong>et</strong> appuyé sur<br />

le piano, un jeune homme <strong>de</strong>bout <strong>la</strong> contemple le<br />

lorgnon à l'œil. L'expression <strong>et</strong> <strong>la</strong> pose <strong>de</strong> celui-ci<br />

manquent <strong>de</strong> convenance <strong>et</strong> <strong>de</strong> justesse, mais l'eff<strong>et</strong><br />

général du tableau, au point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur,<br />

est excellent.<br />

Le ton dominant est le jaune, que l'artiste a su<br />

manier avec une rare habil<strong>et</strong>é. Ce n'est pas le jaune<br />

riche <strong>et</strong> éc<strong>la</strong>tant <strong>de</strong> Regnault-, dans <strong>la</strong> Salomé, mais<br />

une pâle lueur dorée, dont les refl<strong>et</strong>s se trouvent<br />

dans les plis <strong>de</strong> <strong>la</strong> robe <strong>de</strong> mousseline <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeune<br />

fille, dans les persiennes <strong>de</strong> <strong>la</strong> fenêtre <strong>et</strong> dans <strong>la</strong><br />

lumière qui se répand dans <strong>la</strong> chambre. A travers<br />

c<strong>et</strong>te blon<strong>de</strong> lumière jaune <strong>et</strong> en lutte avec elle,<br />

filtrent les premiers rayons du jour naissant.<br />

Tout le mérite du tableau est dans c<strong>et</strong>te oppo-<br />

sition qui se répète dans les <strong>de</strong>ux figures.<br />

M. Gregory a produit, sinon un chef-d'œuvre, du<br />

moins une œuvre pleine <strong>de</strong> talent <strong>et</strong> <strong>de</strong> promesses.<br />

Il n'a qu'à suivre le chemin qu'il s'est ouvert avec<br />

tant <strong>de</strong> vigueur <strong>et</strong> d'originalité pour conquérir<br />

une p<strong>la</strong>ce d'honneur parmi les chefs <strong>de</strong> <strong>la</strong> nou-<br />

velle école.<br />

Dans c<strong>et</strong>te galerie, nous rencontrons encore<br />

une fois M. Watts, avec un tableau intitulé les<br />

GiHices, <strong>et</strong> beaucoup meilleur que son Samson.<br />

La tendance <strong>de</strong> M . Watts est <strong>de</strong> faire revi\Te un<br />

style qui, <strong>de</strong>puis <strong>la</strong> mort d'Ingres, est fort dé<strong>la</strong>issé<br />

ici. Il est pourtant juste d'adm<strong>et</strong>tre que nous avons<br />

même en Angl<strong>et</strong>erre un p<strong>et</strong>it cénacle dont M. Albert<br />

^loore <strong>et</strong> M. Thomas Armstrong sont les<br />

chefs, qui lutte courageusement contre les tendances<br />

du temps. Depuis quelques <strong>année</strong>s, <strong>de</strong>ux<br />

académiciens, M.Leightou <strong>et</strong> M. Poynter, semblent<br />

vouloir se rauger dans ce camp, sans briser toute-<br />

fois les liens qui les rattachent encore aux tradi-<br />

tions du corps dont ils font partie. Mais ce p<strong>et</strong>it<br />

cercle qui veut avant tout <strong>la</strong> pur<strong>et</strong>é dans le style,<br />

<strong>la</strong> simplicité dans <strong>la</strong> pose <strong>et</strong> <strong>la</strong> déhcatesse dans<br />

les tous, n'avance que lentement, incompris qu'il<br />

est parle public en général <strong>et</strong> inapprécié <strong><strong>de</strong>s</strong> menbres<br />

actuels <strong>de</strong> <strong>la</strong> Royal Aca<strong>de</strong>my qui préten<strong>de</strong>nt<br />

encore fixer les limites <strong>de</strong> l'art <strong>et</strong> m<strong>et</strong>tre au ban<br />

ceux qui n'acceptent pas leurs arrêts.<br />

C'est ici peut-être <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong> parler <strong><strong>de</strong>s</strong> paysagistes<br />

ang<strong>la</strong>is <strong>de</strong> <strong>la</strong> nouvelle école, qui ne cache<br />

pas son origine française, <strong>et</strong> dont plusieurs <strong><strong>de</strong>s</strong><br />

chefs, couuue les figuristes dont je viens <strong>de</strong> parler,<br />

ont fait leurs étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à Paris. Je nommerai<br />

d'abord M. Boughton qui, quoique Américain <strong>de</strong><br />

naissance <strong>et</strong> d'éducation, est <strong>de</strong>venu tout à fait<br />

Ang<strong>la</strong>is d'adoption <strong>et</strong> <strong>de</strong> sentiment. Il mérite plus<br />

que tout autre le droit <strong>de</strong> représenter <strong>la</strong> nouvelle<br />

École au sein <strong>de</strong> <strong>la</strong> Royal Aca<strong>de</strong>my, dont à<br />

chaque élection il est écarté. Vient ensuite M. P.<br />

ET DE LA CURIOSITE ot<br />

R. Morris, un <strong><strong>de</strong>s</strong> rares élèves <strong>de</strong> l'Aca<strong>de</strong>my qui<br />

<strong>de</strong>puis leur r<strong>et</strong>our <strong>de</strong> Rome aient donné quelque<br />

chose d'intéressant. Car il semble écrit que l'air<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> ville éternelle sera fatal à ces génies précoces.<br />

