chronique des arts et de la curiosité, année 1877 - World eBook ...
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3 '28 LA CHRONIQUE DES ARTS<br />
pots d'une ville ont été appliqués à faire l'éduca-<br />
tion du goût public <strong>et</strong> à protéger les artistes.<br />
L'initiative <strong>de</strong> ce niouvemen est due au maire actuel,<br />
M. Walker, qui a voulu illustrer son terme<br />
d'office en donnant, en plein xrx" siècle, aux ressources<br />
du budg<strong>et</strong> municipal d'une ville <strong>de</strong> commerce<br />
par excellence, un emploi analogue à celui<br />
que leur donnaient au xtyc <strong>et</strong> au xV siècle ;les<br />
princes-marchands <strong>de</strong> Florence, <strong>de</strong> Gênes, <strong>et</strong> <strong><strong>de</strong>s</strong><br />
autres répupliques italiennes.<br />
Les marbres Lyciens, qui <strong>de</strong>puis plusieurs <strong>année</strong>s<br />
sont entre les mains <strong><strong>de</strong>s</strong> autorités du Brilisli<br />
Muséum, viennent enfin d'être exposés au public.<br />
Malheureusenienl,bien qu'une somme <strong>de</strong> 500.000 fr.<br />
ait été dépensée pour leur donner une habitation<br />
digne <strong>de</strong> leur valeur, <strong>la</strong> salle où ils sont exposés<br />
est trop p<strong>et</strong>ite pour le mausolée merveilleux, qui<br />
en est le chef-d'œuvre'; les bustes <strong>et</strong> tous les autres<br />
p<strong>et</strong>its obj<strong>et</strong>s sont entassés les uns sur les autres<br />
d'une façon peu artistique. 11 faut espérer qu'un<br />
meilleur local sera trouvé pour c<strong>et</strong>te collection<br />
sans pareille.<br />
Voici encore un peintre académicien qui brigue<br />
l'honneur <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir sculpteur. C<strong>et</strong>te fois c'est<br />
M. Watts, l'un <strong>de</strong> nos meilleurs portraitristes ; il<br />
vient <strong>de</strong> terminer une statue équestre du comte<br />
<strong>de</strong> Chester, ancêtre du duc <strong>de</strong> Westminster, <strong><strong>de</strong>s</strong>-<br />
tinée à orner <strong>la</strong> ville natale du fondateur <strong>de</strong> c<strong>et</strong>te<br />
famille archi-millionnaire.<br />
Les autorités du British Muséum viennent <strong>de</strong><br />
publier im Catalogue /lisforiqufi <strong><strong>de</strong>s</strong> cartes à jouer,<br />
rédigé par le docteur W. H. Willshire. L'idée popu<strong>la</strong>ire<br />
que les cartes ne datent que du temps <strong>de</strong><br />
Charles YI (1390 1400), y est absolument détruite,<br />
quoique l'auteur ue se prononce pas complètement<br />
en fciveur <strong>de</strong> ceux qui attribuent aux cartes<br />
une origine orientale.<br />
D'autres ont prétendu que leur introduction en<br />
Europe est due aux Zingari (Bohémiens) qui s'en<br />
servaient pour dire <strong>la</strong> bonne aventure; mais c<strong>et</strong>te<br />
théorie ne saurait être soutenue, car <strong>la</strong> venue <strong>de</strong><br />
ce peuple mystérieux ne date que <strong>de</strong> 1384, <strong>et</strong><br />
M. 'VViUshire donne <strong><strong>de</strong>s</strong> spécimens <strong>de</strong> cartes qui<br />
remontent à une plus haute antiquité. Tout le<br />
mon<strong>de</strong> connaît les assertions <strong><strong>de</strong>s</strong> Chinois, qui préten<strong>de</strong>nt<br />
avoir connu les cartes à jouer <strong>de</strong>puis<br />
f).600 ans, <strong>et</strong> le Brahmine indien qui montra, en<br />
1816, à un voyageur, un jeu qui était dans sa famille<br />
<strong>de</strong>puis mille ans; mais <strong>la</strong> première mention<br />
historique incontestable <strong>de</strong> cartes à jouer se<br />
trouve dans les Pflichbûcher <strong>de</strong> Nuremberg écrites<br />
en 1384. Ni dans les poëmes <strong>de</strong> Pétrarque, ni<br />
dans ceux <strong>de</strong> Chaucer, c'est-à-dire dans les <strong>de</strong>ux<br />
poêles qui se trouva eut aux extrêmes <strong>de</strong> lEurope<br />
civilisée, les cartes à jouer ue se trouvent mentionnées.<br />
11 y a encore une p<strong>la</strong>ce vacanle dans les rangs<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> Associés <strong>de</strong> <strong>la</strong> Boyal Aca<strong>de</strong>my par le fait <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> mort <strong>de</strong> M. Joseph Durham, un sculpteur dont<br />
le début a donné <strong><strong>de</strong>s</strong> promesses que sou âge mùr<br />
a presque réalisées. Il s'est distingué surtout par<br />
une certaine grâce quasi sentimentale. Mais les<br />
nombreux portraits <strong>et</strong> bustes qu il a faits manquent<br />
