chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...

Les tissus occupent naturellement une place
importante dans cette section. Il- constituent
l'industrie lyonnaise et d'ailleurs ils sont à la
mode.
Mais ce qui rend cette exposition éminemment
remarquable, ce sont les meubles en
noyer sculpté de la fabrique lyonnaise du
xvi'= siècle.
Jamais nous n'en avons vu d'aussi beaux
réunis en aussi grande quantité.
Il y a une douzaine de tables pour lo moins,
toutes remarquables; une vingtaine de bull'cts
à deux corps des modèles les plus variés ;
demi-douzaine de crédences, et deux coli'res
semi-italiens, semi-français
étude sérieuse.
qui méritent une
Les meubles du xvin'= siècle, si abondants
d'ordinaire, sont peu nombreux.
La commission a tâché d'organiser l'exposition
des meubles par salles affectant le caractère
d'une môme époque, au moyen des tapisseries
dont les murs sont tendus; aux endroits
où celles-ci ne peuvent descendre une imitation
peinte d'une vieille tenture au chitlVe
et à l'emblème de Lyon forme soubassement.
Parmi les tapisseries il y en a quelquesunes
de fort belles ou de fort intéressantes.
Celle d'après Du Cerceau, que M. Maillet du
Houllay avait prêtée à l'exposition de lllistoirc
de la Tapis- erie et que la G'izette des Beaux-
Arts a reproduite, eût décoré à merveille la
ET DE LA CURIOSITÉ 187
une
salle du xvi'^ siècle ; mais la conuni-sion l'a
refusée, nous ne savons trop pourquoi, ainsi
que tout l'envoi de cet amateur dont on connaît
cependant le goût.
Dans les vitrines de la galerie du musée
sont exposées, en outre des étotfes, la céramique
qui est peu nombreuse, excepté en
faïences de la Perse; la sculpture qui possède
quelques pièces de bronze, de marbre ou
d'ivoire excessivement remarquables; l'orfèvrerie
religieuse qui est riche surtout en
émaux du Limousin ; la ferronnerie et les
armes où l'on distmgue une demi-douzaine
d'épées et les pièces d'une armure de cheval,
qui appartient, croyons-nous, au musée de la
ville.
Quelques belles reliures et d'anciennes éditions
lyonnaises, dont les illustrations, par
leur grand goût, expliquent l'excellence des
huchiers à qui l'on doit les meubles exposés,
et plusieurs beaux spécimens de l'émaillerie
pemte du XV!*^ siècle, complètent cette expo-
sition.
Elle est relativement peu nombreuse. Mais
l'on peut dire qu'il y a peu de non-valeurs, et
que l'excellent n'y est point perdu dans le
médiocre. En somme c'est un choix.
La section de peinture est peu nombreuse
également ; mais si toutes les ojuvres n'y sont
pas absolument indiscutables l'ensemble est
des plus satisfaisants.
L'Ecole lyonnaise, depuis Stella juscpi'à
Chenu— le peintre de la neige — y figure, en
passant par le peintre-graveur Boissieu, Michel
Grobon , Saint-Jean, H. Flandrin et
d'autres.
Eugène Delacroix y a trois toiles, dont une
petite odalisque de 1827, qui est dessinée et
pehite ; II. Ileguault, dcux tableaux, et le
1814 de M. Meissonier attire les visiteurs.
Le catalogue de la section de peinture est
publié, mais celui de la section d'archéologie
n'on est en-înm qu'aux épreuves. Les étiquettes
qui désignent les propriétaires sont
soigneusement dissmiulées alin t'e ne pas
nuire à l'aspect des vitiines, de telle sorte
qu'U m'est bien difficile de prendre des notes
utiles.
Un membre de la commission va se mettre
tantôt à ma disposition. Je; le plains. En attendant,
je vais aller voir comment se fabriquent
aujourilhui les imitations des vc! ours
de Cènes, des lanq);is et des brocalelles dont
j'ai vu hier les originaux du xVet du xvi*
siècle à l'Exposition.
Lyon, le mai,
Alfred Darckl.
LETTRE DE NAPLES
EXPOSITION MODERNE DES BEAUX-ARTS.
2 Mai 1877.
Je vous demanderai la [)ermission de ne pas
résumer, dès les premières lignes, mon im[»ressionsur
l'E-xposition des Heaux-.^rtsde Naples;
j'aurais trop peur de vous désappointer tout
d'abord; n'allez pas croire cependant (pic les
objets intéressants fassent complètement défaut
: en cherchant bien on peut en trouver çà
et là.
L'Exposition se compose de deux parties
bien distinctes: la partie moderne et la partie
rétrospective. Mais il est évident que la première
a été l'objet d'une prédilection spéciale
de la part des organisateurs. On lui a réservé
la façade principale gardée par di; solennels
lions en bronze. On entre au contraire à l'Exposition
rétrospective par une [lorte basse située
sur la façade opposée et il faut gravir
trois étages avant de pénétrer dans les salles.
Je ne vous parlerai dans celte première lettre
que de l'exposition moderne.
En vérité, je préférerais n'en rien dire; la
partie de l'éloge sera si restreinte! Je n'insis-
terai pas sur l'exposition de l'art industriel ;
on y voit des meubles italiano-chinois, peints
de couleurs éclatantes, des torchères en bois
sculptés iiguréespar des satyres en habit noir,
des ileurs en papier ou en étolFe, des fruits en
cire. Dans trois grandes salles^on peut regarder
des compositions en carton-|)àte représentant
des paysages ou des intérieurs de boutiques
avec'lle petits bonlKtinmcs costumis.
Les enfants doivent à ce spectacle trouver un
grand ]daisir.
Ne croyez pas que je dénigre de parti pris.
Je suis retourné bien des fois ù cette exposition
avec le désir de voir se modifier mon im-
[)ression première ; en dépit de nies efforts
elle a subsisté, et je vous la livre dans tonte
sa sincérité. On ne peut s'explitpier cette pénurie
d'imagination et cette absence totale clo
goût chez un peuple (pii est environné des