chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

374 LA CHRONIQUE DES ARTS
malheureusement, presque tous ont subi des
mutilations.
Ces œuvres de l'art ancien paraissent correspondre
aux tombeaux de certains évêques et
ont dû être placées après l'édification de la
chapelle.
l] n personnage porte le costume de guerre
sous lequel tous les historiens ont représenté
l'héroïne d'Orléans.
,*, A Londres, au British Muséum, on vient
d'installer, dans la section des antiquités, plusieurs
sculptures intéressantes d'origine babylonienne.
Les objets en question ont été trouvés dans
les environs du village de Zira, sur l'emplacement
où se trouvait autrefois une ancienne
ville, dont le nom est ainsi indiqué : Zergoul.
Mais la pièce la plus intéressante est un torse
de basalte noir, d'une dimension énorme,
chargé de différentes inscriptions dont quelques-unes
renferment des noms et des termes
inconnus jusqu'ici. Le nom du roiHemmurebi
y apparaît à plusieurs reprises, et semble indiquer
que les objets proviennent du dix-septième
siècle avant Jésus-Christ.
La collection contient aussi d'anciennes briques.
En même temps, le conseil des trustées,
ou conseil d'administration de l'établissement,
a fait l'acquisition de la collection de dessins
et de copies d'inscriptions, rapportée par feu
George Smith, l'ouvrage posthume qu'a laissé
ce savant. L'histoire de laBabylonie sera, à
ce qu'on annonce, publiée par les soins non
du British Maseum, mais d'une société spéciale.
OUVERTURES DE SALLES NOUVELLES
ET REMANIEMENTS AU MUSÉE DU LOUVRE
L'administration du Louvre, sous l'initiative
de son honorable directeur, M. Reiset,
vient d'effectuer dans notre grand musée d'assez
importants travaux d'amélioration. Quelques-uns
sont en cours d'exécution, d'autres
viennent d'être terminés. Ils se rattachent à
un ensemble de projets qui, peu à peu, au
fur et à mesure des crédits, et assez vite même
si la Chambre consent encore à augmenter un
peu le budget dérisoire du Louvre, seront mis
sur 1h chantier.
Tout d'abord, l'entrée par le pavillon Denon,
qui avait été supprimée après la guerre, vient
d'être rétablie fort avantageusement. Elle s'ajoute
à l'ancienne entrée par l'escalier de
Henri II, qui est maintenue. La longue et élégante
galerie à voûte surbaissée qui relie le
rez-de-chaussée du pavillon Denon au grand
escalier de M. Lefuel, qui sera achevé Dieu
sait quand, a été garnie de quelques marbres
antiques qui étaient relégués dans les magasins
et surtout des magniffques fontes du Primatice,
dites de Fontainebleau, sur lesquelles
M. Barbet de Jouy avait naguère attiré l'attention
pmblique dans un travail spécial (1),
qui, dispersées dans les jardins impériaux,
étaient, depuis longtemps, à peu près perdues
pour le public. On a fort bien agi en donnant
un asile au Louvre à ces belles fontes commandées
au Primatice par François P"", ainsi
qu'à quelques fontes de Keller.
Ensuite, les trois salles du rez-de-chaussée
qui aboutissent en retour à l'extrémité des
salles assyriennes et dont on avait fait une
sorte de magasin d'antiquités diverses, viennent
d'être restaurées et remises à neuf. M. Ravaisson
y a placé, en les aménageant avec
beaucoup de goût, toutes les sculptures grecques
des colonies de l'Asie-Mineure, possédées par
le Louvre et qui occupaient naguère une partie
des salles assyriennes. C'est là qu'on peut
voir maintenant, dans un groupement majestueux,
les admirables sculptures et monuments
du Latmos, trouvés à Héraclée et à Milet, par
MM. 0. Rayet et Albert Thomas, sous le patronage
de MM. Gustave et Edmond de Rothschild,
qui les ont généreu'sement donnés au Louvre.
Nos lecteurs connaissent l'importance pour
l'histoire de l'art grec de ces monuments dignes
de rendre jaloux le British Muséum luimême
(2). Dans ces mêmes salles ont été placés
le vase de Pergame et les bas-reliefs de
Magnésie, ainsi que le grand vase d'Amathonte.
Ces salles, ainsi que l'entrée du pavillon Denon,
viennent d'être ouv^ertes. En même temps,
les antiquités phéniciennes ont été reportées
dans les salles de l'Assyrie, remaniées en
partie.
Dans le même ordre d'idées, M. Barbet de
Jouy a aménagé une nouvelle salle en retour à
la suite du musée de la sculpture moderne, pour
recevoir les œuvres des artistes du xix^ siècle.
Ce sera la salle de Rude, de Pradier, de Ruxtiel,
de David d'Angers, de Simart, de Duret.
Aux œuvres de ces artistes seront ajoutés le
Spartacus de Foyatier, le Thésée de Ramey, le
Soldat de Marathon de Cortot, et VEnfance de
Bacchus, chef-d'œuvre de Perraud, que l'on a
fait entrer au Louvre, quoique les dix ans réglementaires
fussent loin d'être écoulés. Cette
salle sera très-prochainement ouverte.
Enfin, M. Reiset fait remettre à neuf, en débouchant
les fenêti'es de la colonnade, en
ouvrant au centre les murailles qui les séparent,
les trois salles du premier étage qui font
suite à l'ancien musée des Souverains, et qui
contenaient autrefois les peintures du musée
Campana. Ainsi éclairées et restaurées, ces
salles, naguère si noires, seront des meilleures
et des plus belles du Louvre. Dans deux d'entre
elle> sera installée notre magnifique collection
de terres cuites antiques ; dans la troisième...
Mais, chui ! M. Reiset ménage au public une
surprise dont nous voulons lui laisser tout le
plaisir. Il est malheureusement à craindre que
(1) Les Fontes du Primatice, par M. Barbet de Jouy
Paris. Renouard, 1 vol. in-S».
(2) Voir, sur ce sujet, les remarquables articles de
notre collaborateur et ami M. Rayet, parus en 1876
dans la Gazette des Beaiuc-Arts.