On peut chercher parmi les <strong>la</strong>uréats d'un<br />

quart <strong>de</strong> siècle, à peine en trouvera-t-on une<br />

<strong>de</strong>mi-douzaine qui aient fait autre chose que <strong>de</strong><br />

dépenser là-bas leur pensiou <strong>et</strong> leurs revenus.<br />

M. Morris, au contraire, rentre dans <strong>la</strong> catégorie<br />

bien restreinte <strong>de</strong> ceux pour lesquels les voyages<br />

<strong>et</strong> les étu<strong><strong>de</strong>s</strong> à l'étranger ont été un point<br />

<strong>de</strong> départ pour leur talent <strong>et</strong> un correctif <strong>de</strong> l'enseignement<br />

académique. Il est encore jeune <strong>et</strong> cherche<br />

peut-être <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière expression <strong>de</strong> son talent; mais<br />

s'il peut se défendre contre les conseils trop f<strong>la</strong>tteurs<br />

<strong>de</strong> ses amis <strong>et</strong> les avances <strong><strong>de</strong>s</strong> marchands<br />

qui ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>nt pas mieux que d'exploiter sa<br />

fécondité, il a <strong>de</strong>vant lui un avenir plein <strong>de</strong> succès.<br />

Son défaut principal est <strong>de</strong> travailler trop<br />

vite. 11 se <strong>la</strong>isse emporter par sa facilité <strong>de</strong> conception<br />

<strong>et</strong> son habil<strong>et</strong>é <strong>de</strong> pinceau.<br />

M. BoughtoD, au contraire, travaille sinon lentement,<br />

du moins à tête reposée. On sent que<br />

ctiacune <strong>de</strong> ses inspirations naît à son heure <strong>et</strong><br />

séparément. Lui <strong>et</strong> M. Morris ont également subi<br />

riûfluence <strong><strong>de</strong>s</strong> paysagistes français, <strong>et</strong> eu reconnaissent<br />

<strong>la</strong> valeur. Et c'est ici un trait intéressant<br />

dans l'histoire <strong>de</strong> l'art, que tandis que les peintres<br />

français <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière génération s'émancipèrent<br />

du paysage historique sous l'influence <strong><strong>de</strong>s</strong> Ang<strong>la</strong>is<br />

tels que Crome, Bouington <strong>et</strong> Coustable , les ar-<br />

tistes ang<strong>la</strong>is d'aujourd'hui puisent dans Corot,<br />

Rousseau, Mill<strong>et</strong>, Jules Br<strong>et</strong>on leurs plus heureuses<br />

inspirations.<br />

[A suivre.)<br />

Lionel Robin son.<br />

p,.S. — Parmi les ventes annoncées pour ce<br />

mois, par MM. Christie <strong>et</strong> Manson, il faut surtout<br />

signaler les suivantes: i° <strong>la</strong> bibliothèque du feu<br />

comte <strong>de</strong> C<strong>la</strong>rendon, longtemps ministre <strong><strong>de</strong>s</strong> af-<br />

faires étrangères, contenant beaucoup <strong>de</strong> li\Tes<br />

sur les beaux-<strong>arts</strong> 2° <strong>la</strong> collection <strong>de</strong> tableaux<br />

;<br />

français appartenant à M'"*' Maberly, riche en<br />

œuvres <strong>de</strong> Boucher, Mignard, Coypel, Drou<strong>et</strong>, Largillière,<br />

Vanloo <strong>et</strong> autres; 3° les tableaux <strong>de</strong> feu<br />

M. Poole, le tailleur à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong> <strong>et</strong> notre Dusautoy<br />

ang ais. M. Poole aimait à protéger les artistes,<br />

au nombre <strong><strong>de</strong>s</strong>quels il pouvait presque se comp-<br />

ter, car ses habits étaient <strong><strong>de</strong>s</strong> œu\Tes d'art.Ses tableaux<br />

apimrtieunent à l'Ecole ang<strong>la</strong>ise mo<strong>de</strong>rne.<br />

En province, il faadra citer <strong>la</strong> vente <strong>de</strong> <strong>la</strong> collection<br />

<strong>de</strong> feu Joshua Swann, amateur <strong>et</strong> collectionneur<br />

distingué <strong>de</strong> gravures à l'aqua-tinte <strong>et</strong> à l'eau-<br />

forte. Elle comprend au moins^lO,000 pièces <strong>et</strong><br />

sera vendue à Norwich.<br />

On annonce aussi une gran<strong>de</strong> vente qui sera<br />

presque aussi accessible aux amateurs français<br />

qu'à ceux <strong>de</strong> Londres. Elle aura lieu à l'abbaye <strong>de</strong><br />

Kearsney, près <strong>de</strong> Douvres, le château <strong>de</strong> <strong>la</strong> fa-<br />

mille Barriu;;ton.<br />

C'est <strong>la</strong> vieille argenterie, datant <strong><strong>de</strong>s</strong> temps<br />

d'Elisab<strong>et</strong>h <strong>et</strong> Jacques I'>^ qui sera le plus grand<br />

attrait <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te vente. M. Barrington en avait fait<br />

une collection historique, où chaque époque <strong>de</strong><br />

c<strong>et</strong> art est représei7tée par <strong><strong>de</strong>s</strong> obj<strong>et</strong>s <strong>de</strong> gran<strong>de</strong><br />

valeur.<br />

MM. C<strong>la</strong>pman <strong>et</strong> Hall viennent <strong>de</strong> publier un

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