trop <strong>de</strong> vigueur <strong>et</strong> <strong>de</strong> caractère. 11 se p<strong>la</strong>isait surtout<br />
à reproduire <strong>la</strong> jeunesse ang<strong>la</strong>ise dans ses<br />
jeux nationaux, mais avec un fa<strong>de</strong> c<strong>la</strong>ssicisme<br />
qui ue rappe<strong>la</strong>it que trop <strong>la</strong> triste iuflueuce <strong>de</strong><br />
l'école <strong>de</strong> Canova sur <strong>la</strong> sculpture au commencement<br />
<strong>de</strong> ce siècle.<br />
Lionel Robi.-vson.<br />
LŒUVRE DE PHUD'HON<br />
ISous l'ecevons d'un <strong>de</strong> nos abonnés à Castres<br />
<strong>la</strong> note suivante au suj<strong>et</strong> d'un livre curieux<br />
intitulé :<br />
Catalogue raisonné <strong>de</strong> VŒuvre peint, <strong><strong>de</strong>s</strong>sine<br />
<strong>et</strong> gravé <strong>de</strong> P. -P. Prud'hon, far Edmond<br />
<strong>de</strong>Goncourt[i)<br />
A défaut du compte-rendu que <strong>la</strong> Chronique<br />
aurait dû faire <strong>de</strong>puis longtemps déjà <strong>de</strong> ce<br />
volume, nous nous empressons d'insérer <strong>la</strong><br />
note suivante, qui ne sjiurait dispenser aucun<br />
<strong><strong>de</strong>s</strong> admirateurs du génie <strong>de</strong> Prud'lion <strong>de</strong> consulter<br />
le travail <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Concourt, (^e travail<br />
qui a suivi Je catalogue <strong>de</strong> l'œuvre <strong>de</strong> Watteau,<br />
se rattache k un ensemble <strong>de</strong> recherches, qui,<br />
dans l'esprit <strong>de</strong> l'auteur, <strong>de</strong>vra servir <strong>de</strong> complément<br />
kVArt au dix- huitième siècle, écrit en<br />
col<strong>la</strong>boration avec sontrès-regr<strong>et</strong>té l'rèro.<br />
OMISSIONS<br />
Portrait <strong>de</strong>. Sriint-Just. — M. Cabuch<strong>et</strong>, sculpteur,<br />
3 (ter), rue <strong>de</strong> <strong>la</strong> Visitation <strong><strong>de</strong>s</strong> Dames<br />
Sainte-Marie, à Paris, que M. Edmond <strong>de</strong> Concourt<br />
cite pages 18, 28 <strong>et</strong> 8'i <strong>de</strong> son catalogue,<br />
possè<strong>de</strong> un portrait <strong>de</strong> Snint-Just peint par Prud'hon.<br />
C'est un portrait en buste, très-sombre; dans<br />
le coin <strong>de</strong> l.i toile, à droite, on lit ces mots : A<br />
Saint-Just. P. P. Prud'hon 1793. H a été gravé sur<br />
bois par Hotelin sur un <strong><strong>de</strong>s</strong>sin <strong>de</strong> Bou<strong>la</strong>y pour<br />
illustrer : 1" Le Livre Rouge, histoire <strong>de</strong> l'échafaud<br />
en France (un vol. in-folio. Paris 1863); 2» /e PantJi'lon<br />
révolutionnaire démoli, par M. <strong>de</strong> Lescure<br />
(l vol. in-4'', Paris, 1863). Il est ^avléàe. ce portrait<br />
dans V Histoire <strong>de</strong> Robespierre par M. Ernest Hamel,<br />
tome 3, page 298, où Prud'hon est cité conmie un<br />
habitué du salon <strong>de</strong>Dup<strong>la</strong>y; assertion qui vient à<br />
l'appui <strong>de</strong> celle <strong>de</strong> M. Alfred Sensier qui affirme<br />
dans son RomaJi <strong>de</strong> Prud'hon, que c<strong>et</strong> artiste était<br />
un admirateur passionné <strong>de</strong> Robespierre. L'assertion<br />
<strong>de</strong> M. Alfred Sensier est citée par M. Charles<br />
Clément dans l'édition illustrée <strong>de</strong> son livre sur<br />
Prud'hon, page 64(1 vol.in-8» raisin, Paris, Didier<br />
éditeur, 1872).<br />
Ce portrait, dont l'existence avait déjà été signa-<br />
lée par <strong>la</strong> Chroiiique, est du mauvais Prud'hon <strong>et</strong><br />
<strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce m'en parait fo.t douteuse, car <strong>la</strong><br />
gravure précitée rappelle bien peu : 1» l'admirable<br />
Médaillon <strong>de</strong> Saint-Just par David d'Angers,<br />
reproduction <strong><strong>de</strong>s</strong> portraits du temps ; 2" le Portrait<br />
<strong>de</strong> Saint-Just, dont parle Michel<strong>et</strong> dans son<br />
Histoire <strong>de</strong> <strong>la</strong> Révolution française, troisième édition,<br />
tome 4, note 2 <strong>de</strong> <strong>la</strong> page 231 (Paris, Lacroix <strong>et</strong><br />
C''', éditeurs, 1S69), qui a été gravé par Léopold<br />
F<strong>la</strong>meng, d'après un pastel du temps provenant <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> famille L^as <strong>et</strong> qui appartient aujourd'hui à<br />
M. Ernest Hamel. La gravure <strong>de</strong> F<strong>la</strong>nieng se<br />
trouve dans YHistoire <strong>de</strong> soixante ans {Révolution<br />
(1) 1 vc)l. ia-S» avec ua portrait <strong>de</strong> Prud'hon, Paris,<br />
Rapilly éditeur, 187G.